Un spectacle intense et bouleversant de Matei Visniec, sur la reconstruction psychologique de deux femmes confrontées à la violence de la guerre.
Quelque part en Allemagne, dans une clinique face au lac de Constance à la frontière helvétique. Dorra, jeune bosniaque victime d'un viol lors de la guerre des Balkans qui a vu l'éclatement de l'ex-Yougoslavie et Kate, psychologue américaine venue là pour soutenir les équipes qui ouvrent les charniers, affrontent chacune l'horreur.
Le sexe de la femme est le sillon que trace la violence masculine archaïque et que toute guerre réactualise. Au désarroi de Kate répond la colère de Dorra, victime d'un conflit inter-ethnique où résonnent encore les échos d'une ancienne partition Est-Ouest.
Inspiré du drame bosniaque, La Femme comme champ de bataille également intitulé Du sexe de la femme comme champ de bataille s'attache aux conséquences du viol comme stratégie militaire visant à anéantir l'ennemi, même s'il se trouve être son voisin. « Le viol de la femme par son ennemi ethnique a le goût de la victoire totale pour son adversaire », dixit Matéi Visniec. L'utilisation du viol comme arme de guerre perverse dans le conflit inter-ethnique de la dernière guerre balkanique cristallise une violence archaïque pérenne, elle est le visage universel de la barbarie. Mais la question que pose in fine Visniec dans ce drame est celle de la résilience de la femme violée autant que celle de l'empathie pour les victimes de la barbarie.
Inspiré du drame bosniaque, La Femme comme champ de bataille également intitulé Du sexe de la femme comme champ de bataille s’attache aux conséquences du viol comme stratégie militaire visant à anéantir l’ennemi, même s’il se trouve être son voisin.
“Le viol de la femme par son ennemi ethnique a le goût de la victoire totale pour son adversaire”, dixit Matéi Visniec. L’utilisation du viol comme arme de guerre pervers dans le conflit inter-ethnique de la dernière guerre balkanique cristallise une violence archaïque pérenne, elle est le visage universel de la barbarie.
Mais la question que pose infine Visniec dans ce drame est celle de la résilience de la femme violée autant que celle de l’empathie pour les victimes de la barbarie. Le drame concerne Dorra la Bosniaque violée autant que Kate, l’Américaine, témoin oculaire des charniers. Rien ne s’oppose dans le texte, me semblet-il à ce que Kate ne soit pas la psychologue désignée de Dorra mais qu’elle se trouve dans l’hôpital militaire pour soigner son propre trauma. Et précisément, ce trauma, l’Américaine le nie jusqu’à ce que Dorra la force à avouer qu’elle a craqué face à l’horreur à Srebrenica.
De même, les analyses psychanalytiques de Kate concernant la névrose phobique ou le nationalisme dépressif des peuples, toutes pré-enregistrées, suggèrent que le discours de la psychologue masque mal le trauma qu’elle subit elle-même. L’Américaine, littéralement anéantie par ce qu’elle a vu convoque le passé européen de sa famille pour ne pas perdre pied, la Bosniaque, lucide et forte, verbalise l’horreur, celle des nationalistes fous, celle des pères et celle des maris.
La barbarie fait vaciller les identités, voler en éclat les certitudes. L’enfant à venir est la pierre d’achoppement de ces identités volées. Kate le veut pour elle, pour conjurer l’horreur du ventre de Dorra qu’elle assimile à un charnier vivant, Dorra, manipulée par le personnel de l’hôpital, met au monde contre sa volonté cet enfant de la barbarie.
Le plateau se devait d’être vide à la fin, livré aux pierres. Les voix sont le moteur de l’action et le lieu même du drame. Le monologue fleuve sur les nations balkaniques qui se posent en victimes de l’Histoire, mélange d’atavisme de l’échec et de nationalisme exacerbé, amplifi e le drame de Dorra.
Face au mal absolu, la parole reste l’unique béquille de l’humanité blessée.
Bea Gerzsenyide
« Les deux comédiennes livrent un dialogue vibrant sur la tyrannie des hommes, le devoir de mémoire, l'instinct de survie, la résilience. (...) Cette pièce est un coup de poing, un cri de vérité qui ne vous laissera pas indemne. » Margaux Subra, la Provence
« Ce spectacle éprouvant et magnifique vient brutalement nous rappeler que l'humanité est la première victime de la guerre » David Simon, Théâtrorama
« On retrouve les thèmes chers à Visniec, lui qui dénonça les ravages des guerres. En donnant la parole à ces femmes, on est encore plus profondément touché par les meurtrissures physiques et psychologiques qu'on sait perdurer dans quasiment tous les conflits, sur tous les continents. C'est une pièce dont on ne ressort pas indemne. » Richard Rumiano, Avi City Local News
« Porté par deux comédiennes exceptionnelles (Cécile Durand et Dimitra Kontou), le dialogue entre l'Américaine Kate et la Bosniaque Dorra exhibe le cauchemar des Balkans, terre de passions et d'excès. » Anna Kohn, La Gazette du Théâtre
« Pour la metteuse en scène « face au mal absolu, la parole reste l'unique béquille de l'humanité blessée ». Il faut y ajouter le théâtre, les gestes, les voix, les jeux, les interprétations, qui montrent avec courage, sans emphase inutile, combien il est difficile, en toute circonstance, d'être dignement humain. » Jacques Moulins, Naja 21
« Si le texte est dur, il est aussi pudique et touchant, et les deux comédiennes le portent avec beaucoup de talent et de sincérité. On ne sort pas indemne d'une telle représentation, on en sort profondément éprouvé, mais ému. » Luisa Guibaud, La Provence
5, rue de Blainville Paris 75005 Paris