« Je rate tout, tout va de travers ; mais j’en inventerai tant qu’il y aura bien quelque chose qui réussira. Je suis une femme, cela veut tout dire. » La femme vindicative de Carlo Goldoni. (Acte III, scène 17)
L’histoire
Tourbillon
Un thriller vénitien
Tromper, mentir, dissimuler, se parjurer, séduire, cajoler, aguicher, duper, arnaquer, voler, frapper, menacer de mort : voilà tout ce dont est capable une femme humiliée qui cherche à se venger. Tous les moyens sont bons pour une femme vindicative…
Corallina, servante d’Ottavio, un vieillard veuf, colérique et libidineux, est éprise de Florindo et croit son amour payé de retour. En attendant l’heure de son mariage, elle a profité de la passion dévastatrice que son maître lui porte, et de sa crédulité, pour le voler afin de se constituer une dot. Mais Corallina découvre que les avances de Florindo n’étaient qu’une feinte destinée à s’introduire auprès de sa maîtresse et fille d’Ottavio : Rosaura.
Malheureuse, blessée, aigrie, Corallina n’aura, dès lors, de cesse d’employer tous les stratagèmes, les plus inventifs comme les plus vils, pour empêcher cette union.
C’est à un éblouissant tourbillon mené à un rythme effréné, auquel nous convie Goldoni dans cette œuvre. Les intrigues, les manipulations, les faux-semblants, les retournements de situations, s’enchaînent les uns après les autres sans nous laisser le moindre répit. Un suspense grandissant qui trouve son apogée dans un troisième acte délirant, rempli de péripéties dignes des meilleures pièces de Feydeau.
Une galerie de personnages hauts en couleurs : un atrabilaire obsédé par la chair, un coureur de jupons sans scrupule, un psychopathe toujours prêt à sortir son épée, des valets retors…
Et pour mener la danse… Un personnage comme le théâtre a rarement osé en présenter : une manipulatrice sans vergogne, une aventurière sans scrupules. Une femme dont on ne sait jamais si on doit la détester, chercher à l’excuser, ou simplement l’aimer pour son incroyable intelligence et son inébranlable volonté.
Action, rythme, humeur : voilà les maîtres mots, les trois axes directeurs qui doivent habiter notre travail. Des scènes courtes, pour la plupart très vivantes, qui doivent s’enchaîner sans temps morts. Du mouvement, de la folie, une danse incessante qui doit entraîner le spectateur toujours plus loin dans la démesure de ce « thriller » vénitien.
Sans chercher à expliquer, juger ou excuser des personnages aux personnalités exacerbées ; il faut, au contraire, les montrer tout entier dans leurs passions et leurs obsessions. Des personnages « hors normes », qui par ailleurs, ne sont pas sans nous rappeler ceux présents dans les films français des années trente ou quarante, et interprétés par des monstres sacrés comme Raimu, Simon, Harry Baur, Jouvet, Arletty…
Cette folle aventure se déroulera sur une journée, du petit matin jusque tard dans la nuit, et dans un lieu unique. La lumière jouera un rôle particulièrement important au cours du troisième acte qui se situe dans une pénombre propice aux quiproquos, et accompagnée par un ballet de chandeliers.
Nous resterons fidèles à l’époque, et grâce à la scénographie et aux costumes d’André Acquart, nous espérons restituer la magnificence de cette Italie du XVIIIème siècle.
14, Boulevard de Strasbourg 75010 Paris