La grande évasion

A la Cigale le 1er octobre 2018, spectacle filmé et précédé d'une 1ère partie.

• Un théâtre libérateur

Pour obtenir une remise de peine, trois détenus que tout oppose décident de jouer une scène de théâtre devant le ministre de la justice en visite à la prison. De répétitions foireuses en tentatives improbables, ils vont nouer une complicité joueuse et délirante. A défaut de scier les barreaux, les voilà partis pour une évasion artistique...

• D’où vient l'idée ?

Si la Remição pela Leitura sonne comme un plat exotique, elle donne surtout un goût de liberté. En 2012, le Brésil met en place un programme de rédemption par la lecture pour favoriser la réinsertion des détenus. Il prévoit une réduction de peine de 4 jours pour chaque livre lu avec une remise maximale de 48 jours par an. Les résultats encourageants de ce dispositif ont inspiré d’autres pays comme l’Italie et plus récemment la France.

En 2014, dans le cadre de la loi sur la réforme pénale, le gouvernement a repris à son compte une proposition de l’opposition encourageant cette remise de peine culturelle. La grande évasion prend la liberté de faire vivre cette loi, avant son entrée en vigueur.

Dans un contexte de tensions sociales, la lecture et le Théâtre sont des outils utiles pour briser les chaînes de l’exclusion. La France, pays des lumières, se doit de donner à tous cet accès à la culture, véritable facteur d’intégration. La grand évasion est porteuse de ce message.

• La rencontre

Ils sont de la même génération, ils partagent la même passion pour le jeu et la comédie, ils ont le même sens de l’autodérision, Booder, Paul Séré et Wahid Bouzidi sont trois artistes issus du one man show qui luttent contre les préjugés par le rire. Leurs parcours respectifs les prédestinaient, tôt ou tard, à se rencontrer.

Un jour alors qu’ils se croisent dans un festival d’humour à Grenoble, l’idée de jouer de leurs différences sur scène, s’impose comme une évidence. Animés par la même envie de s’éloigner de la forme du stand up qu’ils connaissent par cœur pour s’essayer au théâtre classique, ils décident de se lancer dans une écriture à 6 mains, mais quoi écrire ?

C’est après la découverte d’un documentaire qui recueillait le témoignage d’un grand criminel dans une prison de haute sécurité au Brésil devenu un lecteur assidu grâce au programme de ‘’Rédemption par la lecture’’ que Booder, Paul Séré et Wahid Bouzidi ont le déclic. Ils décident de s’inspirer de cette histoire et de transposer cette méthode dans le milieu carcéral français.

Un cadre où la lecture s’avère un acte de liberté nécessaire, une clé pour s’ouvrir sur l’extérieur.Un lieu clos dans lequel les trois pieds nickelés n’ont d’autres choix que de lire et jouer pour pouvoir s’évader physiquement… mais surtout et ils ne le savent pas encore, mentalement !

Très vite, les trois auteurs éprouvent le besoin de revisiter les grands classiques du Théâtre afin de mettre en avant leur modernité. Le choix se porte sur des pièces qu’ils ont eu l’occasion de découvrir plus jeunes lors de sorties scolaires. Déjà fascinés à l’époque par la force de ce langage, ils s’offrent aujourd’hui le cadeau de pouvoir jouer avec ces textes classiques, de les détourner, pour mieux leur rendre hommage et faire rire.

Une réécriture qui vise à toucher, et sensibiliser, un public peu accoutumé à l’expérience théâtrale. Pendant 1h15, avec humour et fantaisie, ils font se côtoyer Molière, Shakespeare, Corneille Lacrim, Booba... Ils jouent, se clashent, se découvrent, se prennent au jeu et finissent par gagner leur liberté, en faisant exploser les barreaux de leur prison mentale !