Après son premier échec parisien, Molière part pour la province où il restera de 1646 à 1658. Pendant ce temps, outre le répertoire tragique, il jouera avec sa troupe un certain nombre de farces, genre alors tout à fait oublié à Paris.
Bien que leurs authenticités aient été contestées, on s'accorde à penser aujourd'hui qu'elles doivent être attribuées à Molière. Il n'est pas sûr que le texte conservé soit exactement celui de la représentation.
" La Jalousie du Barbouillé " est tirée d'un conte de Boccace, "Le Jaloux corrigé", sans doute par l'intermédiaire d'un canevas italien. Les personnages comme dans toute farce, française ou italienne, sont stéréotypés. On retrouve là les personnages classiques de la Commedia dellArte (Le Docteur, Pantalone, etc).
Le Barbouillé, c'est à dire le fariné, est jaloux et cocufié par sa femme coquine et sensuelle : Angélique. Dans cette querelle conjugale viennent se mêler : le Docteur philosophe, pédant ridicule tout farci de latin ; Gorgibus, vieillard acariâtre et cupide et Cathau, soubrette maligne et rusée.
"La Jalousie du Barbouillé", créée en province, fut encore jouée sept fois après le retour de Molière à Paris, de 1660 à 1664. Cela atteste bien du fait que Molière resta longtemps attaché à ces petites farces, qui furent une sorte de révélation pour le public parisien. Ses ennemis même l'appelaient "le premier farceur de France". On trouve dailleurs de nombreuses réminiscences des farces dans "Le Dépit amoureux", "Le Mariage Forcé" et surtout dans "George Dandin" qui sattache au même sujet tout en ajoutant une étude de caractère au comique naïf de la farce.
Théâtre paysan, "La Jalousie du Barbouillé" est, pour reprendre Molière :
" Une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens " Molière.
53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris