Inquiétant, cauchemardesque et finalement très drôle
Imaginons un village…
Le mot de l’auteur
Imaginons que des intrus débarquent chez vous. Imaginons qu’ils vous somment de trahir votre meilleur ami. Comment réagiriez-vous ?
Imaginons maintenant que vos voisins s’en mêlent, que la rumeur se déchaîne contre l’ami en question, à tel point que vous ne distinguiez plus le vrai du faux, le bon du mauvais, l’innocent du coupable. Comment réagiriez-vous, dites ? Trahiriez-vous votre ami ?
Ecrit en dix séquences, ou plutôt en dix hypothèses, le texte d’Olivier Chiacchiari, concis et rapide, embarque 5 personnages dans une histoire à la fois absurde et tellement réaliste.
Une histoire dans laquelle le héros se débat pour que la raison l’emporte sur la preuve du contraire, une histoire dans laquelle l’art du soupçon se développe petit à petit.
Alors, « trahiriez-vous votre ami ? »
Imaginons un village. Imaginons un village paisible, semblable à n’importe quel village paisible, composé d’une trentaine de maisons. Situons ce village n’importe où, dans une région plutôt florissante, au sein d’une démocratie commerciale ordinaire.
Imaginons maintenant la maison qui se trouve à l’entrée de ce village. La première maison, située un peu à l’écart mais pas trop. Une villa confortable, semblable à n’importe quelle villa confortable qui compose ce village. A l’intérieur de cette villa confortable, imaginons un personnage serein que nous baptiserons : le sujet.
Le Sujet est chez lui, calme, serein et tranquille. Il se repose d’une journée habituelle en vue d’assurer la journée habituelle du lendemain. A priori, rien ne prédestine ce personnage à être impliqué dans un quelconque problème, et pourtant, il nous faut émettre une première hypothèse : nous sommes à l’entrée du village, chez notre Sujet, il est vingt heures précises, tout sommeille déjà, encore, toujours, lorsqu’on frappe à sa porte…
Par la Compagnie de l’Œil Nu.
Certains prétendent écrire comme ils veulent. Moi j’écris comme je vois. Et ce que je vois est une farce. Au quotidien. Une farce énorme, grossière, caricaturale : de faux-semblants en contradictions, de tricheries en civilités, de parjures en renonciations, nous cheminons masqués, les uns parmi les autres, comme autant de pantins amnésiques. La façade se cultive, l’indolence gagne, l’imposture se banalise, le cynisme s’érige en religion…
Nous sommes passés maîtres dans l’art du ridicule. Dès lors, quelle crédibilité accorder à nos actions ? Comment les considérer avec sérieux ? Vous, moi, tous acteurs et complices de cette formidable farce. Farce dont chacun de nous, un jour ou l’autre, sera le dindon.
Olivier Chiacchiari
Avenue du Chanoine Jules Chevalier 26100 Romans sur Isère