Et si le vrai était le mensonge et l’illusoire la certitude, le fatras d’une vie ne serait rien de plus qu’un mauvais rêve. Mais l’illusion et la réalité de La vie est un rêve doivent composer avec les planètes, l’honneur, les passions et le pouvoir dans un drame où prennent corps les grandes questions politiques et philosophiques.
Les astres sont formels, le fils du roi est un tyran potentiel de nature maléfique. Pour empêcher la tragédie, le monarque le déclare mort-né puis le laisse croupir dans une tour. À l’heure de sa succession, il décide de vérifier la prédiction et l’assoie sur le trône à titre probatoire.
Roi d’un jour, il se réveille au palais déchaîné de violences. Renvoyé à la captivité, Sigismond est convaincu d’avoir rêvé la couronne désormais promise à ses cousins mais les intrigues s’entremêlent et une révolte le propulse à nouveau au pouvoir. Héros du chef-d’œuvre de Calderón, il devient alors le symbole de la condition humaine.
Jacques Vincey, passé maître incontesté dans l’art de mettre en scène l’enfermement et l’imaginaire avec Les Bonnes et Madame de Sade, grimpe avec aisance ce sommet de la dramaturgie espagnole baroque.
« La Vie est un rêve est une pièce écrite, très littéralement, sous le signe du monstre. C’est en effet sur l’évocation d’un « hippogriffe violent », hybride fantastique de cheval et de rapace, que s’ouvre la pièce de Calderón. Dès lors, le dramaturge espagnol n’aura de cesse de décliner, tout au long de la pièce, les figures fascinantes de la monstruosité, que ce soit dans les personnages, mi-hommes mi-femmes, mi-anges mi-bêtes, ou dans l’intrigue sinueuse où se mêlent comédie, tragédie, drame politique et allégorie sacrée.
Mais cette monstruosité, loin d’apparaître comme une matrice stérile proliférant ad nauseam, se présente au contraire comme le principe antagoniste grâce auquel, en creux, la lumière s’efforce de percer : un ennemi redoutable qui donne tout son prix à la victoire (temporaire ?) de la lumière sur les ténèbres.
Ce qui s’impose à première vue dans cette pièce emblématique du Siècle d’Or espagnol, c’est en effet une matière organique confuse, foisonnante, déjà manifeste dans une langue d’une richesse superlative. Ce verbe haut en couleurs annonce déjà des personnages tiraillés entre des passions contradictoires, amour ou honneur, raison ou passion, formidable partition pour les comédiens. Mais sous la profusion d’ornements point aussi une ligne claire qui conduit les protagonistes du drame, au fil des trois journées qui composent la pièce, d’un chaos cauchemardesque à un ordre qui possède la trouble beauté et la fragilité des rêves. »
Jacques Vincey
« Jacques Vincey met en scène avec maestria l'œuvre de Calderon de la Barca. » Le Monde
« Réflexion sur les lendemains révolutionnaires qui déchantent, La Vie est un rêve s'avère un conte cruel sous le regard politique de Jacques Vincey ». Les Inrockuptibles
« Jacques Vincey est le maître de ce rêve que les spectateurs suivent les yeux grands ouverts. » Webthea
Place Jacques Brel 78505 Sartrouville