La vie est un songe

" Enseignant auprès de jeunes acteurs ou d'élèves au lycée, j'ai beaucoup travaillé et donné comme exemple incontournable "La vie est un songe". Dans cette pièce, en effet, cohabitent la superstition et la raison, le dogme et le doute; cohabitent aussi le théâtre et la fiction, dont le grand manipulateur dans ce Théâtre du Monde est Dieu et à défaut le roi Basyle.

Enchaînés (visuellement par un carcan au cou) dans les certitudes de leur dogme, les personnages s'opposent tous au doute de Sigismond.

Sigismond, le seul homme de la pièce, adepte de Coppernic, le seul à chercher dans le doute, sa vérité. "

Andonis Vouyoucas

L’histoire

Le prince héritier de Pologne, Sigismond, qui à sa naissance cause la mort de sa mère, est enfermé secrètement et enchaîné dans une tour par son père le roi Basyle, savant et astrologue, qui craint l'horoscope funeste qui pèse sur son fils s'il accède au trône.

Condamné d'avance sans appel, Sigismond est l'image de la misère humaine : borné dans sa nature, infini dans ses voeux, l'homme est un Dieu tombé qui se souvient des cieux…

Rosalba, déguisée en homme, escortée de son valet Clairon, arrivant de Moscovie pour venger un mystérieux affront, découvre Sigismond dans sa tour tandis que son geôlier et précepteur Clothalde découvre en "elle" un fils abandonné.

A la cour, le roi, qui veut abdiquer, pressent ses neveux, Astolphe et Etoile, pour lui succéder au trône mais, révélant à la cour l'existence de son fils caché, il veut tenter une expérience : drogué, Sigismond viendra au palais, régnera un jour et, s'il dépasse son destin, s'il vainc "ses mauvais instincts", gardera la couronne, sinon, il retournera en prison à jamais... B. Pelegrin

" C’est donc au coeur palpitant des polémiques sur libre arbitre,

prédestination et mise en question de l’astrologie (au sens moderne) que Calderon écrit sa pièce parue en 1635. Son génie est de faire de philosophie, théologie, science, pur théâtre, pure poésie, et tragédie humaine universelle. Celle d’un homme révolté contre un Dieu arbitraire, silencieux ou absent à jamais; celle d’un savant apprenti sorcier imprudent et incapable de détourner les cataclysmes de la nature humaine qu’il a lui même provoqués,

entraînant une apocalypse des quatre éléments; celle éternelle du Fils opprimé par le Père terrible, patriarche écrasant, implacable tyran."

B. Pelegrin