La Voix humaine est une tragédie lyrique en un acte, un monologue bouleversant pour soprano et orchestre ou piano, écrit par Jean Cocteau en 1930. Berthe Bovy créa la pièce la même année à la Comédie-Française. Cette oeuvre inclassable, suscite des réactions controversées et de vives polémiques. Francis Poulenc en composa la musique en 1958 et la première fut donnée le 6 février 1959 par Denise Duval pour qui le rôle de soprano avait été écrit. Ce fut donc à la salle Favart à Paris, dirigée par Georges Prêtre que le public put découvrir l’oeuvre.
Seule, dans une chambre à coucher en désordre, une femme jeune et belle, téléphone à son amant qui lui annonce leur rupture et son intention d’en épouser une autre. Dévastée par le chagrin, au comble d’une souffrance intolérable, cette femme s’accroche au téléphone régulièrement coupé par des interférences extérieures. Dans un face à face terrifiant avec l’absence, elle fait du téléphone à la fois un lien et une « arme effrayante ».
Cette pièce splendide et « monstrueuse », selon les termes du compositeur, est rarement jouée. La qualité de l’oeuvre requiert de l’interprète à la fois une grande amplitude vocale qui exprime le lyrisme et la sensualité de la musique de Poulenc, mais aussi des qualités d’actrice pour jouer le tourment amoureux où se mêlent passion, mensonge, renoncement et désespoir.
La Voix humaine est précédée de La Dame de Monte Carlo, monologue lyrique sur un texte de Jean Cocteau. Autre destin de femme poignant : elle perd sa fortune au jeu avant de se suicider en se noyant dans la Méditerranée.
La Dame de Monte-Carlo fut créée à Monte-Carlo en novembre 1961, puis à Paris au Théâtre des Champs-Élysées le 5 décembre 1961 par Denise Duval (dédicataire de l’oeuvre) et l’Orchestre de l’O.R.T.F. sous la direction de Georges Prêtre.
« La Voix humaine est née d’une plaisanterie. J’étais à Milan pour les représentations des Dialogues des Carmélites et un certain soir, Madame Callas chantait avec Del Monaco. Et il était beaucoup question d’un petit scandale : à la fin du dernier acte, Madame Callas avait poussé Monsieur Del Monaco dans la coulisse pour saluer seule. Alors à ce moment-là, mon éditeur et ami Hervé Dugardin, directeur des éditions Ricordi à Paris, m’a dit : tu devrais faire quelque chose pour Callas toute seule ; elle saluerait comme ça à son aise. Pourquoi ne lui fais-tu pas La Voix humaine ? J’ai fait La Voix humaine, mais bien décidé à ne pas le donner à Madame Callas ».
Francis Poulenc.
Évidemment, l’affection fraternelle liant Francis Poulenc et Denise Duval aura raison de Maria Callas. Cette oeuvre – qu’ils aiment interpréter tous les deux dans la version voix / piano, en privé – scelle pour toujours leur amitié. Égérie du compositeur et créatrice de La Voix Humaine, Denise Duval s’est éteinte le 25 janvier 2016, à l’âge de 94 ans.
« J’apprends que vous allez interpréter les deux ouvrages de mon Poupoule. Je suis certaine que vous allez obtenir un triomphe. Sachez Caroline que je vous admire pour votre immense talent. Vous avez la beauté, une immense technique vocale, et connaissant Poulenc comme je le connais, il serait fou de joie de vous avoir comme interprète. »
Denise Duval à Caroline Casadesus, octobre 2015
« Caroline Casadesus, sensible et vocalement brillante. » La Voix du Nord
« Public conquis. Un coup de neuf à cette œuvre rare. Chapeau ! » Le Télégramme
« Interprété avec un immense talent […] Caroline Casadesus est exceptionnelle. » Ouest France
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