De la démesure et du merveilleux dans la pièce de Corneille
Une pièce d'exception
Les libertés
Le texte... un long poème, le charme de la musique, une impression d'opéra.
La tragi-comédie... pour l'espace de liberté qu'elle offre, les situations à rebondissements, les surprises, les complots, l'humour, le suspense... Une " tragédie " où le romanesque, la passion et la mort dominent, mais où la fatalité est heureuse, et l'homme capable de changer le cours des choses...
L’amour à l’honneur ! Haute est l’exigence de soi-même, et de l’autre. Il faut être digne d’être aimé. Il n'est d'ailleurs jamais question d'opposer « amour » et « honneur ». Les deux sont liés : préserver l'honneur signifie avoir le droit d'aimer et d'être aimé et, sans honneur, il n'y a plus d'amour possible. Cet honneur n'est jamais acquis. Il est sans cesse remis en question et requiert du courage. C'est aussi cela que consacre le Roi : " J'aime, donc je meurs " devient à la toute fin " J'aime, donc je vie ".
Bénédicte Budan
Représentations surtitrées en français pour les publics sourds et malentendants les mercredi 20 mai et vendredi 22 mai
Dans Le Cid, Corneille adapte les règles de son époque à sa convenance. il mêle le goût du sublime et l'exubérance du baroque à la tension et la régularité propres à la tragédie. Ainsi, nombreux sont les arguments qui empêchent de classer la pièce dans un genre bien défini. Ce fut l'objet de la fameuse " Querelle du Cid " : sans être une tragédie au sens où la définirent les " classiques ", l'oeuvre dépasse néanmoins le " cadre " de la tragi-comédie. Le conflit s'intériorise. Le bonheur des protagonistes n'est pas seulement entravé par des événements extérieurs, mais par leur propre volonté. Ce conflit plus intérieur rend les enjeux plus forts, les personnages plus humains et plus attachants, et le suspense plus grand !
Celles tout d'abord qu'a prises Corneille avec les règles de la dramaturgie classique : " refusant d'être leur esclave, il insiste sur leur relativité [...] Nées du moment et pour le moment, les règles doivent être respectées dans la seule mesure où elles contribuent à la beauté " (C. Eugène). " Je les élargis et resserre selon le besoin qu'en a mon sujet " (P. Corneille)
Quant au sujet de l'histoire, la liberté en est l'enjeu principal. Celle-ci passe par la reconnaissance de l'héritage des pères par les enfants. Ce qui nous a été légué, que nous n'avons pas cherché ou voulu. Ce avec quoi il faut rompre ou ce qu'il faut accepter, après l'avoir reconnu, pour construire notre avenir.
Celles par conséquent que l'auteur nous invite à prendre, dans le plaisir... et le présent !
Tout homme est l'héritier d'un autre, tout époque d'une autre. Il s'agit de faire avec. Mais comment ? Et en faire quoi ?
Monter Le Cid aujourd'hui, c'est placer au centre l'enjeu de la modernité, c'est, comme Chimène ou Rodrigue, faire une révérence au passé (aux lois, aux pères) et tendre la main à l'avenir...
Bénédice Budan
106, rue Brancion 75015 Paris