Le Cid occupe une place à part dans l’imaginaire collectif. Aucun collégien n’ignore le " Ô rage, ô désespoir " de Don Diègue tandis que les amateurs de théâtre restent marqués par le " Nous partîmes cinq cents " de Gérard Philipe.
La pièce déclencha dès sa création passion et scandale, et fut à l’origine d’une des plus grandes querelles de l’histoire littéraire. On lui reprochait surtout l’attitude de Chimène, restée amoureuse du meurtrier de son père. Invitée à se prononcer, l’Académie jugea que le poète eût dû préférer à la vérité historique, un comportement plus vraisemblable et conforme à la dignité.
Jeunes, beaux, généreux, les amants de Corneille ont tout pour susciter l’amour du public. Corneille y réalise pour la première fois la dialectique héroïque qui sera la marque de son tragique. Le destin n’a pas le caractère tout puissant, fatal, obscur qu’il prendra dans les œuvres de Racine. Le dilemme amour-devoir et son dépassement naissent en effet davantage du degré d’exigence du héros que de la fatalité. C’est en cela que le théâtre de Corneille est celui de la grandeur de l’homme telle que le XVIIème siècle l’inventa ou la révéla.
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