Présentation
Note dintention de Daniel
Mesguish
La presse
Ce qu'ils en pensent
En Allemagne, au début de la Réforme luthérienne, Goetz, capitaine mercenaire et bâtard, uvre à faire le mal avec la foi dun Saint. Alors quil sapprête à détruire la ville de Worms quil assiège au nom de lArchevêque, un prêtre parie sur son incapacité à être bon. Goetz relève le défi et semploiera désormais à commettre le bien avec la rage dun homme de guerre Daniel Mesguish parvient à retranscrire avec chaleur lincroyable énergie sartrienne, sans exploit de mise en scène. Il prend chez Sartre ce quil y a de plus épique et traite le sujet avec un bel entrain et beaucoup de plaisir. Grâce à un découpage nerveux, un rythme soutenu, de lhumour et une troupe de jeunes comédiens remarquables, il éclaire la pièce de façon étonnante. Il séduira même les plus jeunes qui auraient pu voir en Sartre un écrivain daté ! Une adaptation magnifiquement réussie.
Avant davoir lu philosophes et écrivains français moins éloignés de nous dans
le temps, jai dû à ma mère davoir été fasciné par Gide, et Camus. Mais
jai découvert Sartre tout seul : il y avait quelques bouquinistes en face du Lycée
que je fréquentais à Marseille, le lycée Thiers, et les livres de poche doccasion
ne coûtaient, à lépoque, quun franc. Un franc La Nausée, un franc Le Mur
(deux francs, Lâge de raison, cétait un volume double) !
Je me souviens davoir été, pendant mon adolescence, furieusement sartrien. Mais je
lai été « en décalé », je ne fréquentais que des gens, plus âgés que moi
dune dizaine dannées, qui ne létaient plus. Qui disaient ne plus
lêtre. Et si les gauchistes marseillais des années soixante, mes amis
dalors, souvent se moquaient de ce quils appelaient mon sartrisme ce
qui signifiait pour eux à peu près idéalisme petit bourgeois à peine déguisé en
marxisme peu importait, javançais.
Je me souviens, je marchais dans les rues pendant des heures en parlant avec Jean-Paul
Sartre. Oui, nous discutions de tout, lors de ces balades obsessionnelles et formatrices,
des concepts quil avait forgés et des autres, de lEtre et du marxisme, de
Freud et de la Conscience, et même de la méthode progression-régressive.
Je navais pas lu, à cette époque, Hegel, ni Heidegger, et je ne disposais certes
pas dassez doutils ni de force pour méchapper, et surplomber les
grilles de pensée que Sartre avait élaborées, mais je puis dire que sans lui jamais je
ne me serais éloigné de la vie intellectuellement paresseuse et politiquement convenue
que je connaissais à quinze ans, et que jamais sans lui je ne me serais avancé par la
suite vers les textes de Deleuze, ou ceux de Derrida. Oui, Sartre ma formé. Un
Sartre invisible aux autres, inaudible à quiconque nétait pas moi, celui qui fut
mon compagnon de route à moi lors de mes adolescentes déambulations marseillaises, a
été mon professeur et mon ami, et mon père en pensée - et en littérature.
Et aujourdhui que je connais bien plus duvres et décrivains, des
philosophes plus importants peut-être, plus rigoureux sans doute, des écrivains plus
audacieux, aujourdhui encore, jaime Sartre. Jaime lhomme, et
jaime ce quil écrivait, ce quil disait. Je laime autrement,
voilà tout. Et je sais encore des pages de La Nausée par cur.
Pendant un long temps, cest vrai, je lavais presque oublié, et je me trouvais
même naïf de lavoir tant suivi. Cest que je découvrais le théâtre
et son théâtre, que je navais fait que lire dans des livres comme autant de
dialogues pour réfléchir, me paraissait, en tant que théâtre, précisément, faible,
univoque, conventionnel.
Dintelligentes dramatiques de télé sans plus. Ses romans me paraissaient
laborieux, convenus, truffés de tics. Et, sa philosophie javais goûté
entre temps, à ce quil est convenu dappeler les sciences humaines, et au
structuralisme, à la sémiologie, à la psychanalyse, à la déconstruction
empruntée. Et engluée dans une pensée, disons plus journalistique que philosophique, et
bien encombrante.
Mais je continuais à laimer en secret, et à prendre sa défense si je le voyais
attaqué. Au fond, je narrivais pas à être tout à fait ingrat. Et puis je
lai relu. Je lai relu à la lumière, précisément, du temps qui avait
passé, et de ma presquinfidélité. Et de nouveau mais autrement, donc
jai aimé cette écriture. Autrement : cest que lui aussi son
uvre avait changé. Il était, entre temps, devenu un classique. « Sartre ?
oh cest daté ! » disent les paresseux, ceux souvent qui ny sont pas même
allé voir.
Eh bien oui, cest daté. Mais cest là peut-être la chance de cette
littérature. Marivaux aussi, cest daté. Et Racine, et Hugo. Lan 2000
nest pas le temps de Sartre, et voilà pourquoi nous pouvons mieux le lire. Toute
intentionnalité, réelle ou présumée, de lauteur a fondu à lépreuve du
temps, et ce quil reste, cest une écriture précise et flamboyante. La
Nausée nest plus, plus seulement, un manifeste romancé de lexistentialisme ;
et le Diable et le bon Dieu nest plus seul questionnement dune morale
existentielle, mais
du théâtre, cest à dire un texte ouvert à tous les
présents à venir. Et Goetz, comme Richard III, comme Hamlet, va enfin vivre autrement
que comme une marionnette à idées daprès-guerre.
Je ne suis pas en train de dire pourtant que les uvres littéraires de Sartre
doivent être déconnectées de sa pensée politique ou philosophique. (Je ne suis pas de
ceux qui disent que Brecht est un grand écrivain quand on le débarrasse de son marxisme
cest à dire du brechtisme). Je dis seulement quen donnant aux fictions
de Sartre leur chance de pures fictions, en les prenant au sérieux en tant
quécriture, on se donne la possibilité déchapper à la simple illustration
dune pensée et lon se donne, par conséquent, les moyens de revenir à
la pensée. Y a-t-il moins de pensée chez lécrivain Shakespeare que chez le
philosophe Spinoza ? Je voudrais monter Le Diable et Le Bon Dieu comme si il avait été
écrit par un Cervantes ou un Shakespeare français dans les années cinquante en France.
Cela me semble la seule chance dy entendre aussi Jean-Paul Sartre.
Daniel Mesguich - Juillet 2000
« La version que Mesguish donne du Diable et le Bon Dieu est des plus convaincantes. Du rythme. Une langue dont on entend parfaitement le brio des dialogues ciselés dans le meilleur métal. Des comédiens qui montrent un plaisir de jouer. » La Tribune janvier 2001
« Le Diable et le Bon Dieu est un très bon moment de théâtre. Même les adolescents sortent avec le sourire. Du rythme, de la fièvre et des moments comiques. Sartre voulait toucher par son théâtre le plus grand nombre. Mesguish la entendu et Sartre peut lui dire merci. » France Inter janvier 2001
« Dun texte au long cours de philo, que tout le monde disait rasoir, style thèse-antithèse-foutaises, Daniel Mesguish a fait un philo-rock flamboyant, une BD grandiose : de lexistentialisme frénétique.Aujourdhui, on se marre, on est déconcerté, ébloui par le torrent que charrie celui que Boris Vian appelait Jean Sol Partre. Le texte de Sartre fuse et pétille dans des décors qui séclatent ». Le Canard Enchainé janvier 2001
« une imagination, une poésie, un onirisme, superbes et tout à fait neufs. ( ) vous ouvrez une page de Sartre, vous êtes à linstant empoigné par la lumière, la justesse et la vie intense de ce quil énonce, et de la pensée à la parole surgit un élan, élan violent, physique, qui projette vers lavant mais sans férule, plutôt par la chaleur dune générosité. Cest exactement ce que lancien petit dévoreur marseillais de Sartre en livres de poche a tenu à faire vivre aujourdhui, cest le cur quil a tenu à faire battre, sans surcharge de décoration, sans exploits de mise en scène, par la seule conduite, simple, vraie, des acteurs. En seffaçant, il réussit. La pièce éclate de vie. » Le Monde janvier 2001
« Il y a un style Mesguish, immédiatement reconnaissable. Un art des lumières, des mouvements, des passages, une couleur particulière du spectacle qui saisit. Pas de décor ou si peu. ( ) Christophe Maltot est un Goetz très convaincant, maître de son jeu, mobile, inquiétant et vulnérable à la fois. Le Nasty de William Mesguish est parfaitement tenu Il y a en tout cela une allégresse qui ninterdit jamais la réflexion ni lémotion, mais rend au plus près ce quil y a de malicieux et de provocateur par delà le discours, en Sartre. » Armelle Héliot - Le Quotidien du Medecin janvier 2001
" J’ai voulu montrer que mon héros Goetz, qui est un genre de franc-tireur et d’anarchiste du mal, ne détruit rien quand il croit beaucoup détruire. Il détruit des vies humaines mais ni la société, ni les assises sociales, et tout ce qu’il fait finit par profiter au prince, ce qui l’agace profondément. " Jean-Paul Sartre"
L’an 2000 n’est pas le temps de Sartre, et voilà pourquoi nous pouvons mieux le lire... Je voudrais monter Le Diable et le Bon Dieu comme si il avait été écrit par un Cervantès ou un Shakespeare français dans les années cinquante en France. " Daniel Mesguich
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