Une machine folle
Notes de mise en scène
La presse
Le malade imaginaire, uvre ultime de Molière, laisse une étrange impression ; c'est une antichambre de la mort et l'humour parvient à peine à conjurer l'horreur. Poussant l'étrangeté à son paroxysme. Philippe Adrien a choisi de distribuer certains rôles à des acteurs handicapés : Argan et Béline, aveugles ; Toinette, sourde Par la mise en jeu de ces différences, il parie sur une lecture féconde de l'uvre.La mise en scène ne s'attache pas au seul déroulement de la fable, mais tend à restituer l'intérieur, l'imaginaire d'Argan. On n'aura jamais vu Molière comme ça dans un espace de trappes, portes battantes, tuyauteries, toboggans et pièges
Le Malade imaginaire, œuvre ultime de Molière, m’a toujours fait l’étrange impression d’une antichambre de la mort où l’humour parvient à peine à conjurer l’horreur. Lorsque Bruno Netter, acteur non voyant, m’a proposé de monter cette pièce avec d’autres comédiens handicapés, ayant mis de côté l’aspect militant, je me suis attaché au pouvoir théâtral de la « différence », dont il m’a semblé que nous pouvions tirer parti et atteindre ainsi un paroxysme d’étrangeté. Le couple Argan et Béline, non-voyants, aveugles à leurs sentiments et à ce qui les entoure ; Toinette, sourde ; Diafoirus, figure de père écrasante face à un Thomas chancelant et fragile ; l’apothicaire et le notaire joués par un acteur de petite taille, cette distribution nous projette précisément dans la dimension imaginaire…Cette nouvelle présentation comporte un double enjeu. Éthique tout d’abord : par-delà le seul respect, nous voulons aujourd’hui qu’il y ait place pour tous dans un monde plus humain. Aussi nous a-t-il semblé juste et nécessaire que des acteurs frappés d’un handicap et d’autres non soient impliqués ensemble dans une pièce classique, l’homogénéité de la représentation s’en trouverait-elle à première vue bousculée. L’autre enjeu est esthétique : en mettant à nu les différences, en les combinant entre elles dans la mécanique d’une scène-machine, nous parions pour une lecture féconde et inédite de l’œuvre. La mise en scène ne s’attache pas au seul déroulement de la fable, mais tend à restituer l’intérieur, l’imaginaire d’Argan. La représentation qui se donne dans son esprit suscite une théâtralité singulière… une autre beauté.
Philippe Adrien
Ouiza Ouyed répète actuellement à la Tempête Le malade imaginaire, dirigé par Philippe Adrien. Elle est Béline, la seconde femme d’Argan qu’interprète Bruno Netter, autre acteur non voyant, aux côtés d’une distribution composée de comédiens “ordinaires” et de comédiens “différents”. “Si l’aventure est particulière, ce n’est pas un spectacle d’éclopés ; je ne suis pas une militante du handicap, assure Ouiza. On joue avec ce que l’on est, transformé par l’imaginaire de Philippe, par sa vision de cette pièce cruelle. Et il ne nous fait aucune concession.” Ruth Valentini, Le Nouvel Observateur
" …Avec un Argan non-voyant, une Toinette malentendante, un notaire de petite taille, Le Malade Imaginaire explose au visage du spectacteur comme une farce cruelle, burlesque et effrayante qui pointe le délire d'Argan dans ce qu'il y a de plus sombre… " Télérama, Rosita Boisseau, 24 octobre 2001.
“ La grande réussite d’Adrien est de ne pas faire du handicap une curiosité ou un motif de compassion, mais un élément de sa mise en scène ” Libération
“ Une force terrible et percutante ” La Croix
“ Surprenant, un peu fou, très comique” L’Express
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