Le Misanthrope

Magnifique mise en scène du chef d'oeuvre de Molière par Michel Fau. Une comédie noire et baroque, avec les excellents Julie Depardieu, Édith Scob, Michel Fau et Jean-Paul Muel
Michel Fau met magnifiquement en scène l'ambiguïté fascinante de l'humain, dans cette oeuvre où Molière nous raconte que les codes de la société ne sont qu'artifices. Une comédie noire et baroque, avec les excellents Julie Depardieu, Édith Scob, Michel Fau et Jean-Paul Muel. Dernière le 3 mai.

Les contradictions du genre humain
La presse en parle
« Un chef-d'œuvre inimitable »
Le Misanthrope ou l’atrabilaire amoureux
Humeur noire et de chagrin profond

  • Les contradictions du genre humain

Alceste aime Célimène, une jeune femme éprise de liberté, conduite, à la suite de son récent veuvage, à prendre les rênes de son salon. Hanté par un procès dont il redoute l’issue, Alceste se rend chez elle, accompagné de son ami Philinte auquel il reproche ses complaisances vis-à-vis de la société. Il souhaite que sa maîtresse se déclare publiquement en sa faveur.

Mais c’est sans compter l’arrivée impromptue d’un gentilhomme poète faiseur de vers de mirliton, de deux marquis intronisés à la Cour, d’Éliante, la cousine de Célimène, qui a emménagé au-dessus de chez elle, et d’Arsinoé qui vient la mettre en garde contre des rumeurs circulant à son propos.

Le Misanthrope donne à voir une société libérée de l’emprise parentale et religieuse, dont le vernis social s’écaille lorsque surgit le désir. Poussés à bout par la radicalité d’Alceste, prêt à s’extraire de toute forme de mondanité, les personnages dévoilent, le temps d’une journée, les contradictions du genre humain soumis à un cœur que la raison ne connaît point.

  • La presse en parle

« Un grand spectacle qui traduit un travail profond de chacun et n'étouffe jamais le rire. » Armelle Heliot, Le Figaro, 6 février 2014

« Ce diable de Fau a l'art de nous faire perdre tous nos repères avec son théâtre de l'excès. » Philippe Chevilley, Les Echos, 6 février 2014

  • « Un chef-d'œuvre inimitable »

Le Misanthrope est une œuvre en cinq actes longuement mûrie. Commencée en 1664 pendant l’affaire Tartuffe, elle est présentée en 1666 sur la scène du Palais-Royal avec Molière dans le rôle de « l’homme aux rubans verts ».

La pièce déconcerte un temps le parterre rompu à la farce française et à la commedia dell’arte. Mais la comédie en vers est aussitôt portée aux nues par la critique qui y voit « un chef-d’œuvre inimitable », selon Subligny, faisant «  continuellement rire dans l’âme », d’après Donneau de Visé.

Si Le Misanthrope reste une comédie singulière dans l’œuvre de Molière, c’est qu’elle allie le naturel à la vérité pour dresser le portrait d’un salon tiraillé entre une société de ville et une société de cour soumise au pouvoir monarchique.

  • Le Misanthrope ou l’atrabilaire amoureux

Comédie en cinq actes et en vers, représentée pour la première fois à Paris par la Troupe du Roi le 4 juin 1666 au théâtre du Palais-Royal. Jouée trois semaines de suite, la pièce qui avait demandé deux années de travail, ne fit que des recettes moyennes. En revanche, les « gens de qualité » et la critique la portèrent aux nues.

Alceste entre irrité dans le salon de Célimène, une jeune coquette dont il est amoureux, en compagnie de son ami Philinte, auquel il reproche d’avoir prodigué des marques d’amitié excessives à un inconnu. Celui-ci invoque les usages mondains, mais Alceste, loin de se montrer indulgent, s’emporte contre l’hypocrisie de l’humanité en général. Oronte, un faiseur de sonnet, arrive alors, adresse à Alceste des protestations d’amitié et insiste pour lui lire quelques vers de sa main. Alors que Philinte se répand en éloges, Alceste finit par reconnaître que le sonnet est bon « à mettre au cabinet ». Oronte réagit, le ton monte et la querelle éclate. Alceste fait grief à Célimène de la complaisance qu’elle témoigne à ses soupirants et s’apprête à la mettre au pied du mur, quand arrivent les marquis, Acaste et Clitandre, ainsi que Philinte et Éliante, une cousine de l’héroïne. Célimène brosse avec esprit, mais non sans médisance, selon l’usage mondain, quelques portraits d’amis absents, ce qui met Alceste, jusque là silencieux, en fureur. Célimène réagit cruellement, mais, heureusement, l’échange est interrompu par l’arrivée d’un garde : Alceste est convoqué devant le tribunal des maréchaux pour l’affaire du sonnet.

Les deux marquis, restés seuls, font assaut de suffisance et de fatuité, puis se retirent à l’arrivée d’Arsinoé, une fausse prude, qui rapporte perfidement à Célimène quelques rumeurs relatives à sa conduite. Celle-ci répond sur le même ton de politesse hypocrite. Décidée à se venger, Arsinoé tente en vain de séduire Alceste, puis promet de lui fournir des preuves de l’inconstance de sa bien aimée. Philinte s’entretient avec Éliante de la passion malheureuse d’Alceste pour Célimène. Le héros entre, furieux, tenant à la main une lettre qui prouve la duplicité de la coquette. Dès que celle-ci arrive, il la presse maladroitement de se justifier, mais elle retourne magistralement la situation au point qu’il finit par implorer son pardon. Enfin, ayant perdu son procès, le misanthrope veut quitter la société des hommes. Il presse, tout comme Oronte, Célimène de déclarer publiquement ses sentiments, mais elle tergiverse alors que les marquis, autres amants bafoués, entrent pour l’accabler à leur tour. Quand tous se sont retirés, Alceste déclare à sa maîtresse qu’il est néanmoins prêt à l’épouser si elle consent à renoncer au monde, ce à quoi elle ne peut se résoudre. Il décide de quitter Paris et de se retirer dans la solitude.

Le ton grave de cette œuvre surprend le public et Le Misanthrope n’obtient qu’un succès moyen, ne restant à l’affiche que pour trente-quatre représentations. Bien que ce thème ait été traité avant le XVIIe siècle — le poète latin Lucien écrit un Timon ou le misanthrope, et Shakespeare son fameux Timon d’Athènes —, c’est Molière qui lui donne un retentissement extraordinaire.

Dès la fin du XVIIIe siècle, époque durant laquelle on se passionne pour le débat moral ouvert par Jean-Jacques Rousseau, cette comédie suscite en Europe toute une série d’œuvres, parmi lesquelles on peut citer : Le Philinte de Molière ou la suite du Misanthrope (1790), drame larmoyant de Fabre d’Églantine, Le Misanthrope corrigé, dans les Contes moraux de Marmontel (1786), et, à l’étranger, L’Homme franc de William Wycherley (1676), L’École de la médisance de Sheridan (1777), et Le Misanthrope réconcilié, pièce inachevée de Schiller (1790). Le XIXe siècle se détourne de ces épanchements lyriques et le rire reprend ses droits avec Labiche, Le Misanthrope et l’Auvergnat (1852), puis avec Courteline, auquel on doit une très fine Conversion d’Alceste (1905). Il y a quelques années enfin, on a pu voir un Célimène et le cardinal de Jacques Rampal (1992).

Molière a écrit une comédie de caractères dont le but était de divertir et d'instruire le public ; on sait que son interprétation du rôle d'Alceste était extravagante et outrancière, mais dès le 18ème siècle on a voulu rendre la pièce sérieuse et donner raison à Alceste ; malgré Jacques Copeau qui en 1922 revient à une vision plus drôle, on a depuis souvent mis en scène un Misanthrope vertueux et une Célimène sentimentale, alors que Molière ne donne raison à personne, il ne fait que témoigner de l'ambiguïté fascinante de l'humain.

C'est parce que cette oeuvre est éternelle et intemporelle qu'elle n'a pas besoin d'une réactualisation réductrice ; il faut rêver le 17ème siècle, profiter du style baroque de l'oeuvre et exploiter l'alexandrin qui est le vers noble, pour mettre en lumière un monde décadent et raffiné, précieux et féroce ; dans un espace transitoire, avouer que nous sommes au théâtre, car Molière nous raconte que le monde où nous vivons est illusion et que les codes de la société ne sont qu'artifices.

Célimène accepte ce jeu social car il la protège du monde ; grâce au plaisir mondain elle appartient à tous et en fait à personne ; en jouant avec l'amour elle ne se livre pas et en ne disant pas qui elle est, elle croit être libre.

Alceste refuse les rituels de cette vie sociale hypocrite ; cet aristocrate qui appartient au monde qu'il condamne, hait les hommes par amour de lui-même et parce qu'il veut être digne d'être aimé ; lui qui comme Saint-Augustin pense que le jeu théâtral corrompt, souffre tant qu'il finit par se donner en spectacle comme un tragédien emphatique et paranoïaque égaré dans une comédie de salon ; janséniste amoureux, il bouscule l'égérie de ce monde corrompu : Célimène (qui est la femme qu'il aime) et lui offre de se retirer dans son « désert » (c'est-à-dire de ne plus exister).

Alceste et Célimène comme deux héros tragiques resteront fidèles à eux-mêmes et iront au bout de leur destruction.

Le génie de Molière rend ce cauchemar à la fois grotesque et effrayant.

Michel Fau

  • Humeur noire et de chagrin profond

Au XVIIe siècle, quatre humeurs (liquides) irriguent le corps humain : le sang, le flegme, la bile, la bile noire (ou atrabile). Suivant que l'un ou l'autre de ces liquides ou humeurs domine, on est sanguin, flegmatique, bilieux ou atrabilaire. Par ses accès « d'humeur noire » et de « chagrin profond », Alceste se range dans la dernière de ces catégories physiologiques.

« Ma nature est affreuse ! Que bien trop sensitive ! Malade devenue ! Trop encline aux phantasmes... et le métier d'acteur l'a beaucoup aggravée... et les malheurs sociaux et néopolitiques l'ont dotée du malaise de la persécution. » Robert le Vigan, interprète de Alceste, 1942

« Ne nous emportons point contre les hommes en voyant leur dureté, leur ingratitude, leur injustice, leur fierté, l'amour d'eux-mêmes et l'oubli des autres : ils sont ainsi faits, c'est leur nature, c'est ne pouvoir supporter que la pierre tombe, ou que le feu s'élève. » La Bruyère, Caractères, 1688

« Le goût de la vérité à tout prix est une passion qui n'épargne rien et à quoi rien ne résiste. C'est un vice, un confort parfois, ou un égoïsme. » Albert Camus, La Chute, 1956

« Je hais les méchants parce que je le dois ; et je hais les autres parce qu'ils ne haïssent pas les méchants. » Erasme, Apophtegmes, 1531/1535

« La vie humaine n'est qu'une illusion perpétuelle ; on ne fait que s'entre-tromper et s'entre-flatter. Personne ne parle de nous en notre présence comme il en parle en notre absence. L'union qui règne entre les hommes n'est fondée que sur cette mutuelle tromperie et peu d'amitiés subsisteraient, si chacun savait ce que son ami dit de lui lorsqu'il n'y est pas, puisqu'il en parle sincèrement et sans passion. L'homme n'est donc que déguisement, que mensonges et hypocrisie, et en soi-même et à l'égard des autres. » Pascal, Pensées, 1670

« Les horreurs qui se passent (sic Alceste) dans la société courtisane et marchande en langage du Misanthrope de Molière, sont orchestrées par un roi bourgeois, Ubu XIV, absolu et non suzerain. Alceste les pourfend-vainement-et le grand dialogue secret de l'oeuvre et du rôle, s'institue entre Alceste, « aristo » à la Montherlant et un roi accapareur. Alceste : acteur des « acteurs », impossible et excessif, se souvenant du tragique cornélien-je l'ai rêvé ainsi cadenassé dans un onirisme poétique d'absolu. » Jean Gillibert, interprète de Alceste, 1971

« Les coquettes sont très dangereuses, car par les charmes qu’elles possèdent elles peuvent facilement gagner les cœurs : et par leur esprit elles peuvent assurément les conserver. Ceux qui sont assez malheureux pour tomber entre leurs mains ne peuvent se défendre de faire une infinité de sottises, car jamais les plus fiers tyrans n’ont exercé un empire si absolu sur ceux qui ont été assujettis à leur puissance. » Félix de Juvenel, Le portrait de la coquette, 1659

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Sélection d’avis du public

Le Misanthrope Par Catherine Q. - 14 avril 2014 à 17h34

Une pièce pour rire et pour pleurer, magnifiquement restituée par Michel Fau dans sa mise en scène d'origine, un texte aux accents d'une incroyable modernité. Très belle distribution.

magnifique misanthrope Par Lucy - 2 avril 2014 à 10h47

une soirée éblouissante! du grand théâtre. Le texte est un délice, les acteurs et la mise en scène une grande réussite. Vu avec nos enfants, ils ont adoré! . à voir absolument.

Michel Fau et Alceste Par Paule M. - 23 mars 2014 à 20h42

Il faut aller voir Le Misanthrope dans la mise en scène de Michel Fau. Michel Fau est excellent. les décors et les costumes sont judicieux. Une mise en scène qui restera dans les annales.Allez y!

le misanthrope Par Martine M. - 23 mars 2014 à 13h25

julie depardieu eblouissante les autres comédiens excellents !

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Le Misanthrope Par Catherine Q. (1 avis) - 14 avril 2014 à 17h34

Une pièce pour rire et pour pleurer, magnifiquement restituée par Michel Fau dans sa mise en scène d'origine, un texte aux accents d'une incroyable modernité. Très belle distribution.

magnifique misanthrope Par Lucy (2 avis) - 2 avril 2014 à 10h47

une soirée éblouissante! du grand théâtre. Le texte est un délice, les acteurs et la mise en scène une grande réussite. Vu avec nos enfants, ils ont adoré! . à voir absolument.

Michel Fau et Alceste Par Paule M. (31 avis) - 23 mars 2014 à 20h42

Il faut aller voir Le Misanthrope dans la mise en scène de Michel Fau. Michel Fau est excellent. les décors et les costumes sont judicieux. Une mise en scène qui restera dans les annales.Allez y!

le misanthrope Par Martine M. (1 avis) - 23 mars 2014 à 13h25

julie depardieu eblouissante les autres comédiens excellents !

Décevant. Par Spectatif (104 avis) - 9 mars 2014 à 10h21

Baroque ou pas ? Il faudrait savoir !... En effet, tous les comédiens ne jouent pas dans le même registre. La distribution est malheureuse et surtout trop inégale. Du coup, le spectacle oscille entre "jeux d'acteurs" et pièce du Théâtre de Molière ?

Excellent Par Sylviane R. (1 avis) - 22 février 2014 à 18h11

Une soirée magique, des acteurs excellents. Julie Deperdieu est formidable. J'ai replongé avec délice dans cette pièce étudiée au lycée. Bravo au metteur en scène et aux acteurs !

Brillant Le 11 février 2014 à 11h21

Costumes et décors magnifiques, "classiques" à la Michel Fau... Les comédiens sont tous époustouflants, dans un jeu parfaitement maîtrisé à la limite de l'excès pour les précieux et Alceste, dans une fausse gouaille pour Julie Depardieu. Un très très beau moment de théâtre.

Informations pratiques

Théâtre de l'Œuvre

55, rue de Clichy 75009 Paris

À l'italienne Accès handicapé (sous conditions) Bar Pigalle Salle climatisée
  • Métro : Liège à 183 m, Place de Clichy à 309 m
  • Bus : Liège à 104 m, Place de Clichy à 228 m, Bucarest à 267 m
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Plan d’accès

Théâtre de l'Œuvre
55, rue de Clichy 75009 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 3 mai 2014

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