Le diptyque Le Moche, Perplexe, est joué en semaine. La trilogie Le Moche, Voir clair et Perplexe est proposée les samedis et dimanches.
J’ai souhaité créer un seul spectacle avec ces trois pièces, pour proposer aux spectateurs une traversée dans une partie de l’œuvre de Mayenburg. Le Moche, Voir clair et Perplexe coexistent de manière cohérente et se nourrissent les unes les autres : elles sont fortement liées entre elles (de manière vertigineuse, kaléidoscopique) par un fil invisible, comme une illusion d’optique dont on saisit peu à peu le fonctionnement. Dans les trois pièces, on retrouve des glissements de temps, d’espace et d’identité des personnages. En revanche, elles sont très différentes quant à leur format, leur ton, structure dramatique, durée, nombre de personnages, genre, rythme, ce qui rend jubilatoire leur association.
Des pièces qui parlent aussi du théâtre et de la représentation : Je vois dans cet ordre précis, la possibilité de proposer un glissement jubilatoire et inéluctable (Le Moche), vers le coeur noir d’une fiction pure (Voir clair), et son échappée belle absurde (Perplexe). Cela nous permet simplement de construire et déconstruire une représentation à vue, avec la complicité des spectateurs et celle indirecte de l’auteur.
Je rêve cette trilogie à la fois comme un excitant intellectuel et comme une fresque sauvage haute en couleurs, un jeu libre, des décors, des costumes, des sons comme un mélange d’attirance et de peur où nous retrouverons la passion du théâtre dans ce qu’elle a de plus viscéral et la fascination pour l’illusion dans ce qu’elle a de plus dérangeant.
Maïa Sandoz
« L’identité, voilà la question. La radicalité de Mayenburg et sa férocité narquoises sont portés par des comédiens aériens, tel Paul Moulin dans le rôle-titre. En costume pantalon anthracite, chemise blanche, cravate rayée, Adèle Haenel est un jeune homme beau comme un ange. Sa présence détachée fait merveille. Ce petit précipité dramatique en dit long sur notre monde tourmenté et les autres interprètes, Maïa Sandoz, Serge Biavan, Christophe Danvin défendent crânement leurs partitions. » Armelle Heliot, Le Figaro
« En montant ensemble ces trois pièces, Maïa Sandoz montre bien la nature retorse de l’univers de Mayenburg et, mieux, chaque pièce bonifie la suivante et celle qui précède. Le spectacle doit beaucoup à ce qui est le nerf de la guerre de ce type de théâtre : les acteurs. Et à l’accompagnement musical délicat de Christophe Danvin. » Jean-Pierre Thibaudat, Rue 89, Théâtre et Balagan
« Intérieurement tu es très beau »
Monsieur Lette découvre qu’il est moche, la décision de subir une opération chirurgicale est prise. Lorsqu’il se réveille de l’anesthésie, rien ne sera plus comme avant : le chirurgien a fait de son visage un chef-d’oeuvre. La renaissance de Lette en tant qu’homme beau et irrésistible le rend vite célèbre. Le Moche est une pièce sur l’identité, qui s’attaque, avec une précision infaillible, à notre fixation sur l’apparence extérieure. C’est une comédie implacable, une pièce courte, effarante et monstrueuse dans sa forme même : quatre comédiens jouent huit rôles, aucun changement de scène. Mayenburg opère ici une destruction totale de l’espace et accélère le temps comme au sortir d’un cauchemar. C’est étonnant et jouissif. Pas de changement sur le visage des personnages, précisent les didascalies, et c’est le regard des autres qui transforme la réalité. Cette pièce réunit les conditions pour une illusion collective.
« C’est toujours aussi fort derrière cette porte ? »
Julia cherche du travail. Elle accepte d’être la femme de ménage de M. Walter, qui vit seul depuis que sa femme est morte. Julia prend alors connaissance des manies de son nouvel employeur : le plus important, il lui est totalement interdit d’entrer dans la chambre, fermée a clef, dans laquelle entre Walter de temps en temps.
Voir clair est une tragédie sur l’aveuglement, un conte fantastique, qui n’est pas loin de Barbe Bleue, un face à face entre un homme et une femme, un huit clos d’une douceur extrêmement dérangeante. L’illusion est ici individuelle, affective, puissante, le personnage de Walter voit ce qui l’arrange. Le suspense dans Voir clair est un véritable enjeu théâtral de mise en scène. Il crée également un rapport d’immédiateté dans le contact avec le spectateur, le suspense c’est l’instant présent !
« J’ai ressenti ça toute la soirée : je dis quelque chose, et soudain j’ai la sensation que quelqu’un écoute. »
Eva et Robert rentrent chez eux après les vacances. Judith et Sebastien, un couple d’amis, étaient censés s’occuper des plantes pendant leur absence ; cependant il semble qu’ils soient devenus les occupants de l’appartement et jettent Eva et Robert hors de chez eux. Perplexe est un objet grinçant et extrêmement drôle. Mayenburg ici offre une réelle déconstruction de l’espace et du temps. Les changements, les glissements s’ouvrent à toute vitesse. Les figures évoluent en fonction de ce qui est énoncé : je suis ta femme mais tu es mon fils, il est mon mari mais il est aussi un simple ami la seconde d’après… ainsi pas de couple attitré mais un éventail de combinaisons possibles. Dans Perplexe, les acteurs jouent cette fois plusieurs personnages pris au piège dans de multiples réalités, aucun d’entre eux n’essaye de s’en défaire, et l’illusion devient alors le fondement de leurs multiples identités.
Texte vivant, troupe homogène et faisant preuve d'un dynamisme étonnant, inventivité. Compositions de haut niveau et investissement. Très bon moment, on ne voit pas le temps passer. Merci
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Texte vivant, troupe homogène et faisant preuve d'un dynamisme étonnant, inventivité. Compositions de haut niveau et investissement. Très bon moment, on ne voit pas le temps passer. Merci
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