A partir de 12 ans.
Mêlant vérité historique, anachronisme, philosophie, humour et mythologie, Jacques Rampal nous entraîne avec Le Philosophe et la Putain à deux époques de la vie de Diogène : peu avant la mort d’Antisthène, fondateur de l’école cynique, qui ne voulait pas pour élève de cet indiscipliné chronique ; puis trente-sept ans plus tard, peu avant la mort de Diogène cette fois, lorsqu’il découvre en la prostituée Hariola, une déesse particulière… et qu’il avoue ses sentiments avant de s’éteindre, victime selon la légende des chiens auxquels il aimait tant se comparer.
La pièce voit défiler auprès du célèbre tonneau une galerie de personnages truculents : Platon et Antisthène, Cratès (disciple de Diogène) et sa femme Hipparchia, délirant couple de débauchés caustiques, et enfin Alexandre le Grand, qui a tout mais rêve d’être Diogène… Parmi ces personnages historiques, Hariola (Aphrodite déguisée) ajoute une touche de surnaturel, de fantaisie et d’ironie.
Et ces personnages flamboyants parlent en vers ! Des vers à la fois percutants et irrévérencieux, que Jacques Rampal sait si bien manier… Des vers qui donnent envie d’écouter avec émerveillement, qui rendent évidente la philosophie, et qui parfois se muent en chansons.
On le connaît mieux sous le nom de Diogène le Cynique, non au sens actuel du terme (impudent, éhonté), mais au sens philosophique, le Cynisme étant un des nombreux courants de pensée de la Grèce antique, qui prônait l’abstinence, le courage, la totale liberté, le retour à la Nature et condamnait les plaisirs : être cynique – du grec kunikos, le chien –, c’était vivre hors des lois sociales, de la façon la plus austère mais aussi la plus heureuse, puisque le bonheur selon Diogène est dans le dénuement.
C’est pourquoi je souscris entièrement à l’idée d’Elsa Royer d’un « Diogène musical » : Diogène, c’est une force qui va, un joyeux ouragan, un fou chantant, même quand il hurle sa révolte face aux injustices toujours grandissantes, à la manière des Indignés d’aujourd’hui, même quand il se heurte à Antisthène, à Platon ou à ces deux vagabonds que sont Cratès et Hipparchia qui osent se présenter comme ses disciples, même quand il affronte Alexandre le Grand. Et même quand il hurle, il chante. Et quand il ne chante pas, il parle en alexandrins, c’est-‐à-‐dire en musique, avec tous les autres. Et toujours en musique, il cherche un homme, un homme digne de ce nom, introuvable, donc.
Mais cet anarchiste avant la lettre, d’une troublante modernité, est aussi le plus paradoxal des penseurs : obsédé par la notion d’égalité – avant celle de liberté –, il défend le régime de Sparte, terrible dictature où l’on embrigade les citoyens dès l’enfance, comme certains soixante-‐huitards admiraient la Chine de Mao Zédong…
Mais finalement humain, notre Cynique, qui, après avoir refusé l’amour comme étant la pire des prisons pendant toute une vie, finira par y succomber… juste avant de succomber pour de bon, dans les bras de la plus humaine des humains, lui qui « cherchait un homme », en la personne d’une divine prostituée...
Si l’Histoire est trop souvent « un éternel recommencement », c’est qu’on ne sait pas en tirer les leçons, s’imaginant qu’on pratique la philosophie du carpe diem alors qu’on cultive une mémoire de poisson rouge. Il n’y a rien de nostalgique dans ma passion pour l’histoire : sur les douze pièces que j’ai écrites, quatre seulement concernent le passé, et j’ai toujours eu le sentiment d’évoquer le présent en les écrivant.
En cette période troublée où l’avenir semble si incertain, ce proverbe sénégalais me vient souvent à l’esprit : Quand tu ne sais pas où tu vas, retourne-‐toi et regarde d’où tu viens.
Jacques Rampal
Tres bien joué! Peut être y manque t'il ce brin de fantaisie qui permette a Diogène d’être plus pertinent dans la dualité qu'il incarne!
Pas de critique sur le spectacle lui-même, les acteurs étant tous excellents. Le texte est subtile: Diogène, qui "cherche un homme" (par moquerie, semble-t-il, à l'égard e l'homme idéal de Platon) ne saurait prétendre être lui-même celui qu'il cherche, puisqu'il se sait humain donc très imparfait. Petite digression: ayant découvert récemment Wagner (la Tétralogie), ayant vu le film "Le tout nouveau testament" puis "Diogène et la putain", j'y vois un point commun. Qu'il s'agisse de Brunnhilde, de la femme et de la fille de Dieu, ou de Hariola/Aphrodite, il y a toujours l'image de la femme rédemptrice - un thème qui semble récurrent... et tellement justei! Merci.
Tres bien joué! Peut être y manque t'il ce brin de fantaisie qui permette a Diogène d’être plus pertinent dans la dualité qu'il incarne!
Pas de critique sur le spectacle lui-même, les acteurs étant tous excellents. Le texte est subtile: Diogène, qui "cherche un homme" (par moquerie, semble-t-il, à l'égard e l'homme idéal de Platon) ne saurait prétendre être lui-même celui qu'il cherche, puisqu'il se sait humain donc très imparfait. Petite digression: ayant découvert récemment Wagner (la Tétralogie), ayant vu le film "Le tout nouveau testament" puis "Diogène et la putain", j'y vois un point commun. Qu'il s'agisse de Brunnhilde, de la femme et de la fille de Dieu, ou de Hariola/Aphrodite, il y a toujours l'image de la femme rédemptrice - un thème qui semble récurrent... et tellement justei! Merci.
30, rue du Chevaleret 75013 Paris