« C’est l’histoire d’un mec qui cherche une alternative au modèle qu’on lui propose. C’est l’histoire d’un mec qui s’oppose à la proéminence cancéreuse de « la valeur travail » dans nos civilisations. C’est l’histoire d’un mec qui se sent inadapté. C’est l’histoire d’un taré qui ne parvient pas à se conformer au monde dans lequel il vit. C’est l’histoire d’un fainéant qui rêve de glander. C’est l’histoire d’un type qui se noie petit à petit. C’est l’histoire d’un type qui prétend pouvoir échapper aux contraintes. Un naïf quoi. Ou un parasite. Mais ça ne marche pas. Il va l’avoir dans l’os à tous les coups. »
Le Réserviste, sorte de Don Quichotte en lutte contre les moulins de la bureaucratie des bureaux de l’emploi, est un personnage dans la veine des Oblomov et Bartleby, un de ces grands paresseux qu’on aime et qu’on déteste, qui allie un humour rageur à une mauvaise fois salutaire dans un combat perdu d’avance, mais qui est tellement jouissif de tenter quand même.
Une pièce absurde autour du thème du chômage et de notre rapport au travail, où l’on retrouve trois personnages doucement fêlés qui nous racontent l'histoire du Réserviste, mais aussi des paresseux qui piratent les ondes de France Inter en buvant de la bière belge.
Par la Compagnie A.
« Un travail de longue haleine entretenu par de la bière belge, au rôle conséquent, comme celui de Madonna, dans cette histoire signée par Thomas Depryck, jeune auteur primé, dont une fois pour Le Réserviste. » Force ouvrière
« Irrévérencieux, actuel… On en sort revigoré ! » Sortir à Paris
« Un spectacle mené de manière intelligente et drôle, proposant une vision cynique de notre société et de son devenir. » Just Focus
« Une ode au droit à la paresse avec des intermèdes radio pirate très drôles et une critique de notre société à la Guy Debord. » Arts-Chipels
J’ai choisi de mettre scène le Réserviste car cette pièce de Thomas Depryck porte au premier plan la thématique de l’échec. Être du côté de l’échec pourrait aussi vouloir dire ne pas être « conforme » aux critères de la réussite établis. En plus d’être au chômage, le corps du personnage est mou, il ne fait pas de sport, il est célibataire, en manque de sexe, sans vie sociale apparente. C’est au travers de cette figure du perdant presque total que nous pouvons voir en négatif les impératifs de notre société. Guy Debord décrit cette société qu’il nomme « le spectacle» comme : « un rapport social des personnes médiatisé par des images ». La figure « perdant » nous dévoile (on peut même dire qu’elle déconstruit) l’absolue nécessité que nous avons d’être « conformes » à des schémas préétablis, à des images.
La première étape a été de définir comment nous porterons la parole des trois narrateurs. En effet, il me semblait primordial de qualifier ces trois voix, de leur donner dans le même temps la possibilité d’un point de vue, d’une incarnation, d’une humanité. En travaillant la thématique de l’échec, il m’est apparu nécessaire de donner à voir les failles des narrateurs : en nous inspirant de certaines techniques du masque ou du clown et de l’improvisation, nous avons cherché des personnages qui nous touchent par leurs maladresses, leurs impossibilités, leurs peurs, leurs inaptitudes, leur proximité avec nous. Ces personnages qui n’existent pas dans le texte de Thomas Depryck sont donc devenus les narrateurs de la pièce.
Le deuxième axe de mise en scène s’est constitué autour du personnage désigné comme « Le paresseux ». Il intervient au sein du rêve du Réserviste. J’ai choisi de diffracter ce personnage en trois, mais aussi de prendre l’indication au pied de la lettre. Sur scène on peut donc voir trois paresseux (les animaux) qui répondent tous au nom de Manu, pénétrer comme par effraction dans l’appartement, pirater France inter, et animer une radio anarchiste.
C’est autour de ces deux axes que la scénographie s’est constituée. Pensée comme un espace clos sur lui même, possiblement l’intérieur de la tête du Réserviste, j’ai voulu qu’on puisse y retrouver à la fois l’espace d’un petit appartement et celui de la jungle des paresseux. Le lieu de l’appartement est un espace que j’ai voulu très concret. Je voulais qu’il raconte un mode de vie proche de nous, de ce que nous sommes en mesure de raconter. C’est ainsi qu’il est devenu un appartement en colocation. Sur les bordures d’abord, puis comme si elle voulait coloniser l’espace se trouve la jungle des paresseux avec sa radio pirate. C’est l’endroit de la révolte, de la sauvagerie, de l’invention de la créativité. La scénographie est ainsi conçue dans l’idée d’un vivarium, d’une réserve : un espace que l’on prélève du monde, de la nature, pour mieux le regarder.
Alice Gozlan
Super spectacle, drôle et intelligent. Les comédiens sont incroyables, le rythme au top et c'est le genre de texte qu'on voudrait entendre plus souvent : direct, saisissant et subversif. Mention Spécial pour Radio Paresse, et tous Réserviste. À voir !
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Super spectacle, drôle et intelligent. Les comédiens sont incroyables, le rythme au top et c'est le genre de texte qu'on voudrait entendre plus souvent : direct, saisissant et subversif. Mention Spécial pour Radio Paresse, et tous Réserviste. À voir !
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