Le Roi Lear

du 15 juin au 7 juillet 2007
1h30

Le Roi Lear

Si Shakespeare nous bouleverse toujours, c’est avant tout parce qu’il parle de l’humain. Dans Le Roi Lear, il oppose avec violence le monde du pouvoir, de la quête insatiable du pouvoir et du mensonge qui l’accompagne, le monde totalitaire, au monde de l’errance. La folie est une errance. Tous les personnages du Roi Lear sont emportés par cette puissance métaphorique de la folie.

Lear
« Si tu veux pleurer mes malheurs, prends mes yeux.
Je te connais bien, ton nom est Gloucester.
Nous venons au monde en pleurant, Gloucester,
Tu le sais, dès notre premier souffle, nous vagissons et pleurons.
Je te fais un sermon, écoute : en naissant, nous pleurons de terreur de paraître
Sur ce grand théâtre des fous. »

Petit historique du projet
Un spectacle d’après Shakespeare
Deux histoires presque en miroir
Quelques mots sur les acteurs
La scénographie

  • Petit historique du projet

C’est mon troisième spectacle avec la Cie de l’Oiseau-Mouche, après Le Labyrinthe, créé en 2000 en co-mise en scène avec Jean-Michel Rabeux, puis Phèdre et Hippolyte de Racine, créé en janvier 2004. Il est né du désir de réunir sur un même projet des comédiens de l’Oiseau-Mouche et des comédiens extérieurs à la compagnie. L’envie de travailler ensemble de ces « acteurs-ci » et de ces « acteurs-là » est forte.

Le Roi Lear, sur lequel je rêvais depuis quelque temps déjà, m’a paru le lieu possible de cette rencontre. Il m’a semblé que ce texte, traversé par le thème de l’errance et celui de la folie, marqué par la perte et la redistribution des identités, qui se joue de la fragile frontière entre raison et déraison, pouvait trouver là une incarnation puissante et singulière.

Si Shakespeare nous bouleverse toujours, c’est avant tout parce qu’il parle de l’humain. Il questionne l’humain, le secret de l’être, l’être dans son rapport au monde. Dans Le Roi Lear, Shakespeare nous montre la souffrance à l’état brut, sans commentaire. C’est un théâtre dénué de toute superstition, où les dieux en vain sont invoqués, qui montre un temps où règne l’arbitraire, le hasard…un temps qui inaugure le nôtre.

Le Roi Lear semble tendre un miroir à notre époque violente et désespérée. Il fallait pour cela des acteurs capables d’amener sur le plateau non seulement un savoir faire mais aussi, et surtout, une humanité.

Sylvie Reteuna

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  • Un spectacle d’après Shakespeare

Il ne s’agit pas de monter la pièce dans son intégralité, mais au contraire d’extraire de la multiplicité des récits qui composent Le Roi Lear, la matière « archaïque » de la pièce, celle qui nous parvient aujourd’hui encore avec une violente acuité.

Nous avons respecté dans ses grandes lignes la structure narrative, mais resserré le texte autour de l’histoire de Lear et ses trois filles et celle en miroir de Gloucester et ses deux fils : le chemin des deux hommes dessine les thèmes essentiels du Roi Lear, et à travers l’expérience de la folie et de la souffrance, devient métaphore du monde, d’un monde violent, désaccordé.

Ce choix de travailler sur une sorte de matériau Lear ouvre l’espace à ce qui peut naître, à travers la présence sensible des acteurs, en images ; à ce qui peut s’inventer, pendant les répétitions, en dehors des mots, bien que nourri par les mots ou les situations de Shakespeare.

Par la Compagnie La Sibylle. Adaptation de Jean-Michel Rabeux et Sylvie Reteuna.

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  • Deux histoires presque en miroir

D’un côté donc l’histoire de Lear et ses filles, de l’autre celle de Gloucester et ses fils. Comme Lear, Gloucester confond le bon et le mauvais fils ; comme Lear, il traverse une série d’épreuves où chassé, trahi par son fils illégitime, aveuglé, au sens propre cette fois, il tentera l’ultime saut dans la mort, dans une scène sublime où Edgar, le fils légitime, lui fera jouer son suicide, pour l’en guérir. Edgar joue la folie auprès de Gloucester, comme le Fou auprès de Lear.

Mais la mort de Gloucester s’inscrit en contrepoint de la fin tragique de Lear. Avec la fin de Gloucester, dont le cœur « se brise en souriant » dans les bras d’Edgar retrouvé, et la victoire de ce dernier sur son frère Edmond, on est dans un schéma classique de fin de tragédie. A cette restauration du pouvoir légitime et de la filiation répond la mort inadmissible de Cordélia.

Car la fin de Lear et de Cordélia n’apporte aucune consolation. Pas de « happy end » ici ; et il n’est pas innocent que pendant près de deux siècles ce dernier acte ait été censuré. La mort de Cordélia est une mort pour « rien », une mort absurde et inutile, une mort accidentelle qui ne sert aucune morale, aucune restauration du droit. Et Lear ne peut que hurler son désespoir à la face des cieux devenus silencieux.

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  • Quelques mots sur les acteurs

François Daujon, comédien de la Cie de l’Oiseau-Mouche, jouera Lear. Mélange surprenant de force et de fragilité, François me paraît à même d’incarner Lear dans sa puissance aveugle et sa sauvagerie, mais aussi dans son désespoir, sa souffrance et sa folle humanité. A ses côtés, Marc Mérigot, acteur plus âgé et lui aussi très singulier, jouera le Fou. Pour nous, spectateurs d’aujourd’hui, c’est un couple très étrange que ce roi Lear flanqué de son fou, ce fou qui n’a pas d’identité, qui semble pur langage, qui disparaît quand Lear est fou, ou bien est-ce Lear qui disparaît dans son fou ? Il s’agit ici de donner corps à cette étrange chimère.

Jennifer Barrois, également comédienne à l’Oiseau-Mouche, jouera Cordélia, la plus jeune des sœurs. Nathalie Savary jouera Goneril, la sœur aînée. C’est une jeune comédienne lilloise, Magdalena Mathieu, qui jouera Régane.

Pour Gloucester et ses fils, histoire en miroir de celle de Lear ses filles, c’est Georges Edmont qui jouera Gloucester, et deux comédiens de l’Oiseau-Mouche, Martial Bourlart et Frédéric Foulon, qui joueront Edmond et Edgar. Enfin c’est Thierry Dupont, lui aussi comédien à l’Oiseau-Mouche, qui jouera Kent.

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  • La scénographie

Le « décor » est un praticable de 3 mètres sur 3 monté sur roulettes - un plateau sur le plateau - qui propose un espace de jeu privilégié, manipulé par les acteurs, à vue, pendant la représentation. Une machine de théâtre donc.

Mais c’est aussi une machine sonore. Des panneaux mobiles de 3 mètres de haut entourent - ou dénudent - ce praticable; ils sont faits de tubes, de plaques de métal, de câbles tendus, que les acteurs peuvent caresser ou cogner, dont ils peuvent jouer.

C’est aussi, si l’on veut, une représentation du monde de Lear, forteresse au début, espace abandonné, déserté au fil de la représentation. Ou encore une Nef des Fous errante, une machine un peu folle, brinquebalante et cahotante, dont on se sert puis qu’on oublie, épave au fond du théâtre. C’est surtout une machine à jouer, dans tous les sens du terme, une machine à rêver.

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Sélection d’avis du public

RE: RE: Le Roi Lear Le 24 juin 2007 à 11h15

quene tu fais partie de la troupe ?

RE: Le Roi Lear Le 20 juin 2007 à 14h51

Je ne suis pas du tout d'accord... c'est au contraire un spectacle poignant dont l'adaptation contemporaine fait honneur à Shakespeare, dont l'alliance entre lumière, scénographie et univers sonore tend vers le sublime; et surtout, il faut souligner l'émotion qui ressort de cette heure et demie de spectacle, en grande partie grâce au jeu époustouflant des comédiens. Saluons et remerciaons donc Sylvie Reteuna pour la magnifique mise en scène qu'elle nous offre!

Le Roi Lear Le 12 avril 2007 à 21h49

Je sors de la représentation du Roi Lear au Parvis Saint Jean à Dijon. Pauvre Shakespeare ! Il doit se retourner dans sa tombe ! Mise en scène souvent incompréhensible, effets ridicules, diction franchement approximative....Une soirée à oublier.

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RE: RE: Le Roi Lear Le 24 juin 2007 à 11h15

quene tu fais partie de la troupe ?

RE: Le Roi Lear Le 20 juin 2007 à 14h51

Je ne suis pas du tout d'accord... c'est au contraire un spectacle poignant dont l'adaptation contemporaine fait honneur à Shakespeare, dont l'alliance entre lumière, scénographie et univers sonore tend vers le sublime; et surtout, il faut souligner l'émotion qui ressort de cette heure et demie de spectacle, en grande partie grâce au jeu époustouflant des comédiens. Saluons et remerciaons donc Sylvie Reteuna pour la magnifique mise en scène qu'elle nous offre!

Le Roi Lear Le 12 avril 2007 à 21h49

Je sors de la représentation du Roi Lear au Parvis Saint Jean à Dijon. Pauvre Shakespeare ! Il doit se retourner dans sa tombe ! Mise en scène souvent incompréhensible, effets ridicules, diction franchement approximative....Une soirée à oublier.

Informations pratiques

Cartoucherie - Théâtre du Chaudron

Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris

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Cartoucherie - Théâtre du Chaudron
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Spectacle terminé depuis le samedi 7 juillet 2007

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