En alternance avec Richard III dans le cadre du diptyque Shakespeare.
L’idée de monter en diptyque ces deux "monstres" de théâtre que sont ces deux rois, Lear et Richard, vient du désir de mettre en valeur la figure du père dans cette problématique tragique.
Le Roi Lear représente la grande figure archétypale du père dévorateur de ses enfants, de l’ogre-père (on pense bien sûr aux repas sanglants de Thyeste ou de Tantale). A cause d’un "Rien" qui le prive de ce qu’il exige, de ce qu’il désire, l’amour de sa fille, le voilà plongeant le monde et lui-même dans le chaos, jusqu’à la destruction totale et définitive de sa descendance, de sa "lignée". On trouve là, bien sûr, les tabous les plus forts de la culture judéo-chrétienne. Ils affleurent (l’inceste) ou s’affirment (le parricide, le fratricide, l’infanticide, …)
Dans Richard III c’est la figure en creux du père que l’on voit. C’est l’absence d’un père, qui plonge le royaume et la famille royale dans le chaos. En l’absence d’une légitimité claire et acceptée de tous les fils, les héritiers, vont s’entretuer jusqu’au dernier. “ Le vainqueur ” de cette guerre fratricide sera bien sûr l’enfant renié, rejeté, floué par la nature. Le petit dernier, le vilain petit canard, le boiteux, le bossu, le “ pas fini ” Richard.
Richard III, c’est l’enfant-roi ou plutôt le roi-enfant. Ce qui résonne le plus dans cette sanglante histoire est le rire féroce, le rire enfantin, le rire dément de cet enfant sans père, livré à lui-même et à sa jouissance de n’être soumis à aucune loi, à n’avoir aucune borne, aucune limite.
Jean-Claude Fall
"Dans Roi Lear, incarné avec fougue par Jean-Claude Fall, comme dans Richard III, interprété par le truculent David Ayala, la figure du père domine les intrigues familiales. De leur trop plein ou de leur vide ces pères pris par le jeu des passions creusent inconsciemment les sillages de l'histoire de leur propre descendance." Rue du Théâtre
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