Comme dans une fête archaïque ou comme dans un rite ancien, chanteurs, acteurs, danseurs, flûtiste, harpiste et spectateurs se réunissent en scène, pour donner vie aux forces souterraines qui nous font chanter et qui nous font danser.
A travers cette légende irlandaise, revient progressivement la présence de la mort, la présence des morts, ils sont là tout autour de nous... On le pressentait dès la première chanson ou dès les premières notes de musique, mais ils reviennent maintenant d'un peu partout, ils nous contemplent et nous entourent, tous les morts des anciens temps.
Et cette pièce nous dit peut-être une chose simple et émouvante : les vivants et les morts forment un même cycle, les feuilles et les printemps puisent leurs forces dans les vies révolues et viennent se décomposer à leur tour. Ecouter la présence des morts, nous inscrire dans leur chaîne et nous voir dans un même paysage, non pas pour en ressentir de la mélancolie ou de l'angoisse, mais pour en devenir d'autant plus vivants.
Comme dans une fête archaïque ou comme dans un rite ancien, nous confronter aux morts pour libérer les forces souterraines qui nous font chanter et qui nous font danser.
Nous aussi, nous sommes là - nous les vivants – le grand horloge n'a pas encore sonné notre heure et nous nous tenons devant les morts, mais forts de nos chants, de nos présences et de nos danses.
Le Roi de la Tour du Grand Horloge a choisi pour reine la plus belle des femmes mais elle demeure depuis un an immobile et muette, sans un regard pour son époux, "comme un écran entre les morts et les vivants". Au moment ou l'année se termine, un vagabond frappe à la porte et s'adonne à une étrange prophétie : la reine va danser pour lui, il va chanter pour elle, et de reconnaissance pour ce chant, la reine viendra baiser sa bouche.
Le roi le condamne et demande sa tête en preuve de sa mort, mais la reine se met à danser pour la tête et la tête se met à chanter. Leurs deux bouches se rejoignent quand le grand horloge sonne minuit.
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