Orgon et sa mère, Madame Pernelle, ne jurent que par Tartuffe, qui se dit dévot et vit à leurs crochets. Les autres membres de la famille partagent quant à eux le sentiment de la suivante Dorine, scandalisée par l’emprise de l’homme d’église sur son maître. Ils vont tout entreprendre pour convaincre Orgon que Tartuffe est un hypocrite de la pire espèce. Rien n’y fait, ni les mises en garde du beau-frère Cléante, ni les supplications de Mariane – la fille promise en mariage à l’imposteur. Il faudra toute la ruse d’Elmire, sa femme, pour qu’Orgon ouvre enfin les yeux sur les desseins de Tartuffe. Au moment d’être chassé de la maison, ce dernier brandit un acte de donation qui en fait le nouveau propriétaire. Et seule une intervention royale, véritable Deus ex machina, sauvera la famille de la ruine.
Écrit en 1664 – Molière a alors 42 ans et forme avec ses acteurs depuis six ans la Troupe du Roy, Le Tartuffe est une réponse cinglante aux critiques féroces des membres de la Compagnie du Saint-Sacrement à son École des femmes, jouée deux ans plus tôt. La cabale déchaînée, dès avant la première représentation, par cette satire du fanatisme religieux et de l’hypocrisie des faux dévots dure cinq ans. La sympathie du public parisien n’aurait pas suffi à sauver la pièce si elle n’avait eu le jeune Louis XIV en personne comme allié. Il faut attendre 1669 pour qu’elle soit donnée dans sa version définitive. Dans l’intervalle, Molière a écrit ses plus grandes pièces, de Dom Juan au Misanthrope et à L’Avare. Molière meurt le 17 février 1673, alors qu’il joue le rôle d’Argan dans Le Malade imaginaire, son ultime pièce, créée une semaine plus tôt.
Pour Galin Stoev, Tartuffe, avant d’être un personnage, est d’abord un syndrome qui circule entre les différents protagonistes, et qui révèle les conflits et les paradoxes de la nature humaine. Il permet d’observer les va-et-vient entre confiance et manipulation, raison et fanatisme, volupté et spiritualité, toutes ces oscillations qui définissent la part intime de notre humanité.
« Le metteur en scène bulgare a subtilement décalé la pièce de Molière, pour la transformer en une sorte de « psy-show » ultra-noir et onirique. (...) Sans trop bouleverser les codes, ce spectacle fantastique et psychotique fait découvrir de nouvelles facettes du chef-d’œuvre de Molière. Tartuffe de l’autre côté du miroir... » Philippe Chevilley, Les Echos, 25 septembre 2014
« Originale (..) la mise en scène que signe Galin Stoev l'est – pour ne pas dire déroutante. (...) Galin Stoev tient son parti pris avec une grande cohérence. D'autant plus qu'il est servi par d'excellents acteurs qui font étinceler la langue de Molière. » Fabienne Darge, Le Monde, 26 septembre 2014
« A la Comédie-Française, Galin Stoev remet ce personnage et ce mystère en lumière. (...) Sur scène, Michel Vuillermoz défend sa vie, et même sa peau, avec une puissance magique. » Philippe Lançon, Libération, 9 ocotbre 2014
La nature paradoxale de la vérité chez Molière
L’oeuvre de Molière met en jeu une région énigmatique de l'être humain : son rapport à la vérité. Sur ce point, Molière est l’héritier de Montaigne : ce même Montaigne que lit Hamlet, chez Shakespeare ; tout comme on peut sentir quelque chose d’Hamlet dans la rage d’Alceste, mais aussi chez Don Juan et Tartuffe. Ainsi, de Montaigne à Tartuffe en passant par Hamlet et Shakespeare, tous ces personnages réels ou fictifs forment une famille révélant différentes facettes d’une même quête : celle de la nature insaisissable de la vérité. Pour atteindre cette vérité, la stratégie de Molière consiste à créer des situations inextricables pour ses personnages, qui les obligent à chercher une issue de secours qu’ils ne peuvent trouver qu’au prix d'une crise profonde. En explorant les ressorts de cette crise, Molière nous conduit là où se révèle la nature paradoxale de l’homme. Il déterre les points névralgiques, ou plutôt les « nerfs enflammés » autour desquels s’articule l’humanité de l’homme. Ces points essentiels, mis au grand jour, paraissent surtout inconvenants et gênants. Ces points sombres sont l’endroit où se croisent les différentes modulations du désir et de la foi, à travers le mensonge, la convoitise, l'hypocrisie et la calomnie, que Molière expose de manière particulièrement habile. C'est ce regard aiguisé qui dérange chez Molière. À travers ses pièces, le public se trouve confronté à des régions très sombres de l'homme, alors même que la puissance de l’écriture le conduit à en rire : le spectateur se sent lui-même démasqué, et par là mis en danger dans sa « normalité ». C’est pourquoi on a parfois préféré considérer ses textes comme des objets de musée destinés à nous divertir, mais sans nécessairement nous toucher ou nous rendre vulnérables. Or Molière, pour moi, est l'anticonformiste par excellence, celui qui n'arrête jamais de poser les questions qui fâchent, celui qui dénonce toute tentative de substituer aux formes artistiques et humaines un conformisme ambiant. Ses pièces sont des expériences en temps réel – puisqu'il s'agit de théâtre – qui révèlent les rouages de ces arrangements – entre personnes et de soi à soi – qui éclipsent le véritable potentiel humain, et le remplacent par des stratégies de survie et des jeux d'ego, lesquels ont surtout pour conséquence de priver chacun de sa propre liberté.
Tartuffe
Qui est-il, d’où vient-il, et quelle est son histoire ? Le texte de Molière ne dit presque rien de ce personnage pourtant central, sauf, à la fin de la pièce, qu’il n’en est pas à sa première tentative de tromperie (« un fourbe renommé dont sous un autre nom il [le Prince] était informé », Acte V, scène dernière). La structure du texte peut suggérer que Tartuffe, plus fondamentalement, est le révélateur du vide qui habite et transit la famille. Tartuffe apparaît à Orgon comme la réponse aux questions muettes qui le hantent. Dans cette rencontre, Orgon éprouve quelque chose d'inédit et d’intense : quelque chose qui, pour la première fois, le touche jusque dans les profondeurs de son être. Dans le rapport qu’il tisse entre Orgon et Tartuffe, Molière parvient à toucher quelque chose de la nature du vide, et de ses deux versants contradictoires. D’un côté, un néant destructeur, le vide du nihilisme, dissout tout horizon de sens et disloque toute espèce de rapports humains ; de l’autre, la vacuité est source d’une aspiration profonde, d'un irrépressible désir d’absolu : le vide comme soif et moteur de l'illumination. Tartuffe est engendré par ce(s) vide(s), ce qui peut expliquer la nature mystérieuse du personnage. On sent bien qu’à l’instar de Molière lui-même, Tartuffe est au départ animé par une passion à la fois de radicalité et de vérité. Mais l’on constate également que chez lui, ce mouvement est perverti : c’est seulement une vérité « inversée » ou pathologique qu’il arrive à déployer. Avec lui, il n’y a jamais de véritable rencontre, sinon celle de son propre reflet dans le néant d’autrui. Chez lui, le désir et la vérité se transforment en faim ou en voracité, qui annihilent et digèrent tout ce qu’ils touchent. Cette faim est son seul moteur. Il s’attaque ainsi à toutes les formes de vie, d’amour et de création qu’il rencontre, comme si leur destruction pouvait l’apaiser, ou rendre sa propre décréation supportable. Mais cela ne fait qu’augmenter la souffrance de son néant intérieur : ce cercle vicieux est l'enfer habité par Tartuffe.
La piece est très bien jouée et Denis Podalydes et Michel Vuillermoz sont vraiment excellents. Les décors et les costumes sont très bien également avec cependant quelques concessions (il en faut hélas toujours au moins une) incompréhensible à la modernité obligatoire: des anachronismes (lampe électrique, téléphone) et les grosses têtes des envoyés du prince dont le sens et l'intérêt m'échappent.
Décors et costumes parfaits. De bons acteurs. Un immense texte. Le tout desservi par une mise en scène qui fait s'agiter les acteurs et surtout les fait crier au détriment d'une bonne compréhension.
Un immense classique , et de très bons acteurs.
Performance et mise en scène exceptionnelles
Pour 30 Notes
La piece est très bien jouée et Denis Podalydes et Michel Vuillermoz sont vraiment excellents. Les décors et les costumes sont très bien également avec cependant quelques concessions (il en faut hélas toujours au moins une) incompréhensible à la modernité obligatoire: des anachronismes (lampe électrique, téléphone) et les grosses têtes des envoyés du prince dont le sens et l'intérêt m'échappent.
Décors et costumes parfaits. De bons acteurs. Un immense texte. Le tout desservi par une mise en scène qui fait s'agiter les acteurs et surtout les fait crier au détriment d'une bonne compréhension.
Un immense classique , et de très bons acteurs.
Performance et mise en scène exceptionnelles
Un grand classique revisité par une mise en scène inventive et remarquablement interprété : du grand théatre !!!
excellente mise en scene. Michel Vuillermoz est tartuffe . Encore un spectacle de la comédie française à voir et revoir.
Très bonne mise en scène avec des beaux costumes. Très drôle (même si pas autant que d'autres pièces de Molière) et très bons acteurs. Un pur plaisir !
Excellente mise en scène. Excellents acteurs qui articulent bien et jouent bien.J'ai eu beaucoup de plaisir et je ne puis que recommandé ce spectacle donné à la Comédie française
Mise en scène moderne très vivante, décors sobres mais très élaborés, costumes de style classique mais avec un côté moderne et les acteurs tous formidables. Mon ado de 15,5 ans, qui avait étudié le texte cette année en seconde, a été emballé.
On ne s'en lasse pas. Mise en scène excellente, décor très original, costumes fabuleux, et acteurs d'exception. Tout au niveau pour Molière toujours aussi génial.
La mise en scène est remarquable y compris et surtout la dernière scène toujours peu crédible et un peu cirage de chaussures pour le roi. Mais on sentait la troupe un peu fatiguée et Daniele LEBRUN en remplacement sans doute de dernière minute ne savait pas son texte et s est faite souffler dans les premières scènes. Quand même Tartuffe est un classique, il fait partie du pack de base ! Ne pas savoir ses répliques cela fait tache ! Didier Sandre pas mal un peu en dessous quand même mais Michel Vuillermoz EST tartuffe, grand très grand et très détestable !
Les acteurs excellents et la mise en scène ingénieuse mettent brillamment en valeur le texte de Molière et en révèlent la surprenante modernité. Un très beau moment de théâtre !
Très belle mise en scène moderne en respectant le texte. Coup de chapeau aux costumes et au décor.
Vraiment magnifiques interprétation et mises en scène ! Bravo !
Dommage que la voix de deux comédiennes soit un peu inaudible . Les autres sont excellents
Place Colette 75001 Paris