Le Tartuffe

Paris 14e
du 30 mai au 15 juillet 2006
2H15

Le Tartuffe

"Monter Le Tartuffe c’est pour moi continuer un travail entamé il y a longtemps maintenant : l’exploration, au-delà du poids des conventions et des clichés emperruqués, des thèmes qui traversent le texte moliéresque : le trouble de l’identité, l’ego tyrannique, les masques du désir, les pulsions sadiques, les fantasmes de meurtre et de domination." René Loyon

« Voici une comédie dont on a fait beaucoup de bruit, qui a été longtemps persécutée ; et les gens qu’elle joue ont bien fait voir qu’ils étaient plus puissants en France que tous ceux que j’ai joués jusqu’ici. » Molière in Le Tartuffe - préface

Le Tartuffe ou la montée de la peur
Note de mise en scène
La presse

  • Le Tartuffe ou la montée de la peur

Si Le Tartuffe fascine toujours, ce n’est pas seulement parce que Molière y dépeint avec brio le caractère fameux de « l’hypocrite », c’est parce qu’il touche d’une façon saisissante, le mystère du mal, soit l’esprit de secte et la volonté de toute-puissance. Avec Tartuffe, fait irruption dans une famille bourgeoise « normale » - c’est à dire plus qu’aisée dans une société où la pauvreté règne massivement - un personnage de déclassé, un gentilhomme devenu gueux qui n’a de cesse, sous les apparences d’une vertu implacable, de mettre la main sur le magot, c’est à dire de tirer un parti maximum de l’emprise psychique dans laquelle il tient le chef de famille pour s’accaparer le pouvoir et les jouissances qui l’accompagnent : sexe, bouffe, etc …

Qu’est-ce qui le fait agir ? Autre mystère : l’envie, le désir de revanche sociale, un sentiment intime d’humiliation ? C’est aussi une grande force du texte de Molière que de nous ouvrir les pistes qui permettent d’aller au-delà des clichés manichéens de type hollywoodien et de donner au personnage de « méchant » une épaisseur tout simplement humaine.

Mais, Tartuffe, qui n’est peut-être au fond qu’un pitoyable escroc , n’est pas le seul à représenter les ravages du mal. Orgon, sa victime, poussé par l’angoisse d’un manque existentiel, mais aussi par une dangereuse pulsion de mort, un imparable esprit de destruction, cédant aux injonctions de Tartuffe, entreprend de foutre en l’air ce qui constitue son monde, sa famille, l’ordre social tissé de relations complexes qui lui permet d’exister. « Je ne veux pas qu’on m’aime », « Je vous brave tous » sont des cris de guerre. Et il y a dans cet aveugle désir d’absolu, dans cet acharnement maniaque à piétiner sa vie, à prétendre échapper à la médiocrité du sort commun, quelque chose d’infiniment troublant. Orgon, c’est la tragédie même de celui qui voulant le bien fait le mal.

Et c’est encore un tour de force de Molière de nous montrer les effets de ce mal sur la cellule familiale : chacun, à sa façon, fils, fille, femme et valets, est atteint - mis à nu - amour et inhibition mêlés, dans son rapport au père, au chef de famille défaillant ; et la conclusion logique de la pièce serait celle de la gangrène généralisée du groupe si Molière ne faisait intervenir in fine, une figure rêvée, celle de l’exempt, envoyé d’un roi de droit divin, venant - merveilleusement - rétablir les plateaux de la balance du bien et du mal. (Il y a là certes l’hommage obligé d’un homme de théâtre à son roi de qui dépend la survie de son œuvre, mais on peut y lire aussi la croyance naïve qui était celle de Molière à cette époque dans la suprême équité du Père).

Mais dans la vie, l’histoire du XXème siècle avec ses vertueux et sanglants totalitarisme nous le rappelle sans cesse, les happy ends sont loin d’être obligatoire. Quand le mal s’installe - et le ventre est toujours fécond d’où peut surgir la bête immonde - si rien n’est fait pour le combattre, le pire est toujours sûr. C’est l’incomparable grâce de Molière d’avoir su si bien décrire ce qu’on appelle aujourd’hui la dissolution du lien social et la montée de la peur qui l’accompagne. Dans les temps de confusion qui sont les nôtres, le regard tranchant qu’il porte sur la réalité du monde est on ne peut plus revigorant .

Si l’on ajoute que, par destination, Le Tartuffe est la pièce qui met en scène avec le plus d’acuité la question des faux semblants de l’amour propre, de la difficulté d’atteindre la vérité de l’autre derrière le masque des mots, de l’illusion - du théâtre, donc, celui qu’on se joue à soi-même - on ne peut que rendre grâce à Jean-Baptiste pour tous ses bienfaits.

René Loyon

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  • Note de mise en scène

Monter Le Tartuffe de Molière, c’est pour moi continuer un travail entamé il y a longtemps maintenant : l’exploration, au delà du poids des conventions et des clichés emperruqués, des thèmes primordiaux à mes yeux, qui traversent le texte moliéresque : le trouble de l’identité, l’ego tyrannique, les masques du désir, les pulsions sadiques, les fantasmes de meurtre et de domination. « Ce grand aveuglement où chacun est pour soi » (dixit Célimène à propos d’Arsinoé). Il s’agit toujours, en n’abandonnant rien des exigences formelles de la langue de Molière, de se concentrer, en quelque sorte, sur la dimension intime, la vérité secrète des comportements des personnages d’une œuvre où vie sociale et vie psychique sont étroitement tissées.

On retrouvera donc dans ce Tartuffe l’esprit qui nous a guidé dans la mise en scène des Femmes savantes - même simplicité de moyens, même attention portée à l’écoute, à la plénitude du sens. Et il s’agira là encore de mettre en scène l’enfermement dans le cercle de la famille bourgeoise tel que raconté avec obstination par Molière dans nombre de ses pièces.

Dans celle-ci, c’est là sa force singulière, fait irruption un personnage étrange qui prétend parler au nom de Dieu - que dirait-on aujourd’hui : un fondamentaliste ? Un pervers narcissique ? Un gourou ? - et qui sait, pour son profit, exploiter les failles, repérer les manques, les désirs inaccomplis du chef de famille. Ce faisant, il provoque le désordre, met en péril la cellule familiale - et, au delà, la société toute entière dont celle-ci est la métaphore. C’est ce travail de fascination, d’hypnose presque, tel que l’exerce Tartuffe sur Orgon qui m’intéresse. Dans la période de bouleversements que nous vivons, il n’est pas inutile de s’interroger avec Molière sur les racines du fanatisme et la violence qui en découle.

René Loyon

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  • La presse

« Tous les comédiens chevronnés, admirablement dirigés, nous donnent ici à entendre de multiples niveaux de sens et, par leur éloquence, leur expressivité orale, gestuelle, rendent à la pièce son éclat d’origine. Petit chef d’œuvre. » Réforme

« Avec simplicité, René Loyon, le metteur en scène, fait la brillante démonstration de son intelligence de l’œuvre de Molière. Et de son talent de directeur d’acteurs. »
Le Parisien

« Percutant comme le scandale que la pièce fit à sa création. » Zurban

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Théâtre 14

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  • Bus : Porte Didot - Lycée Raspail à 48 m, Victor Hugo à 281 m, Porte de Vanves à 362 m
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Théâtre 14
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Spectacle terminé depuis le samedi 15 juillet 2006

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