Le Théâtre et son double est d’abord une ode à la vie. Une déclaration d’intérêt vif à ses manifestations et son langage sans limitation.
Dans ses premiers textes, Artaud décrit l’impression violente qu’il appelle une décorporisation de la réalité, l’impression de ne pas avoir de corps, de ne pas être en vie, citant Rimbaud. C’est un mal profond qui a été diagnostiqué quand il avait 18/20 ans comme une neurasthénie comme on disait à l’époque, il a été réformé du service militaire et a pu échapper à la guerre de 1914. Il avait un mal de vivre terrible qu’il a décrit avec une force extraordinaire et c’est là ce paradoxe qui fait dès le départ le caractère unique d’Antonin Artaud.
Evelyne Grossman
Le Théâtre et son double est d’abord une ode à la vie. Une déclaration d’intérêt vif à ses manifestations et son langage sans limitation. Comédien incandescent, Antonin considérait le théâtre comme une « réalité virtuelle » où le corps traverse tous les états du vivant sans restriction de chair et d’esprit. Par le plateau, il tentait de retrouver toutes les parts manquantes de ce que vivre veut dire. Il a fait du théâtre l’espace possible de toutes les métamorphoses dans une lutte constante contre la fixité irrémédiable des choses. Un espace de recouvrement possible des parts manquantes dans une quête chantée et gesticulée afin de retrouver son intégrité physique et mentale. Une danse de vie pour contrer l’effondrement de l’être.
Khadija El Mahdi
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