Le Triomphe de l’amour

Boulogne Billancourt (92)
du 6 au 17 octobre 2010

Le Triomphe de l’amour

CLASSIQUE Terminé

Léonide, princesse de Sparte, sait son titre usurpé : son oncle vient de renverser le roi en place. Lorsqu’elle voit pour la première fois Agis, le prince légitime, elle en tombe amoureuse. Ne pouvant le séduire sous son véritable nom puisque le prince la considère comme son ennemie, Léonide décide de se déguiser en homme…
  • La pièce

Léonide, princesse de Sparte, sait son titre usurpé : son oncle vient de renverser le roi en place. Lorsqu’elle voit pour la première fois Agis, le prince légitime, elle en tombe amoureuse. Ne pouvant le séduire sous son véritable nom puisque le prince la considère comme son ennemie, Léonide décide de se déguiser en homme…

Il y a dans l’oeuvre de Marivaux une grande profondeur sur des sujets qui font encore écho aujourd’hui. Son théâtre utopiste traite de la métaphysique du coeur, confronte ironie et émotion, libertinage et amour absolu. Marivaux donne dans cette comédie romanesque le pouvoir et la liberté de parole aux femmes. Il y exprime la passion dans la lumineuse intelligence de son siècle pour un triomphe de l’amour vrai sur l’amour faux.

Léonide représente une femme en avance sur son époque. C’est une tornade d’humour et de grâce capable de décider, d’imposer, de se comporter en homme tout en nous faisant admirer la virtuosité théâtrale de sa coquetterie. Jacques Osinski, directeur du Centre Dramatique National des Alpes depuis 2008, s’inscrit dans le paysage d’une génération novatrice. Il a pour ambition de trouver de nouvelles formes de dialogue autour de projets artistiques forts.

Il célèbre dans cette nouvelle production la légèreté de la vie, confronte les personnages à une moquerie ravageuse et nous rappelle cette formidable liberté de ne pas être toujours sage. Il met en scène une oeuvre propice au plaisir de parler une langue unique, à lajoie de jouer, au bonheur de se travestir pour un rêve insolent.

  • Note d'intention

 " Qu’est-ce que c’est que cette effronterie d’une reine qui vient déclarer son amour à tout ce qui entoure son amant, dans la seule vue de parvenir jusqu’à lui ? » s’étonnait le marquis d’Argenson à propos du Triomphe de l’amour… Aujourd’hui, c’est bien cette « effronterie » qui me touche dans la pièce, ce formidable aplomb du personnage de Léonide, princesse droit dans ses bottes, séduisant tout sur son passage, tornade d’humour et de grâce. Il souffle comme un grand vent de liberté dans Le Triomphe de l’amour. Tout s’y passe autrement que ne le voudraient les conventions.

Marivaux mène une intrigue romanesque dans un cadre antique et le contraste est réjouissant. Une princesse n’en fait qu’à sa tête, un frère et une sœur vivent ensemble, en « sauvages », éloignés de l’amour, élevant en cachette un beau jeune homme… Tout est « hors-cadre » dans cette pièce. Tout va vite. Rien ne résiste à Léonide.

Dans le Triomphe de l’amour, et c’est assez rare pour être souligné, c’est une femme qui mène la danse. C’est elle qui tombe amoureuse la première, c’est elle qui séduit, c’est elle qui commande. Face à elle, Agis est un prince bien malléable. Il n’y a aucune fragilité en Léonide. Elle sera jouée par Aline Le Berre, à la fois forte et légère, qui fut déjà pour moi une formidable Paulina dans Le Conte d’hiver. Léonide n’est pas une poupée aimable. Plus que par les mots, elle se révèle par les actes. Princesse de Sparte, elle est libre de ses choix et de ses mouvements. Elle n’a de compte à rendre à personne. Non contente de se déguiser en homme, Léonide, bien avant le XXe siècle, se comporte en homme.

Il est arrivé que l’on compare Léonide à Dom Juan… En montant Le Triomphe de l’amour, je crois pouvoir retrouver quelque chose de la formidable liberté que m’avait offert mon travail sur la pièce de Molière, cette assise rassurante qu’offrent les textes classiques, ces personnages solides comme un roc. Léonide a en commun avec Dom Juan quelque chose d’implacable, une volonté plus forte que tout. Il n’y a chez elle pas de place pour le doute.

Sûre de sa séduction, sûre de sa réussite, elle marche droit au but, sans faillir, se comporte sans complexe « comme une aventurière » pour reprendre l’expression quelque peu scandalisée de La Porte, contemporain de Marivaux. Mais tout cela, elle le fait avec un éternel sourire aux lèvres, comme sans y penser, avec l’air de ne pas y toucher. Contrairement à Dom Juan, Léonide ne se mêle pas de métaphysique. Ce qui compte, c’est la vie semble nous dire Marivaux.

« Malepeste ! De l’amour dans cette maison-ci ? Ce serait une mauvaise auberge pour lui ; la sagesse d’Agis, d’Hermocrate et de Léontine, sont trois sagesses aussi inciviles pour l’amour qu’il y en ait dans le monde ; il n’y a que la mienne qui ait un peu de savoir-vivre.» s’écrie le joli Arlequin au début de la pièce. Avant l’entrée en scène de Léonide, Agis, Hermocrate et Léontine refusent l’amour. Ils sont comme les « eaux dormantes » dont parle Georges Poulet à propos des personnages de Marivaux dans ses Etudes sur le temps humains.

Léonide est une joueuse lâchée au milieu de personnages endormis. Elle les éveille l’un après l’autre et les révèle à eux-mêmes. Le Triomphe de l’amour célèbre le surgissement de la vie dans un univers policé. On peut voir Hermocrate et Léontine comme les grands perdants de l’histoire puisqu’ils ont été trompés. On peut aussi penser qu’en les regardant et en leur renvoyant une nouvelle image d’eux-mêmes par l’intermédiaire des portraits qu’elle a fait faire, Léonide leur ouvre les portes de la vie. Agis, lui, devient un homme. Au milieu de tout cela, les valets s’en donnent à cœur joie, ressorts élastiques des intrigues de Léonide, observateurs amusés de ses entreprises. Ils ont ce souffle en plus qui leur donne le naturel de la vie. Tous, ils ont la grâce de ne pas être des caricatures.

Alors bien sûr il y a de la profondeur et de la noirceur chez Marivaux, bien sûr les entreprises de Léonide prennent leur source dans sa culpabilité, bien sûr on peut la trouver cynique et chercher vainement un amour véritable dans Le Triomphe de l’amour, mais je crois que j’ai envie de laisser la noirceur de côté pour célébrer la légèreté et la vie. Au sortir de ma Trilogie de l’errance et du Grenier, comédie contemporaine qui aborde des problèmes de société, j’ai envie de retrouver la liberté qu’offre un texte classique, de ne le ramener à rien d’autre qu’à lui-même et de profiter de la joie qu’il nous apporte : joie de parler cette langue unique, joie de jouer, joie de se travestir.

Pour moi, monter Le Triomphe de l’amour, c’est retourner à la source du théâtre, au bonheur de se déguiser et d’être un peu insolent parce qu’on est déguisé. Je retrouverai Marivaux pour la deuxième fois. Il accompagna mes débuts : L’Ile des esclaves fut ma première mise en scène. Je voulais y dire beaucoup de choses, trop de choses sans doute. J’ai grandi et je renoue la boucle. Aujourd’hui en montant Le Triomphe de l’amour, je sais qu’il faudra laisser le texte libre et parler de lui-même. Il y a une moquerie ravageuse dans le Triomphe de l’amour. Je voudrais que la pièce soit comme un rêve pour les spectateurs, un rêve insolent et moqueur, comme un coup de vent qui nous rappellerait à tous de ne pas être toujours sages. " 

Jacques Osinski

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Spectacle terminé depuis le dimanche 17 octobre 2010

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