Le feu, c’est l’élan, le désir, la passion, l’intensité de la vie qui nous anime ; ce qui est là, partout, dans chaque chose, et qu’on ne saurait définir ou contenir ; l’absolu, l’invisible, l’innommable qui nous fonde.
La tâche de la poésie est justement de faire sentir ce feu à l’Homme pour lui rappeler, lui « bassiner les oreilles » comme dit Whitman, qu’il est cet infini qui le traverse, pour l’encourager à se libérer des prisons dans lesquelles il passe son temps à enfermer la vie, pour ouvrir incessamment son horizon.
Cinq grands poètes sont partis à la conquête de ce feu. Ils chantent chacun leur expression de l’absolu, de la chute à la célébration.
Mais, au fond, et paradoxalement, peu importent les mots, c’est le feu qui nous rassemble qui est essentiel. Car, qu’il rende fou le poète ou qu’il l’enchante, c’est toujours lui, et lui seul qui brûle, sans jamais se consumer.
Le reste appartiendra toujours au rêve...
L’erreur ancestrale de notre culture est celle-là même qui la fonde : croire que nous sommes déchus, séparés, incomplets, et, folie des folies ! Que nous sommes condamnés pour toujours à cet état !
Pour se consoler, l’Homme s’est rêvé sublime. Il s’est ému de son sort, s’est complu dans le drame insoluble qu’il pensait être sa condition, et en a tiré les accès les plus pathétiques. Cette beauté déchirante et mélancolique est devenue le nerf et l’orgueil de l’âme occidentale. « Nous sommes petits, certes, mais comme nous sommes beaux ! » est le murmure qui résonne à travers tous les chefs d’oeuvres modernes, de Shakespeare en passant par Racine, Stendhal, Balzac, Dostoïevski, et plus près de nous, Pessoa, London, Hesse, Camus... La liste est immense !
Et si c’était faux ? ! Et si nous Étions, avant même ce rêve des êtres et des formes ? Et si notre vérité ultime était la plénitude ?
L’expérience concrète nous le rappelle à chaque instant. Nous surplombons l’existence.
Nommer, c’est faire exister. Eh bien, n’est-ce pas nous qui avons tout nommé ?
Nous nous assimilons au fini ; nous allons jusqu’à faire un drame de notre finitude, sans voir que nous avons nous-mêmes créé nos limites à travers l’illusion du langage et que notre véritable nature les englobe !
Hugo l’avait pressenti ; Nietzsche l’avait vu ; Whitman le savait. Ils répondent tous trois, de manière exponentielle, à Baudelaire et Rimbaud, qui furent, bien que géniaux, les représentants malheureux du sublime occidental.
Il ne s’agit pas, dans ce spectacle, d’établir une hiérarchie entre ces poètes. L’innocence fondamentale des êtres et des choses, qui est ma seule conviction, me l’interdit. Mais de tenter d’exprimer, à travers le choix des poèmes et de leur agencement (de la chute à la célébration), qu’une autre perception de l’Homme, plus profonde, plus haute, et surtout plus heureuse, est possible.
Nous pouvons continuer à nous prendre pour de petites formes éphémères séparées de la vie, à creuser la plaie d’une chute imaginaire pour nous émouvoir narcissiquement sur notre condition, en somme, à célébrer ce qui nous tue !
Ou nous pouvons ouvrir les yeux et prendre la mesure de ce que nous sommes réellement ; nous rendre compte que nous n’avons jamais été séparés de la vie qui nous traverse puisque nous la comprenons ; prendre conscience que nous sommes déjà ce que nous cherchons dans le devenir puisque nous sommes le feu qui l’anime.
La beauté ne deviendra ni niaise, ni idéaliste. Le drame demeurera toujours le combustible de l’Homme. Mais il changera de sens. Au lieu de nous figer dans l’impossible, il révèlera notre transcendance.
C’est cette nouvelle perspective que je voudrais transmettre.
un excellent tour d'horizon de la poésie et de son évolution des romantiques à nos jours, avec une explication très séduisante des différentes expressions poétiques
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un excellent tour d'horizon de la poésie et de son évolution des romantiques à nos jours, avec une explication très séduisante des différentes expressions poétiques
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