Une intrigue aussi simple qu’ingénieuse : appelés à se marier sans se connaître, les deux jeunes premiers – Silvia et Dorante - ont chacun de leur côté recours au même subterfuge. Tous deux se travestissent en leurs valets respectifs, laissant au « jeu de l’amour et du hasard » le soin de faire le reste.
Comme le dit Marivaux, « C’est une aventure qui ne saurait manquer de nous divertir ». De fait, tout fait théâtre dans la pièce, tout est prétexte au jeu - jeu de la séduction, jeu de la transgression sociale, de la feinte et du non-dit. Le plaisir des personnages à entrer consciemment dans la danse s’apparente à celui du comédien, qui prend un plaisir jouissif à feindre, tout autant qu’à celui du public, qui accepte joyeusement d’être floué.
Par la Compagnie des Francs Menteurs. Distribution en alternance.
Le Jeu de l’Amour et du Hasard est d’une pureté théâtrale sans égale dans le répertoire. Elle le doit, entres autres, à la vitalité et la fougue de ses personnages, à l’ingéniosité du dispositif comique et à la poésie de son langage qui est au centre de l’intrigue.
Comme dans toutes les grandes pièces comiques, le tragique est sous-jacent. Ne dérogeant pas à cette règle, Marivaux met en exergue un indéniable paradoxe : la joie d’aimer pour la première fois n’a d’égal que le danger inhérent à ce sentiment inconnu. Trouver « l’endroit juste » qui permet trait de mettre en avant l’apparente légèreté, le langage amoureux mais aussi la gravité des situations.
Pour cela, nous avons opté pour un plateau nu, obligeant ainsi les comédiens à un engagement total dans le texte et dans le corps. Lors même que ces derniers se retrouvent en contradiction durant toute la pièce : les mouvements des personnages sont contrariés par leurs pensées, leurs désirs. Ce ne sera qu’au dénouement, que le mot retrouvera un accord avec le corps.
Mais cette pièce est avant tout un hymne au théâtre. Elle met en scène le jeu théâtral : les acteurs jouent un personnage qui joue un rôle. Cela demande une sincérité et un naturel double : car ce jeu peut les emmener à tout perdre. Le spectateur, sachant tout à l’avance, se retrouve ainsi dans une position de voyeur.
Enfin, les costumes ne cherchent pas à reconstituer le XVIIIe siècle mais à raconter les personnages : en utilisant le plaisir théâtral du « déguisement » avec des jeux de couleurs, de forme, de tissus et d’époque, le costume est abordé comme un artifice au service du jeu.
« On passe une heure quarante cinq de bonheur. On écoute. On jubile. On rit, on pleure. On admire ces jeunes comédiens à l’articulation parfaite. Bravo au directeur du Théâtre de Belleville, qui soutient les jeunes avec audace et intelligence. » Armelle Héliot, Le Figaro, le 18 août 2013
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