Le texte original
L'histoire
La dramaturgie,
ladaptation et lécriture
Les protagonistes du drame
La dimension visuelle
La dimension musicale
Le jeu dacteur
Perspectives
Le Livre du Temps est le fruit dune triple rencontre, humaine, culturelle et artistique :
Rencontre avec un texte, le POP WUJ, principal recueil mythologique et légendaire de lAmérique Centrale précolombienne. Rencontre entre des jeunes créateurs français et de jeunes artistes Mayas-Quiché, Kakchiquels et métis du Guatemala. Rencontre avec un metteur en scène franco-guatémaltèque, Mario González, professeur de théâtre masqué au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique, dont le savoir faire et lexigence artistique ne sont plus à prouver.
La genèse de ce spectacle fut longue et pleine de surprises. Le POP WUJ, texte fascinant et méconnu du grand public, donna lieu à la création en langue française dune première version pour le théâtre intitulée La Graine dAmérique, présentée en septembre et octobre 1996 à la Maison des Cultures du Monde à Paris, par les comédiens de la Compagnie Tour de Babel.
Sous limpulsion de Mario González qui depuis lors a activement participé au processus de répétitions, le spectacle se transforma radicalement. Il fut entièrement réécrit en langue espagnole et en langue Quiché, et recréé avec la collaboration de sept artistes guatémaltèques, au Festival International PAIZ dAntigua-Guatemala en février 1999 sous le titre El Libro del Tiempo.
LUNESCO, dans le cadre du mouvement Théâtre et Culture de la Paix, lAmbassade de France au Guatemala, le D.A.I. du Ministère de la Culture et lA.F.A.A. ont assuré le financement de ce projet original, qui témoigne de la possibilité de mettre en relation différentes cultures sur le fondement de structures de pensée et de formes symboliques communes à tous les êtres humains. La Culture de la Paix, en effet, prend naissance sur le territoire imaginaire quest la scène, puisque " cest dabord dans lesprit des hommes que doivent être édifiées les défenses de la paix ", comme laffirme lacte constitutif de lUNESCO. La version française du spectacle, Le Livre du Temps, est créée au Théâtre de l'Epée de Bois (Cartoucherie) à Paris, du 19 janvier au 13 février 2000.
Le texte original
Le POP WUJ, manuscrit anonyme en langue Maya-Quiché, fut découvert au XVIIe
siècle par le Père Jimenez, dans léglise de Chichicastenango, petit village des
hautes terres du Guatemala. Il a colporté jusquà nos jours lhistoire des
Dieux, des hommes et de la nature en terre Maya.
Document sujet à controverse quant à son authenticité et son ancienneté, il a été qualifié soit de " texte fortement marqué dinfluences chrétiennes ", soit, par des savants comme Raphaël Girard (dont luvre colossale ne fut pas rééditée depuis sa parution en 1950), de " document inestimable livrant la clé de linterprétation et de la compréhension de lancienne culture Maya de la période classique ".
Malgré plusieurs versions du texte (dont une par Miguel Angel Asturias), cest la traduction de Don Adrian Inés Chávez, anthropologue Maya-Quiché, que nous avons choisie. Son langage simple, direct et imagé est intensément dramatique, et de plus, cette version est la seule à avoir été établie par un savant de culture et de langue Maya-Quiché.
L'histoire
Avant le commencement du monde, Ixmucané, père et mère des Dieux, détient
les oracles. Avec son fils Hunrakan, le Dieu du Ciel, ils décident d'accomplir la
création de la Terre, des plantes et des animaux. Mais quand vient le tour de l'homme,
les Dieux se heurtent à plusieurs échecs: d'abord modelée dans l'argile, puis dans le
bois, la nouvelle créature déplait à Hunrakan, qui décide de mener à bien la
construction d'un homme véritable capable de parler et de les honorer.
Les prédictions lui révèlent qu'un tel homme ne pourra naître que de la germination du maïs et qu'il doit en planter la graine au cur du royaume souterrain de Xibalba, où le Dieu des Enfers, Suprême Mort, règne en maître absolu.
Bientôt, dans ce monde de ténèbres, Hunrakan est capturé, puis sacrifié, mais son esprit ressuscite sous la forme d'un arbre à calebasses, et il parvient à féconder Ixquic, la fille du roi des morts. Celle-ci s'évade de Xibalba et donne naissance à Jun Ajpu Ixbalanqué, héros androgyne qui deviendra plus tard le Soleil et la Lune.
Fort de la science magique héritée de son père, l'enfant du ciel et des enfers poursuivra son uvre et partira à nouveau à la recherche de la précieuse graine. Il traversera un cauchemar magique qui le mènera à la victoire et à la création des hommes de maïs.
La dramaturgie,
ladaptation et lécriture
Comme tout texte mythologique majeur, le POP WUJ est extrêmement riche en
séquences narratives, métaphores et paraboles se rapportant à de multiples aspects
rituels, coutumiers, agricoles, calendaires et historiques de la civilisation
Maya-Quiché. Pour son adaptation au théâtre, nous n'avons toutefois retenu que la
première et la seconde partie du livre, qui racontent la création du monde et les
premières ébauches de lhumanité, la lutte entre les puissances célestes et les
puissances souterraines, la mort du Dieu du Ciel, la conception et la naissance
miraculeuse de son enfant, et la création achevée des hommes de maïs, hommes solidaires
et unis comme les grains autour de lépi.
Ce choix a été gouverné par une triple nécessité:
Respecter lEsprit de luvre, en transmettre le message essentiel et
loriginalité au public international, malgré les trahisons formelles
quimpose la transposition scénique.
Ne retenir dans le texte que les schémas narratifs ou les formes symboliques de
caractère transculturel, renvoyant à dautres mythes à dimension
universelle : Cosmogonies chinoises, égyptiennes, hindoues, chrétiennes, qui
reflètent la configuration de lunivers en trois niveaux cosmiques
(Ciel-Terre-Enfer) et son orientation suivant les quatre points cardinaux
(Est-Ouest-Sud-Nord). Epopées des grandes civilisations et cultures du monde, illustrant
la lutte et la coopération dans le mouvement universel des puissances de la Lumière, de
la Vie et de la Civilisation avec les puissances de lObscurité, de lInertie,
de la Barbarie et de la Mort. Symbolismes végétaux et astronomiques illustrant le
mystère de la mort et de la résurrection. Double origine de lhumanité :
terrestre et céleste, démonique et divine.
Donner de ce texte une lecture contemporaine, en lutilisant comme support à une
création interculturelle reflétant une vision du monde en formation.
Les protagonistes du drame
Un chur de trois femmes narrant en langue Maya-Quiché les différents épisodes
du POP WUJ. Il fait le lien entre les scènes, accompagné dune conteuse-coryphée
parlant en langue espagnole ou française, selon un procédé dramatique qui associe des
éléments du théâtre grec aux traditions du conteur.
Un groupe de six comédiens interprète les différents Dieux, à travers
lutilisation du langage articulé, de cris et donomatopées, et dun
langage purement corporel, mêlant les structures des drames dansés et rites mayas à
celles des théâtres traditionnels orientaux et à des canevas de la Commedia
DellArte.
Fondé sur une écriture dramatique au service de lacteur et consciente des
exigences scéniques, le texte de la pièce sest modifié au fil du processus de
répétitions en étroite collaboration avec les comédiens, le metteur en scène et les
musiciens.
La dimension visuelle
Conformément aux choix dramaturgiques, la scénographie du spectacle se
fonde sur lutilisation par le comédien du masque, du costume et de lobjet
scénique pour construire des images symboliques et suggérer les différents changements
de lieux. En fond de scène et en fixe, un rideau noir permet les entrées et sorties des
personnages. Côté jardin, une structure en bambou modulable, sur laquelle sont
accrochés des instruments dorigines et de formes diverses, sert despace pour
les musiciens.Laction se déroule dans les limites dun cercle tracé sur le
sol de la scène, symbolisant le Monde. A lextérieur du cercle, des espaces
secondaires sont aménagés pour le chur et la conteuse, quand ils ne prennent pas
part à laction.
La simplicité de ce dispositif scénique laisse à la mise en scène et à linterprétation une grande liberté, permet ladaptation du spectacle à différents rapports avec le spectateur (frontal, semi-circulaire et circulaire), ainsi que la création dune lumière adaptée à chaque lieu daccueil et la présentation du spectacle en salle ou en extérieur. Sur le plan esthétique, les masques, costumes, accessoires et marionnettes, fruits dune création interculturelle, s'inspirent de lart Maya ancien, tout en y associant des éléments appartenant aux créations de lart et de lartisanat Maya contemporain et aux traditions orientales du masque et du costume.
La dimension musicale
Deux musiciens soutiennent le déroulement de laction, soit en lillustrant
mélodiquement, soit en créant des atmosphères sonores et des effets de bruitage, soit
en rythmant la chorégraphie par de grands mouvements percussifs. Comme dans les
théâtres traditionnels et sur un mode épique, à chaque personnage ou groupe de
personnages, sont associés un thème et des sonorités proches de son caractère, afin de
renouer avec une utilisation symbolique des textures musicales. La plupart des instruments
utilisés sont ceux qui étaient en usage à lépoque préhispanique dans le monde
méso-américain et andin: percussions à eau, litophonies, carapaces de tortues,
teponazlis, bâtons de pluie, conques, ocarinas, flûtes de terre, de bambou et de bois,
flûtes de pan...
Se mêlent à ces sonorités, dans une perspective interculturelle, les instruments en usage dans les théâtres orientaux (métalophonie) et les traditions africaines ou afro-américaines (sanzas, djembé, balafon, etc ).
Le jeu dacteur
Le jeu dacteur obéit aux conventions en usage dans les théâtres
masqués et maquillés. Il sappuie principalement sur les expressions corporelle et
vocale, et comporte une dimension chorégraphique, dans son rapport au rythme et à la
musique. Conformément aux choix dramaturgiques, il utilise des techniques de jeu
multiples issues des théâtres orientaux (Nô, Kabuki, Opéra chinois, Topeng
balinais, Kathakali), de la Commedia DellArte, du clown et de l'art du conteur.
Ces techniques ont en commun la concentration de lénergie du comédien, qui augmente sa présence scénique et renvoie au spectateur, dilatées, les émotions vécues par les personnages. Dans ce sens, le recours à des petites séquences improvisées, intermèdes ne troublant pas la lisibilité et la continuité de laction principale, permet laffirmation de cette présence scénique, qui est la vie même du spectacle.
Perspectives
Une tournée est prévue dans la région Poitou-Charentes ainsi que d'autres régions de
France pour les mois de novembre et décembre 2000. Le spectacle pourrait ensuite être
joué au Guatemala, en Amérique Centrale, au Mexique et aux Etats-Unis (janvier-mars
2001), puis en Europe dans le cadre des Routes de la Paix et du projet itinérant Mundo
Maya. Chaque représentation pourra donner lieu à différentes animations et à des
ateliers autour de la culture Maya et du théâtre masqué : Exposition et vente de
masques, de peintures et tissus traditionnels. Répétitions publiques. Conférences,
démonstrations, débats et rencontres. Stage sur le jeu masqué dans sa relation à la
musique. Entraînement corporel basé sur les arts martiaux.
Réalisation dun film documentaire : Rencontre avec les Dieux Mayas. Le réalisateur Christian Deketelaere (K3 Production) a commencé le tournage en novembre 1998 à Chichicastenango et Antigua, la poursuivi en Haute-Charente les mois suivants, puis au Festival International PAIZ dAntigua Guatemala en février 1999 et au Théâtre de l'Epée de Bois à Paris. Le film comprendra donc les rencontres interculturelles, les répétitions et la création du spectacle au Guatemala et en France.
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking : Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.