A l'abri des cris et de la fureur plusieurs femmes réelles, fantasmées vivent un instant dans l'intimité d'un écrivain d'âge mûr. Cet Henry Miller à la vitalité animale. Le monde du sexe est un livre étrange, à part, « le doigt d'un poète posé sur un nerf ».
Roger Miremont et Agathe de la Boulaye nous convient à un voyage Millérien. Un concentré de sa pensée. Nous partageons une pérégrination au coeur des questions vitales telles que l'unification de l'être, du mystère de la sexualité ou de celui de la création. Quels que soient les instants ils racontent un temps particuliers, celui de la réflexion créatrice et de ce tempétueux silence intérieur, du temps d'un sourire paisible, du temps des amants qui inscrivent leurs caresses clandestines dans l'éternité.
Distribution en alternance.
« Thierry Atlan a préféré la suggestion et, dans le registre de l'attraction charnelle, a conçu quelques jolis moments en se souvenant que Miller aimait le taoïsme et certaines pensées orientales. » Gilles Costaz, Le Point, 21 juin 2014
« Point d'érotisme torride ni de mots impudiques, ou du moins très peu. Henry Miller y retrace son initiation amoureuse, s'interroge sur la création et sur son œuvre, multiplie les critiques à l'encontre des moralistes et des idéologues de tout poil. Il développe dans un langage vif et clair ses conceptions philosophiques et spirituelles sur la vie et la mort. (...) Roger Miremont nous livre une belle méditation sur la vie. » Sylviane Bernard-Gresh, Télérama sortir TT
Le spectacle est composé d'une suite de séquences. Une suite de moments. Une suite de différents climats. Un environnement sonore, un décors sonore : rires cristallins de jeunes femmes, flux et reflux de l'océan, accordéon lointain de rue...
Un homme âgé s'adresse à une jeune femme. Tour à tour elle est la journaliste qui vient recueillir les réflexions de ce romancier célèbre, de ce penseur, l'étudiante qui traque dans sa quête de savoir la vérité que l'expérience et l'écriture amenaient à cet homme avec le temps, la maîtresse brûlante encore de la langueur de l'abandon et du plaisir après l'amour, l'unique qui confère à la vie le sens qui manquait, le modèle dont le peintre essaie de saisir ou de magnifier la beauté d'un coup de pinceau... La putain fatiguée qui partage quelques heures avec un étranger. Une danseuse, de flamenco ou de tango dansant avec un homme qui pousse sur une roue deux cornes de taureaux à la manière des jeunes matadors qui s'essaient dans la rue en Andalousie.
La suggestion de lieux comme une chambre à la Robert Doisneaux, avec Cherokee de Charlie Parker s'échappant d'un famélique transistor. Le bureau de travail de l 'écrivain, un atelier de peinture, un mas isolé dans sa fraîcheur intérieure alors que sa coquille cuit au son des cigales.
Une autre séquence... Cet homme, cet Henry Miller est accoudé à un piano écoutant un crooner jouer et chanter Never let me go... Quelles que soient les séquences elles attestent d'un temps particuliers, celui de la réflexion créatrice. De ce tempêtueux silence intérieur. Du temps d'un sourire paisible.
Du temps des amants qui inscrivent leurs caresses clandestines dans l'éternité.
Thierry Atlan
Des cieux, si je puis dire, Le Monde du Sexe m’est tombé dans les mains.
– Ce n’est pas une histoire de sexe ai-je dit à Hoffman, c’est philosophique.
– « C’est totalement philosophique a répondu Hoffman »
– Certes, mais je suis peut être un poil trop âgé, non ?
– C’est justement à nos âges qu’on comprend.
– Tu veux dire… quand c’est presque trop tard ?
Une femme passe dans le champ, radieuse aurore. Nous sourions, philosophiquement.
Miller a les mots qui regardent bien, la pensée qui vibre, ça me convient, mon corps et mon esprit s’y infiltrent. Il appelle un chat un chat, souvent au féminin et écrit un essai, transmutant de l’organique au métaphysique. Son propos emprunte des chemins que, sur ma route, j’ai cartographiés comme autant de jalons. Avec, de grands bancs de brouillard : la métaphysique ; de vastes zones enflammées : la religion ; des queues de comètes ardentes : l’espoir, et ainsi de suite. Et puis donc le sexe. Comme dieu : omniprésent, tout envahissant.
Et quant à emprunter sa plume : « Si c'est vers une plus grande réalité que nous nous tournons, c'est à une femme de nous montrer le chemin. L'hégémonie du mâle touche à sa fin. Il a perdu contact avec la terre. » « La science cherche encore, l'amour a trouvé. »
Je vous confie encore que depuis bientôt trois ans, seul d’abord, Miller a infusé en moi, puis avec l’arrivée d’Atlan, « ça décoctionne ». Pour le meilleur de cette comète ardente...
53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris