Deux histoires de couples. L'un se retrouve pour la dernière fois, tentant de se quitter le plus élégamment possible. À cette rupture « de raison » succède, dans une étonnante symétrie, la tentation déraisonnable de l'escapade adultérine, entre deux êtres qui se livrent à un badinage porteur de promesses.
Deux histoires, vraiment ? À moins qu'elles ne forment en réalité deux actes d'une même pièce, dont la séduction et la recherche du désir constitueraient le délicieux et dangereux prétexte.
« Une mise en scène moderne. Ces deux pièces de Jules Renard mettent parfaitement en lumière la réalité actuelle. » Mademoiselle au balcon
Jules Renard est un auteur aujourd’hui un peu oublié et rangé du côté des « chantres du bon mot et autres spécialistes en ironie ». Un auteur qui se lit entre les lignes, dont on grappille certaines vérités avec gourmandise… Contemporain d’un Rostand, il est plus connu pour son Journal et son Poil de carotte dont tout le monde connaît le titre mais que personne n’a vraiment lu. Quant à son théâtre, absent des scènes nationales, il a le parfum d’une époque révolue. Alors quel intérêt peut-on trouver à monter ces deux pièces ?
Le premier plaisir vient d’abord de la lecture. En découvrant ces deux oeuvres l’oeil du lecteur trouve d’emblée le style désuet et charmant ; l’évocation d’un langage un rien suranné, courtois, et venu d’un temps ou le baisemain, le voussoiement et les déclarations d’alcôve organisaient le quotidien des hommes et surtout des femmes. Des femmes un brin oisives, poseuses et toujours en attente d’un quelconque amant venant égayer un mariage ennuyeux. Et puis le ton se corse, la langue devient plus fluide et on se laisse attraper par cette évidence : il nous parle. Avec une telle justesse, un tel à-propos que l’on finit par ressentir le froissement des coeurs de ces deux personnages comme s’ils étaient nous. Et la modernité s’installe et nous lie jusqu’au dénouement…
Dans la première pièce, une femme attend un homme venu rompre une liaison sur le déclin. Ils se parlent sans dédain et avec tendresse au début. Mais l’ombre des reproches et la mélancolie viennent très vite enrayer cette mécanique trop prévisible. Le plaisir de rompre ? Vraiment ? Ou plutôt le plaisir de faire souffrir l’autre avec grâce et retenue…
La seconde au contraire, n’est qu’une longue conversation badine – au début – entre deux êtres mariés chacun de leur côté. L’homme et la femme sont complices, goguenards à l’encontre de leurs moitiés. Le badinage cède bientôt la place à des aveux et soudain la sensualité de leur relation se révèle : et s’ils partaient ? S’ils fuyaient ensemble la monotonie de leur vie trop bien rangée… Et si cette première pièce, liée à la seconde, n’était en fait que le jeu subtil et pervers d’un couple cherchant à rompre sa propre monotonie ? Celle de trop bien se connaître. Si ces deux pièces étaient intimement liées ?
Deux histoires, deux couples cachant une autre histoire, un autre couple. Un couple universel traquant le désir dans la rupture possible ou l’éventualité de la fuite, du recommencement. Un couple d’aujourd’hui se parlant avec les mots d’hier ; un couple qui se connaît par coeur, mais qui joue à se frotter au déchirement, à la jalousie, à l’abandon. Deux duettistes ayant besoin du verbe pour laisser leurs corps s’abandonner à nouveau.
La mise en scène traitera donc ces deux pièces comme un tout. Comme l’histoire d’un couple réel s’inventant deux couples imaginaires. Le texte prenant alors une toute autre saveur, la situation éclairant les deux protagonistes d’une sensualité nouvelle. Ils jouent à se faire mal, à se flairer pour mieux se retrouver. Comme dans L'amant de Pinter ou Le jeu de l'auto-stop de Kundera.
Avec cet axe de mise en scène, tous les artifices deviennent alors possibles. Notre couple « réel » peut recommencer certaines répliques, ironiser sur certains mots ou se lancer des vérités sous le masque des personnages. Ils vont s’habiller, créer leur décor comme une parade amoureuse. Langage ampoulé et retenue pour la première situation – décor « années trente », salon dépouillé et graphique – puis changements à vue pour glisser vers une terrasse, un soir d’été.
Brise légère ; du vin et des mots plus directs… et une fin ou les mots sont enfin inutiles. Le couple a joué l’amour avant que de le faire. à l’opposé du naturalisme actuel, ce couple va se chercher, se piéger ou se caresser l’oreille avec des mots d’autrefois. Ceux issus d’un temps où la séduction, la vraie, se conjuguait en premier lieu comme un art…
Joël Côté
Charme suranné du langage courtois, justesse et simplicité de l'interprétation, un régal!
Le texte est très ciselé, le pas-de-deux amoureux qui compose ces deux courtes pièces de Jules Renard est très bien interprété par ces deux acteurs qui avec une économie de moyens ont su brillamment occuper le temps et l'espace. On n'en a pas perdu une goutte! Allez'y!
quel plaisir d'écouter ce beau texte superbement interprété
Les deux courtes pièces au théâtre de la Folie vous feront passer un excellent moment. Le texte n'a pas pris une ride grâce à une mise en scène sobre. Un marivaudage qui continue à nous toucher dans les jeux et enjeux intemporels de séduction et de fidélité.
Pour 7 Notes
Charme suranné du langage courtois, justesse et simplicité de l'interprétation, un régal!
Le texte est très ciselé, le pas-de-deux amoureux qui compose ces deux courtes pièces de Jules Renard est très bien interprété par ces deux acteurs qui avec une économie de moyens ont su brillamment occuper le temps et l'espace. On n'en a pas perdu une goutte! Allez'y!
quel plaisir d'écouter ce beau texte superbement interprété
Les deux courtes pièces au théâtre de la Folie vous feront passer un excellent moment. Le texte n'a pas pris une ride grâce à une mise en scène sobre. Un marivaudage qui continue à nous toucher dans les jeux et enjeux intemporels de séduction et de fidélité.
Ne ratez surtout pas ce plaisir! Un beau moment de théâtre et de littérature. Une mise en scène toute en finesse de l'actualité de ce texte, de son charme qui jubile dans le jeu charmant et sensible des deux comédiens. BRAVO!!! Et mille mercis .
Oui, ce spectacle nous a plu. C'est rare de voir des pièces de Jules Renard. Une mise en scène simple mais joliment faite. Les interprètes de bon niveau.
Très belle interpretation d'une pièce qui mérite d'être mise en scène plus souvent...plaisir d'un texte tout en finesse , un moment de pur bonheur !
6, rue de la Folie Méricourt 75011 Paris