Considérons Lenz et Vitez comme des frères lointains, et voyons comment il nous raconte dans cette pièce l’effort des jeunes générations à advenir, les empêchements qu’elles rencontrent, et comment elles acceptent de renoncer à leurs ambitions et à leurs désirs.
L’histoire : le jeune Läuffer se fait embaucher comme précepteur par une famille de militaires aisés. Exploité, méprisé, il va d’échecs en déceptions et, ne trouvant d’accomplissement ni dans sa vie sociale ni dans sa vie amoureuse, il commet sur lui-même une mutilation terrible et pour nous métaphorique : il se castre.
Cette figure du pédagogue châtré, cet intellectuel qu’on voit dans la pièce traité comme un serviteur, suscite à la fois notre mépris et notre compassion. Comment le conflit contre le monde de Läuffer devient-il un conflit contre lui-même ? Les rapports générationnels sont au cœur de la pièce : les parents sont de mauvais conseil et toutes les morales et toutes les pédagogies semblent vaines.
La pièce emprunte à tous les codes, à tous les genres théâtraux : la comédie, la tragédie, le mélodrame, pour réaliser un théâtre parodique qui critique l’ordre établi. L’écriture témoigne d’une émancipation formelle en même temps qu’elle décrit une société répressive. De la même manière, la forme théâtrale est pour nous pleine de contraintes, mais elle est le détour nécessaire pour pouvoir parler de nous maintenant.
Le matériau, le texte, est « agi » d’une force et d’une énergie éperdue, propice à la démarche théâtrale collective de la compagnie T.O.C. que nous souhaitons à travers ce spectacle : nerveuse, impatiente et combative.
Muriel Malguy et Mirabelle Rousseau
Par le collectif T.O.C.
69, avenue Danielle Casanova 94200 Ivry-sur-Seine