Jeune prince à l’esprit rêveur, Hombourg part à l’assaut des troupes suédoises sans en avoir reçu l’ordre et les met en déroute. Malgré cet exploit, l’Electeur de Brandebourg le condamne à mort pour désobéissance.
Comment faire autrement sans mettre en péril les lois qui fondent son pouvoir et risqueraient de ne plus peser si on tolérait qu’elles soient contredites, ne serait-ce qu’une seule fois ? Réquisitoire contre le despotisme ou plaidoirie pour la discipline ?
En faisant varier les positions de chacun, le chef d’oeuvre de Kleist interroge les principes du gouvernement, de la loi, de la politique.
L’enjeu est de montrer que le théâtre est par excellence ce lieu oùse recueillent les questions d’une époque. Qu’à travers les histoires qu’il nous raconte, ce que le théâtre met en scène, c’est l’aventure de nos pensées mêmes. Nous rêvons donc d’un théâtre où le public, le temps d’un soir, recevrait cette possibilité de se sentir partie prenante d’une collectivité qui vit et se penche sur ses questions, qui sont celles d’une civilisation au fond.
Nous redoutons plus que tout le théâtre de la désespérance. Nous croyons à la joie et au courage que doit procurer le théâtre quand il ne désespère pas de sa force politique, une force qui trouve à organiser cette assemblée bouleversante d’un public confiant dans son intelligence. Pour mettre en scène cela, nous avons demandé à Alain Badiou de nous rejoindre.
Sous l’aiguillon de sa pensée, le spectacle peut se présenter ainsi : les 4 premiers actes de la pièceseront joués tels quels, filant l’intrigue passionnante du Prince deHombourg condamné à mort pour désobéissance. Le 5ème acte, lui, interrompra le jeu de l’intrigue et s’ouvrira à la pensée. Un cinquième acte qui viendra réfléchir la pièce et nous montrer comment les questions qu’elle pose sont celles de notre aujourd’hui.
" Mises à part quelques coupes faites dans le texte, nous avons gardé la structure narrative des 4 premiers actes de l’oeuvre de Kleist. Le déroulé dramatique est intact. Ensuite, le Vème acte sera traité plus radicalement, de manière plusréflexive, comme un travail de mise à plat, dans une tentative d’éclaircissement pour aujourd’hui des questions disposées par la pièce. Ici la collaboration avec Alain Badiou devrait nous aider. Nous n’envisageons pas pour autant de rupture scénographique. Il y asimplement un glissement des corps du pathétique à la pensée. "
Marie-José Malis
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