En voulant donner à la Prusse opprimée un héros libérateur, Kleist propose un somnambule, un rêveur, un jeune exalté qui trouve sa force dans la rébellion. Quelle maladresse de penser, en dédiant cette pièce au Roi de Prusse, en 1810, que celui-ci accepterait la morale du Prince de Hombourg !
A la veille de la bataille de Fehrbellin contre les Suédois, le prince de Hombourg, tout entier à son rêve de gloire n’écoute que distraitement la stratégie dictée des instructions. Il attaque prématurément, remporte donc la victoire de manière hasardeuse, et, ayant péché contre les lois de la discipline militaire, est condamné par ses supérieurs et emprisonné.
Réquisitoire contre le despotisme, contre la loi ; histoire d'un jeune révolté qui finit par se soumettre, d'un roi qui renonce à son intransigeance ; plaidoirie pour l'Etat militaire ? Cette pièce, en forme de paradoxe, trône comme un chef-d'oeuvre au sommet du classicisme allemand, un des textes les plus poétiques et aboutis de Kleist, hanté par ses obsessions : la faute, la chute, son propre rêve prémonitoire puisqu’annonciateur de sa prochaine mort. En effet, outre ces interprétations traditionnelles, cette pièce est surtout un rêve éveillé, celui de Kleist, qui cherche à apprivoiser par sa plume l’immortalité.
La cour du Palais des Papes résonne encore de l’interprétation mythique de Gérard Philipe au Festival d'Avignon de 1951. Ce rôle continue toujours de fasciner et l’Athénée a sollicité le talent de Daniel Mesguich pour propager cette flamme.
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