Sur le point de se tuer, un homme s’endort dans son fauteuil et fait un rêve... A son réveil, il se voit transformé par une révélation, investi d’une mission : transmettre la possibilité de renaissance aux hommes et vivre le dos tourné à la fatalité.
"Je suis un homme ridicule. Maintenant, ils disent que je suis fou. Ce serait une promotion, s'ils ne me trouvaient pas toujours aussi ridicule." Le rêve d'un homme ridicule (1877)
Par la Compagnie Le Théâtre du Troisième Œil. Adaptation de Régis Royer.
Le texte est publié aux Editions Actes Sud, collection Babel, traduction André Markowicz, 2002.
Paru en 1876, Le rêve d’un homme ridicule est l’un des derniers contes de Dostoïevski. Il exprime la quintessence de la culpabilité, des contradictions de la responsabilité individuelle et de l’envie de vivre.
Est-ce l’énergie du désespoir qui pousse un auteur à écrire « aimez-vous les uns les autres » ? Derrière cette idée rebattue, naïve, ringarde, se cache une pensée rebelle et ambitieuse, à contre-courant d’un monde où l’indifférence, l’individualisme et l’injustice règnent en toute impunité. Comment prêcher dans un monde sourd; ?
Le rêve d’un homme ridicule nous plonge dans l’univers d’un homme extra-lucide. Sa vie lui étant devenue insupportable, ne valant plus la peine d’être vécue, il décide de se tirer un balle dans la tête. Au moment de passer à l’acte, il s’endort dans son fauteuil et fait un rêve. A son réveil, il se voit transformé par une révélation, investi d’une mission : prêcher la renaissance et la vie par delà l’ironie du destin des hommes.
« Au plus profond de son rêve, ce que l’homme rencontre, c’est sa mort. » Binswanger
Sur la scène, cet homme qui vient nous faire le récit exemplaire de cette expérience qu’il a vécue dans un rêve, est accompagné d’un bassiste cynique, au regard décalé, dérangeant, torve, être sans dieux ni maîtres et, ironie suprême, les servant tous. Chien d’aveugle cherchant un humain, « Est-il un homme en ce bas-monde ? Hélas je ne vois que des chiens » lance-t-il en écho à Diogène. Le silence du musicien précède ainsi le dire de l’acteur, comme pour lui désapprendre la séduction des maîtres.
Je ne veux pas traiter le rêve de cet homme - ridicule ? - dans sa seule dimension fabuleuse, mais l’aborder comme une vérité oubliée. Une utopie politique, comme celle de Martin Luther King. Vision lucide et non pas songe. Ce missionnaire doublé de politique, cet « autopsychanalisé », ou ce fou délirant excentrique, semble traverser les frontières, les époques pour partager son histoire, et faire partager ses convictions.
Des images vidéo font partie de la mise en scène de cet orateur, et nous montrent un réel fait de ville, de foule, de travailleurs, d’embouteillages dans lequel il apparaît ridicule de vouloir être subversif.
« On se plaint beaucoup de mes excentricités. Mais comme on ne sait pas où est mon centre on aura de la peine à savoir où et quand j’ai été excentrique jusqu’à présent. » Nietzsche
Tout doit accompagner ce rêve plein d’espoir et d’utopie. Au mépris des avatars et des faux fervents, ce missionnaire doublé de politique, cet auto-psychanalisé, ou ce fou délirant excentrique, veut traverser les frontières, les époques pour raconter son histoire, et faire partager ses convictions.
Comment aujourd’hui transmettre ses expériences, ses utopies, ses rêves ? Le prêcheur de Dostoïevski, devenu hacker, choisit d'utiliser tous les canaux de la communication, les ressorts de la société du spectacle, sature les autoroutes de l’information pour combattre, avec ses propres armes, un empire qui organise, standardise, pré-pense, formate, digère tout ce que nous sommes.
Victor Gauthier-Martin
Eh bien ! rends-moi ces temps de mon adolescence
Où je n’étais moi-même encor qu’en espérance ;
Cet âge si fécond en chants mélodieux,
Tant qu’un monde pervers n’effraya point mes yeux ;
Tant que, loin des honneurs, mon cœur ne fut avide
Que des fleurs, doux trésors d’une vallée humide !
Dans mon songe doré, je m’en allais chantant ;
Je ne possédais rien, j’étais heureux pourtant !
Rends-moi donc ces désirs qui fatiguaient ma vie,
Ces chagrins déchirants, mais qu’à présent j’envie,
Ma jeunesse !… En un mot, sache en moi ranimer
La force de haïr et le pouvoir d’aimer !
Le poète, extrait du Prologue du Faust de Goethe, trad. G. de Nerval
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