Un solitaire
Adapter " Le Vieux " au théâtre...
Un jour, les habitants d'El Idilio découvrent dans une pirogue le cadavre d'un homme blond assassiné. Le maire n'hésite pas à accuser les indiens Shuars de meurtre. Seul Antonio José Bolivar déchiffre, dans l'étrange blessure, la marque d'un félin. Il a longuement vécu avec les Shuars, connaît, respecte la forêt amazonienne. Elle lui a pris ses espoirs et surtout sa femme. « Il voulait se venger de cette région maudite, de cet enfer vert qui lui avait pris son amour et ses rêves. Et dans son impuissance, il découvrit qu'il ne connaissait pas assez la forêt pour pouvoir vraiment la haïr ». C'est en vivant avec les Shuars qu'il va en découvrir les secrets.
Adapté du roman de Luis Sepulveda par Patrick Chevalier
Cet ouvrage au croisement de plusieurs genres, récit d'aventure, polar, éducation sentimentale, satire, discours philosophique et sociologique, incite très naturellement à ce qu’on le porte à la scène. Le Vieux qui lisait des romans d'amour vaut autant pour le talent avec lequel Sepulveda dessine des personnages archétypés forts et dont on se souvient facilement, que pour l'argumentation écologique défendue de manière sous-jacente.
L’action avance, favorisant l’attention soutenue du spectateur. Elle n’est pas trépidante mais bien épaulée par la masse d’informations délivrées ici, aussi foisonnante qu’enrichissante. Le caractère du personnage principal offre également des scènes fortes. On ne se lasse pas d’écouter ce vieil homme. L’émotion est présente à chaque minute, tant l’engagement de l’auteur dans son combat est sincère, sans qu’il n’inflige de leçon de morale. La marque des grands...
Notre adaptation met en scène deux personnages du livre, le Vieux et son ami le dentiste, tout comme nous nous sommes intéressés dans l’une de nos précédentes créations à George et Lennie, les deux héros du roman de John Steinbeck Des souris et des hommes. Des souris… explorait leur amitié profonde, alternative au rêve de prospérité quand celui-ci fait défaut, alors qu’ici c’est la vie quotidienne du Vieux, personnage central prenant sans le savoir la défense de l’idée écologique, qui est au centre du spectacle. Une tranche de vie, quelque part au bout du monde, dans la forêt amazonienne.
Le dentiste quant à lui apporte le point de vue du spectateur qui ne sait pas, qui interroge et découvre. Ce personnage fait parfois preuve de préjugés ou de maladresse sans pour autant véritablement s’opposer au Vieux, car le charisme de ce dernier emporte tout. Le dentiste se sent en phase avec l’humanisme du vieil homme et est converti lui aussi à l’idée d’un monde plus respectueux de toute vie. Il y participe d’ailleurs à sa manière, en soignant les pauvres et les démunis.
Patrick Chevalier
53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris