De viols, il en est question chaque jour. La mémoire collective, les films, les témoignages nous en transmettent l’horreur, les poèmes aussi. Le Viol de Lucrèce, poème de Shakespeare de 1 600 strophes écrit en 1594, évoque le viol de Lucrèce par Tarquin. Lucrèce apparaît irrémédiablement souillée et rongée par un sentiment de culpabilité. Voilà, Shakespeare nous demande de tenter de comprendre ça : la culpabilité, la souillure.
Après Tite-Live et Ovide, et avant Benjamin Britten, Shakespeare s'empare d'un fait divers qui a marqué la société romaine antique : le viol de Lucrèce par Tarquin. Il y consacre un poème épique qu'il rédige, à la même époque que son Titus Andronicus, et dans lequel il donne la parole successivement aux deux protagonistes. Tarquin scrute d'abord ses pulsions, ses obsessions et les décrit dans les moindres moments de son envie obsédante, puis Lucrèce face à Tarquin résiste par son discours et oblige son violeur à la bâillonner et à éteindre la bougie au moment du passage à l'acte. Le crime commis elle fait, face à sa famille et à la société, l'analyse de sa situation avant de se suicider.
A la lecture de ce texte, qui alterne monologues et dialogues, on ne peut que ressentir les résonances avec ce qui fait souvent la une de nos journaux, ces viols individuels ou collectifs (tournantes ou viols utilisés comme arme politique). Dans une langue forte, fluide, d'une étrange beauté Shakespeare dresse un tableau sans concession de la société patriarcale sans rien dissimuler de la place faite aux femmes considérées au mieux comme un bel objet, au pire comme un bien de consommation.
Cet extraordinaire poème dramatique nous fait entendre avec force aussi bien le discours du violeur qui agit que celui de la femme à laquelle nous pouvons nous identifier jusque dans la terreur qui s'empare d'elle. Shakespeare nous entraîne dans son récit comme dans celui d'un crime et nous oblige à le regarder, d'abord séduit puis effrayé, comme si nos yeux passaient de la vision d'un tableau du Titien à celle d'un terrible dessin de Goya. Et résonnera longtemps sans doute dans la mémoire du spectateur la dernière phrase que Lucrèce prononce avant de mourir : « Non, non, nulle dame vivant après moi / Par mon excuse aura prétexte à s'excuser ».
À partir de 1587, Shakespeare écrit et joue ses pièces avec sa
troupe ambulante, il est déjà célèbre à Londres. La grande peste
de 1593-1594 qui a entraîné la fermeture des théâtres londoniens
l’encourage à écrire, pour son protecteur le Duc de Southampton,
deux grands poèmes dramatiques : Vénus et Adonis et Le viol de
Lucrèce. C’est à cette même époque qu’il composera la plus
grande partie des Sonnets, qui ne seront publiés que beaucoup
plus tard. C’est aussi en 1594 qu’il écrit sa pièce : Titus
Andronicus dans laquelle il aborde aussi la question du viol.
J'ai choisi ce poème pour sa beauté. Je l’ai aussi choisi pour l’enjeu que la parole y représente. Je l’ai choisi pour les images peintes que deviennent ses strophes. Je l’ai choisi pour nous faire réfléchir sur l’ombre et la lumière en chacun de nous. Et je l’ai choisi pour être le portrait d’une femme face aux contraintes qui menacent sa vie, comme on peut actuellement le rencontrer dans le fondamentalisme.
Je l’ai choisi parce que la violence et le “oeil pour oeil, dent pour dent” y est surmonté, tout en amenant un changement politique et l’élimination d’un tyran. Mais je ne l’ai pas choisi pour le sacrifice que Lucrèce a dû faire. J’aurais souhaité qu’elle vive comme certaines femmes d’aujourd’hui, qui ont trouvé, à travers leur courageuse rébellion une nouvelle vie. Mais Lucrèce est leur ancêtre.
Marie-Louise Bischofberger
Un texte magnifique porté par une comédienne remarquable...le tout sublimé par une bande son des plus envoûtante.L'univers Shakespearien est enrichi d'une subtile touche de féminité, la metteuse en scène s'étant judicieusement entouré de talentueuses jeunes femmes.Encore bravo à vous mesdames pour votre joli travail!!!!
Un texte magnifique porté par une comédienne remarquable...le tout sublimé par une bande son des plus envoûtante.L'univers Shakespearien est enrichi d'une subtile touche de féminité, la metteuse en scène s'étant judicieusement entouré de talentueuses jeunes femmes.Encore bravo à vous mesdames pour votre joli travail!!!!
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