Lehaïm - à la vie !

Paris 18e
du 5 au 14 mai 2005
3 h - plus entracte

Lehaïm - à la vie !

A partir d’interviews de personnalités juives de langue et de culture allemande, et de la multiplicité des points de vue qui s’en dégagent, Bernard Bloch tente de comprendre un peu mieux le monde dangereux dans lequel nous vivons.
  • Entretiens avec des personnalités juives

Dans Portraits juifs de Herlinde Koelbl, qu’il a traduit avec Bernard Chartreux, Bernard Bloch a choisi, comme « matériau de base » 14 entretiens parmi les 35 contenus dans le livre, ceux qui lui ont semblé les plus proches du public d’aujourd’hui. Il s’agit d’une adaptation des entretiens réalisés avec Gitta Alpar, cantatrice, Palm Springs - Bruno Bettelheim, pédopsychiatre, Silver Springs - Artur Brauner, producteur de cinéma, Berlin - Erwin Chargaff, biochimiste, New York - Cordelia Edvardson, journaliste, Jérusalem - Emil Fackenheim, rabbin et philosophe, Jérusalem - Hans Jonas, philosophe, New York - Bruno Kreisky, homme politique, Vienne - Erika Landau, psychothérapeute, Jérusalem - Yeshayahu Leibovitz, philosophe des religions et biochimiste, Jérusalem - Marcel Reich-Ranicki, critique littéraire, Francfort - Curt Siodmak, metteur en scène et scénariste, Three Rivers - Georg Stefan Troller, journaliste et écrivain, Paris - Simon Wiesenthal, directeur du Centre de documentation juive, Vienne.

Le spectacle est interprété par 7 comédiens (cinq hommes et deux femmes) dont Hubertus Biermann, qui est à la fois acteur et musicien. Sa musique improvisée au violoncelle est inspirée par les grands compositeurs allemands du XXe siècle, notamment Hans Eisler.

L’essentiel du travail de mise en scène porte sur la direction d'acteurs. Il s'agit de jouer sur le fil ténu qui sépare l'évocation de l'incarnation. Les sept interprètes ont l’âge des enfants des personnalités interviewées, ils sont des porte-parole, ils ont charge de transmettre quelques clefs pour comprendre un peu mieux le monde dangereux dans lequel nous vivons.

Le spectacle est divisé en quatre parties, chacune ayant sa couleur et sa thématique particulière, mais aussi son titre :
Les fauteurs de troubles : Bruno Bettelheim, Marcel Reich Ranicki, Georg Stefan Troller
La foi et la loi : Erwin Chargaff, Emil Fackenheim, Hans Jonas, Erika Landau
Bourreaux et victimes : Gitta Alpar, Simon Wiesenthal, Bruno Kriesky
La paix… : Curt Siodmak, Artur Brauner, Yeshayahu Leibowitz, Cordelia Edvardson

  • Notes d’intention

« …car ce qui a été produit par la pensée ne peut être surmonté que par la pensée. » Emil Fackenheim

Lehaïm – à la vie ! d’après Portraits juifs de Herlinde Koelbl, a été créé en 2004 pour quelques représentations au Théâtre du Soleil puis à l’Etoile du Nord. Il a ensuite été joué un peu partout en France et en Suisse. Mais à Paris, il n’avait pas encore été suffisamment représenté. Les publics fort divers que nous avons rencontrés ont été secoués par la force et la hauteur de vue des guetteurs du siècle dont nous ressuscitons ici la parole.

Leurs mots ne se démoderont jamais. Les mots des Simon Wiesenthal, Cordelia Edvardson, Bruno Kreisky, Hans Jonas, Yeshayahu Leibowitz ou Emil Fackenheim… ne pouvaient pas ne plus être prononcés. Les débats passionnés qu’ils suscitent ne pouvaient pas ne pas se poursuivre.

Modestement mais profondément, par l’émotion et par l’intelligence, ce spectacle opère sur l’auditeur ce léger déplacement, ce bouger poétique, qui fait parfois avancer ceux qui l’éprouvent vers un peu plus de justice, un peu plus de tolérance, un peu plus d’égard envers l’autre… et envers soi.

Bernard Bloch

D'ordinaire, un comédien a à donner corps à un personnage, une situation, une fable… Dans Lehaïm, c'est une vision du monde qu'il doit incarner, et une vision du monde non point abstraite, « idéologique », mais résultant d'une expérience tragiquement inscrite dans un être de chair et de sang. Et encore une fois, pour donner corps à cette vision du monde, il ne s'agit pas de s'identifier à elle ; il suffit - il est nécessaire - de prendre parti, d'être, généreusement, concerné par elle. C'est assez dire que les acteurs de Lehaïm ne pouvaient se contenter d'être de « simples » interprètes mais des subjectivités actives, « compromises », impliquées. A sa façon, renouvelée, Lehaïm est donc un spectacle militant.

Tel est le défi artistique que l'équipe de Lehaïm s'est proposée et qu'elle relève avec une modestie intense, déchirante, et en fin de compte - et là n'est peut-être pas le moindre étonnement du spectateur en ces temps de désespérance généralisée - profondément stimulante ; et belle.

Bernard Chartreux

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Spectacle terminé depuis le samedi 14 mai 2005

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