Prisonnières d’un lieu où tout est Madame. Une porte qui ne les verra jamais vraiment sortir. Une fenêtre pour épier son retour. Un espace fermé. Obsédées par son absence bien plus forte qu’une présence.
Un jeu qui se voudrait libérateur et qui les enchaîne encore plus fortement. Les deux bonnes sont là, « dévouées servantes », Madame est vivante, Madame « s’échappe ».
Dans la mise en scène de Pierangelo Summa, Madame est une marionnette à taille humaine, portée et manipulée par les deux soeurs.C es dernières prennent la parole comme pour tous les domestiques, tous les exploités de la terre. Elles qui pourtant vivent « dans leurs crachats » sont sublimées par la rage et le martyre.
Car pour ces bonnes, prisonnières de leur rite sacrificiel et de leurs rôles, il n’y a pas d’issue. Seul le bagne ou la mort pourraient enfin trancher les fils invisibles qui les retiennent à leur maîtresse. Comme si les marionnettes, au fond, c’étaient elles. De même qu’on ne sait parfois plus très bien si elles jouent ou pas, de même on ne sait pas trop qui manipule et qui est manipulé dans ce drame.
3, rue des Déchargeurs 75001 Paris