Hugo fait revivre la légende de l’empereur Barberousse, en y mêlant, à travers tous les personnages, des intrigues d’amour, de meurtre, d’héroïsme, de haine.
Les Burgraves sont surtout connus pour leur échec. En 1843, le drame historique et romantique est déjà quelque peu passé de mode. Musset, Vigny et Dumas l’ont progressivement abandonné au profit d’autres genres. Les Burgraves doivent aussi leur échec à leur modernité. En effet, le drame est construit sans aucun respect des normes et convenances en vigueur : il s’agit d’une suite de tableaux dramaticopoétiques fort originale. La scène se situe cette fois en Rhénanie. Le Burgrave Job est un vieux sage, entouré de courtisans ambitieux, vils et débauchés. Dans son château, de nombreux prisonniers gardent l’espoir de se libérer du joug des vassaux arrogants grâce à l’empereur légendaire, Frédéric Barberousse. Ce dernier réapparaît, déguisé en mendiant. Il laisse alors éclater sa colère contre les vassaux tyranniques… L’originalité de cette fable réside dans le caractère légendaire du retour attendu de Barberousse. Cette atmosphère rhénane, chère aux poètes romantiques (Nerval notamment), est rendue de manière élégiaque et subtile. Mais au-delà de la poésie, le message des Burgraves est également politique, Hugo affirmant par là son humanisme, et son idéal d’autorité éclairée. L’échec de ce drame incita Hugo, pour un temps du moins, à se détourner du théâtre.
13, rue du Faubourg Montmartre 75009 Paris