Le charme de l’écoute et la magie du verbe
Les contes
Note technique à l’attention des usagers
Extraits
Un duel musical et verbal entre l’acteur Pierre Baux et le violoncelliste Vincent Courtois qui nous transporte dans cet univers dont notre mémoire se souvient. Univers cruel où les parents perdent leurs enfants, où les plus forts battent les plus faibles, où des mains sont tranchées, des yeux crevés, des pieds rognés, un univers où le père, aiguisant le fil de son glaive vénérable, déclare, clame et brame son désir forcené pour sa fille éplorée et déniée. Un monde en désordre et qui finalement chaque fois se réordonne.
Le charme de l’écoute et la magie du verbe : le spectateur sera plutôt ici un auditeur accueilli de façon attentive dans une scénographie de voiles et de drapés légers, aériens, mouvants, et enveloppants. L’oeil écoute mi-clos ces mots échoués de nos rêves enfantins et qui font écho à nos bercements lointains.
Un plaisir narratif : chaque soirée comportera des contes différents si bien que chacune d’elles sera “ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre”. Chaque veillée comme autant de cailloux déposés tout au long de ces histoires enténébrées.
Un silence musical : le corps a de la voix, celui du violoncelle aussi et le mot, de la chair. Nous veillerons à faire entendre ce “grain” des choses fragiles en toute intimité. Et que le silence se taise avec délicatesse.
Gilles Zaepffel
Raiponce - Les Trois Fileuses - Du Pêcheur et de sa Femme - Les Trois Langages - Conte du Genévrier - Le Renard et les Oies - Les Trois Oiseaux - l’Esprit dans la Bouteille - L’Homme à la peau d’ours - Le Roitelet et l’ours - Contes du Crapaud - Le compagnon Meunier et la Petite Chatte - Deux du Voyage - Le fléau venu du Ciel - L’enfant rebelle - Les Trois Barbiers - Les trois comgagnons - La Vieille dans la Forêt - Les Trois Frères - Le Diable et sa Grand-mère - La Belle Kathrinelle et Pif Paf Poltrie - La fiancée blanche et la noire - La fille de Brakel - Le Mont Simeli - L’Engeance de Seigneur et du Diable - Les Hellers volés - Le choix d’une fiancée - Le conte du pays de Cocagne - Le Conte mensonger de Diethmarsch - Heinz le paresseux - Lise la maigre - La maison en forêt - Partager la joie et la peine - Le roitelet - La Sole - Le butor et la Huppe - La Lune - La Nixe de l’étang - Le Lapin - L’Épi de blé - La Clé d’or - La rose - L’Aliment de Dieu - La Baguette de coudrier - La mort et le gardeur d’oies - La Petite Vieille - Barbe Bleue - La princesse Peau-de Souris - La poire ne veut pas tomber - Fleur-de Neige (fragment) - Du prince Jean (fragment) - Le Bon Chiffon (fragment) - Les Corneilles - La Sainte Dame Souci - La Malchance - De celui qui partit en quête de la peur - Le fidèle Jean - Les Douze Frères - Les Trois Nains de la forêt - Jeannot et Margot - Le Vaillant petit tailleur - Cendrion - Les sept corbeaux - Le Diable aux trois cheveux d'or - La jeune fille sans main - Les six cygnes - La Belle au Bois dormant - Blanche-neige - L'Oiseau d'or - Les Deux Frères - Peau-de-Mille-Bêtes - L'Alouette chanteuse et sauteuse - Jean le Veinard - La gardeuse d'oies - Le Roi de la montagne d'or - Le Corbeau - L'eau de Jouvence - Le Chasseur accompli - La lumière bleue - Le poêle de fonte - Jean-de-fer - Blanchette et Rosette - Le Cercueil de verre - La gardeuse d'oies à la fontaine - La vraie Fiancée - L'ondine de l'étang - Le tambour - La boule de Cristal - Demoiselle Maleen - La clé d'or.
Chaque spectateur est reçu comme s’il était chez lui au point qu’on le déchausse avec délicatesse et le rechausse de doux chaussons polaires. Ainsi, douillettement chaussonné, il peut dès lors fouler notre nouveau “plateau” des vaches qui est, pour l’occasion, jonché de coussins et traversins et se laisser glisser moelleusement dans la magie du conte avec aise et sans frilosité. Les chaussures collectées quant à elles, inscrites et disposées dans la scénographie, auront leurs rôles à jouer, prêtant leur concours métaphorique aux récits tout au long de la veillée. Mais n’ayez crainte elles n’auront à subir aucune maltraitance, bien au contraire, elles seront traitées avec l’égard qu’on doit à des témoins discrets.
Deux du voyage
« Il était une fois deux jeunes artisans, l’un était tailleur, joyeux et d’humeur toujours égale, l’autre était cordonnier ; maussade et d’humeur toujours détestable. Or, par un beau matin d’été leurs chemins se croisèrent c’était en rase
campagne. Ils ne purent éviter de se saluer et c’est ainsi qu’ils firent connaissance l’un devisant et plaisantant joyeusement quand l’autre se taisait et bougonnait. Enfin ils décidèrent de faire la route ensemble jusqu’à la grande ville, là où ils pourraient trouver du
travail. C’est ainsi qu’ils traversèrent plusieurs villages et puisqu’aussi bien l’un comme l’autre n’avait la moindre pitance chaque fois qu’ils arrivaient à l’entrée d’un village, ils se séparaient et chacun partant de son côté allait saluer les gens de métier et solliciter un peu de solidarité et de charité. Le soir, ils se retrouvaient et chaque soir la besace du tailleur était mieux garnie que celle du
cordonnier... »
Le conte du genévrier
« Il était une fois un homme riche qui avait une jeune et belle femme qu’il adorait et celle-ci l’adorait tout autant. Hélas ils n’avaient pas d’enfants et ils en étaient forts
tristes. Un jour d’hiver alors que la jeune et belle femme se tenait sous le genévrier en train de se peler une pomme elle se coupa le doigt duquel un fin filet de sang coula dans la neige à ses pieds. “Ah !” s’écria-t-elle : “Que n’ai-je un enfant rouge comme sang et blanc comme neige.” Cette pensée aussitôt délivra son cœur de la peine qui l’oppressait… »
L’homme à la peau d’ours
« Il était une fois un jeune homme qui, la guerre finie, était sans le sou, ses parents étaient morts et ses frères insensibles lui refusaient toute
aide. Un jour, alors qu’il déambulait sans but dans la campagne déserte et qu’il était ainsi perdu dans ses tristes pensées, il entendit un étrange grondement et, se retournant brusquement il vit un homme planté là devant lui et qui ne s’y trouvait pas deux secondes
auparavant. L’homme portait un habit vert cossu, il avait un pied-bot fort vilain. »
Le vaillant petit tailleur
« Par un beau matin d’été, un petit tailleur, assis sur sa table, près de la fenêtre, était de bonne humeur et cousait de toutes ses forces. Et voilà qu’une paysanne descendit la rue en criant : “Marmelade, bonne marmelade à vendre !” Ce fut bien agréable à l’oreille du petit tailleur, il passa sa tête menue par la fenêtre et cria : “Montez, bonne femme, on va vous débarrasser de votre marchandise…” »
5, rue du Plateau 75019 Paris