S’il y a bien une question qu’il paraît incongru de poser, surtout au Centquatre, c’est celle-ci : est-ce que l’art est indispensable ? Après tout, se demande-t-on au beau milieu d’une fête si la vie vaut la peine d’être vécue ?
Et pourtant, c’est bien de cela qu’il s’agit : quatre artistes aux parcours aussi atypiques que singuliers, venus des arts du cirque, de la danse et des arts visuels, se retrouvent ici, à l’invitation de Stéphanie Aubin, pour partager leurs émerveillements et leurs étonnements, face à l’expérience de l’art. Se plaçant résolument du côté du spectateur, mêlant leurs souvenirs à ceux du public, ils ravivent quelques frissons et tentent d’échapper à ce qui paraît aller de soi. Mais comment parler de choses si intimes ?
Partant du principe qu’il suffit pour cela d’être sur la même longueur d’ondes, ils proposent au public des écouteurs sans fil et chuchotent à leurs oreilles. Tout le monde n’entendant pas la même chose, voici qu’une partie de l’assistance se lève tandis qu’une autre semble vouloir rejoindre la scène… La pièce se disjoint et démultiplie les occasions pour tous de se retrouver, comme dans la vie, face à une oeuvre, ensemble, et pourtant si différents…
À mi-chemin entre performance physique et verbale, Les Étonnistes #3 s’offrent au public comme une expérience artistique à vivre, une forme étrange à traverser : « L’art comme expérience », dirait le philosophe John Dewey.
5 rue Curial 75019 Paris