La Madone dans les nuages en blêmit pour ses surs... B. Brecht
Nadège, Monique, Kate, Estelle, Charlette : cinq femmes qui se débattent , prises, sans en avoir peut-être conscience, dans une gigantesque toile d'araignée et luttent pied à pied pour bricoler leur bonheur. Le spectacle est un gros plan sur elles, oscillant avec santé entre la vie réelle et d'improbables contes de fées.
Il y a du bonheur pour l'une de solliciter une place de gardienne, du bonheur pour Estelle, la SDF, de rêver à l'homme de sa vie, du bonheur pour Nadège d'imaginer sa future Golf GTI, du bonheur pour Monique d'avoir élevé ses dix enfants et enfin du bonheur sans doute pour Kate de ne vivre que dans le souvenir.
Ces femmes au destin parallèle ne se rencontreront jamais - ou presque -, mais ensemble elles écoutent en pleurant une chanson d'amour. Des séquences chorégraphiées leur permettent de jouer, de vivre ce qu'elles ne peuvent mettre en mots : au delà des histoires banalement tragiques, leur optimisme naïf et leur soif d'amour.
Nathalie Akoun
Note de l'auteur
Je connais très peu d'expressions plus belles que celle de Serge Daney quand il parle des films qui "ont regardé notre enfance". Il y a deux films qui m'ont regardée grandir, c'est L'Argent de poche de Truffaut et La Nuit du Chasseur de Charles Laughton. A chaque fois que je les vois, ces deux films - chacun à sa manière - me renvoient à quelque chose de trouble que je ne peux exprimer avec des mots : pourquoi, dans sa vie d'adulte, l'homme est-il obligé de bricoler son existence pour entrevoir ce qui pourrait être l'ombre du bonheur ?
Le regard écarquillé de ces deux enfants qui ne savent pas jouer, des enfants amateurs qui sont tout sauf des petits singes pour adultes, c'est cette idée de l'enfance que j'aime et qui me touche.
C'est à partir de ces sensations-là que j'ai voulu faire du théâtre, je sentais confusément que le théâtre était comme un courant alternatif, l'identification était suivie d'une brutale distance, d'un recul, et c'est dans ce va-et-vient que se loge mon idée du théâtre.
Très petite, dans mon univers choyé, doré, respirant le bonheur et l'ouverture, cette question me torturait : comment vivre comme si on était éternel alors qu'il y a la mort ? Comment faire pour vivre avec ce matériau-là ?
Je pense que plus on est aimé dans son enfance plus c'est difficile de vivre avec cette idée-là, peut-être est-ce une sorte de loi de compensation...
J'ai eu une enfance merveilleuse, beaucoup d'amour, beaucoup d'intelligence autour de moi, comment se fait-il alors que régulièrement un dégoût de tout me tombait sur la tête ? Comment se fait-il que je paniquais de me sentir happée par cette tristesse sans retour possible à la gaieté ? et par dessus tout, la culpabilité d'être triste quand on n'a aucune raison de l'être... En même temps, j'étais gaie et expansive, insolente, "qui a tout pour être heureuse", comme on dit.
Les deux à la fois.
Nathalie Akoun
Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.