Pauline Bureau met en scène Céline Milliat Baumgartner, dans son récit autobiographique, poème de résilience où elle raconte, pudique et fragile, la disparition de ses parents, soutenue par les images d’un magicien, tableaux d’une enfance trouble, trouée d’oublis, album de souvenirs inventés, extrapolés.
Céline Milliat-Baumgartner a huit ans lorsqu’elle perd ses deux parents dans un accident de voiture. De ce terrible drame, de cette enfance qui se poursuit avec ou contre l’absence persistante, il ne lui reste que des souvenirs, c’est-à-dire un trésor. Après en avoir écrit un roman autobiographique, la voici seule sur scène. La comédienne égrène ses vestiges : des images, des histoires, des photos, des bijoux de pacotille… Une boîte de Pandore intime. Mais « peu m’importe la vérité », dit-elle, laissant parfois l’imaginaire prendre le relais d’une mémoire incomplète. Guidée par la délicate mise en scène de Pauline Bureau, dans un décor-écrin la contenant, comme dans une petite boîte à musique, Céline Milliat- Baumgartner joue et rejoue des parties de sa vie. Avec force et équilibre, sur son fil tendu entre maîtrise et émotion, elle avance.
Elsa Kedadouche
Pauline Bureau, fondatrice de la compagnie La Part des Anges, accompagne l’auteure, premier sujet et comédienne d’une oeuvre forte, pour une pièce qui fait la lumière, permet d’y voir clair, et de tourner les pages.
Texte publié aux Editions Arléa. Par la Compagnie La Part des Anges.
« C'est la qualité de l'écriture et le jeu dans les époques qui crée la juste distance, pour recevoir cette histoire terrible, sans se noyer dans les larmes. Les bijoux de pacotille, comme ceux carbonisés dans la voiture brûlée, sont un trésor que chaque spectateur emporte avec lui. » Anne Diatkine, Libération
« Même s'il y a de la légèreté dans sa manière de raconter, la comédienne nous arrache des larmes. On reconnaît sa patte [Pauline Bureau] son souci de chaque détail (...), de chaque geste, avec ici et là des échappées poétiques. » Mathieu Perez, Le Canard enchaîné
« Une écriture ferme et fière. Un ton, une voix. Céline Milliat Baumgartner est une interprète exceptionnelle. Pauline Bureau la guide à merveille. » Armelle Héliot, Le Figaro
« Si la résilience porte un nom, c’est celui de cette comédienne, qui n’oublie jamais qu’elle est une actrice de théâtre. Chapeau bas. » Joelle Gayot, Télérama TT
« Armée d’une force de jeu et de caractère intrinsèque, à laquelle se mêlent une profonde douceur et quelques pointes d’humour, la comédienne parvient à tenir sur une étroite ligne de crête, entre l’émotion sensible et la saine distance, celle de ces vieilles blessures que le temps a aidé à guérir, mais qui peuvent parfois se rouvrir au détour d’un trottoir ou d’un regard. » Vincent Bouquet, sceneweb
« Céline Milliat Baumgartner a écrit une pièce lumineuse, sensible, vibrante, et d'une extraordinaire beauté. Un moment de tendresse éblouissante. » Gérald Rossi, l'Humanité
« On applaudit sa performance de livrer sa vie blessée avec délicatesse. Moment bouleversant. » Valentine Rousseau, Le Parisien
« Pauline Bureau (...) illustre fort joliment le récit de Céline Milliat Baumgartner avec ce qui peut sembler trois bouts de ficelle : un carton plein de souvenirs, des films super 8, ces objets si simples et pourtant si évocateurs pour tous. (...) Sur ce sujet pourtant particulièrement sensible (...), Céline Milliat Baumgartner réussit à ne jamais faire appel au pathos. « Les Bijoux de pacotille » est une broderie délicate autour d’un thème tragique » Audrey Santacroce, Io gazette
« L'émotion est là, mais elle se tient en lisière, sur une ligne de crête, presque vaporeuse, aérienne. (...) Mais l'émotion est tenue, retenue et domestiquée par les mots, par les pas, par les gestes, par la grâce de l'actrice. (...) la scène fait le lit d'un certain humour à travers des infra-saynètes aussi furtives que magnifiques. Enfin, ce n'est pas un détail, c'est ténu mais essentiel : tout concourt à donner à ce spectacle une densité dont la présence de l'actrice est l'émanation. » Jean-Pierre Thibaudat, Médiapart, 14 novembre 2017
« J’écris Les Bijoux de pacotille pendant l’été 2013, pressée par la nécessité de poser des mots sur mon enfance, et d’en faire ma propre histoire.
Cette histoire retrace l’accident mortel de mes parents, qui vient bousculer le bon déroulé de ma vie d’enfant, et qui fait naître chez moi des trous noirs, des absences, des incertitudes. Cette histoire est un exercice de souvenir. Ou de deuil. En écrivant, je plonge dans ma mémoire, et tout le champ lexical de la nage y passe : submergée par le flot du passé, je brasse à contre-courant de l’oubli, les longues apnées abyssales font place à des éclairs lumineux, parfois je flotte, parfois je coule, souvent je rame. L’écriture s’avère physique, elle envahit mes jours et mes nuits, elle comble un manque, elle m’ennivre. Ce livre devient un inventairede souvenirs : ceux qui restent, ceux qui ont disparu, ceux qui n’ont jamais existé, et tous ceux que j’invente. Ce livre est mon album photo fantasmé. Ma pensée magique. Celle qui me conforte dans l’idée qu’il vaut mieux vivre dans l’erreur que dans l’incertitude.
Le livre est publié en février 2015 aux éditions Arléa. Mes mots et mes morts, mes fantômes, sont ainsi rangés dans cet objet, ils ont trouvé une place et n’envahissent plus ma vie n’importe quand, n’importe comment. C’est bien. C’est plus confortable. Après la parution, je suis invitée à lire des extraits du livre, de façon informelle, dans une librairie, dans un café, même dans un appartement, et aussi de façon plus traditionnelle et qui m’est plus familière, sur une scène de théâtre, à la Maison de la Poésie. Je lis à voix haute ce concentré d’intimité, tout en craignant l’impudeur et l’indécence du dévoilement alors que l’écriture impose une distance dans ma voix, une distance joyeuse et évidente, que le corps se souvient de la traversée de ces mots : comme l’avait été l’écriture du livre, la lecture devient physique. C’est alors le théâtre qui s’invite et c’est presqu’une délivrance. Ce n’est plus seulement ma petite histoire que je livre, je comprends qu’en faisant de mes morts des personnages, qu’en leur donnant voix, j’ouvre la porte de l’enfance, de toutes les enfances. À voix haute, je m’interroge sur le chemin qui y mène. Je m’interroge sur ce mécanisme essentiel : comment chacun s’arrange avec ses souvenirs, comment chacun modèle sa mémoire et fait de ses fantômes le terreau rêvé de sa vie d’adulte.
C’est pourquoi, forte de cette interrogation, j’ai travaillé sur une adaptation de ce livre pour en faire un spectacle. J’ai invité Pauline Bureau à venir voir ce début de travail. Parce que j’aime infiniment dans ses spectacles le regard qu’elle porte sur l’intime, parce que j’aime sa façon sensible et délicate, incisive, de jouer du faux et pointer le vrai pour raconter des histoires authentiques, fortes, universelles. Et parce qu’il y a les fantômes de l’enfance dans le théâtre de Pauline. Elle a accepté de m’accompagner dans cette aventure, et de la raconter avec moi. Sans doute y aura-t-il un peu de magie aussi, de la vraie magie faite par un vrai magicien, Benoît Dattez. Et ensemble, nous rêverons à cette invention de l’esprit qu’est l’enfance. » Céline Milliat Baumgartner, Janvier 2016
« En 2001, au studio de l’Ermitage, j’assiste à une représentation de L’Homosexuel ou la difficulté d’exister. C’est un spectacle de Jean-Michel Rabeux. Sur scène, je me souviens qu’il y a Michel Fau, Claude Degliame et Céline Milliat Baumgartner. Elle a mon âge et je la trouve incroyable sur scène. Très libre. Très singulière. Des années plus tard, on travaille ensemble, sa présence si particulière me touche à chaque scène. Quand il sort, je lis son livre. Je sors bouleversée de la traversée de cette histoire. J’aime ce qu’elle met en jeu et comment elle raconte son enfance à la lumière de la femme qu’elle est devenue. Elle parle exactement de ce qui m’interroge. Qui devient-on et d’où venons-nous. Quels silences nous ont fondés et comment dire pour respirer, avancer, vivre. Je me dis tout de suite : ça ferait un beau spectacle. Un jour, nous sommes en tournée ensemble pour Sirènes, j’apprends qu’elle y a pensé, qu’elle commence à y travailler. Elle me propose de venir voir ses répétitions au Théâtre de la Bastille. Je suis heureuse de l’accompagner dans ce projet et qu’on cherche ensemble comment faire du théâtre avec ça. Il y aura Céline, seule en scène. Un bout du lac des cygnes et des films en super 8. Ce qui fait une enfance et ce qui la défait. Et le long chemin qu’il faut faire parfois pour regarder en face l’enfant qu’on a été. » Pauline Bureau, Novembre 2017
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