Les caprices de Marianne/Il faut qu'une porte soit ouvert ou fermée

du 27 avril au 20 mai 2001

Les caprices de Marianne/Il faut qu'une porte soit ouvert ou fermée

CLASSIQUE Terminé

" La mise à nu d’une impossible fusion entre l’homme et la femme, le drame de deux étrangers qui se cherchent sans jamais se rejoindre, voilà le vrai projet de Musset. " Philip Boulay

Un marathon de la possession

La mise à nu d'une impossible fusion entre l'homme et la femme, le drame de deux étrangers qui se cherchent sans jamais se rejoindre, voilà le vrai projet de Musset. Une histoire érotique qui dévoile le désarroi des âmes et qui se donne comme une " représentation " d'un conflit avec la loi prohibitrice qui entrave le désir, celle de l'ordre bourgeois.

Il faut le prendre comme un document

Les Caprices de Marianne et Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée sont une sorte de marathon de la possession où l'homme et la femme jouent des rôles. Figures romantiques - entre décadence et ascèse -, dans un théâtre de langage, où la sensualité est le carrefour des pulsions désirantes, avec la mort toujours en creux. Ici, Coelio, Octave, Marianne, et même le Comte ou la Marquise traquent les compromis, les mensonges, " la légion des monstres " qui peuple le grand bal des apparences humaines.

Dans ces deux pièces, l'action dramatique passe par la maîtrise du langage : qui des interlocuteurs aura le dernier mot ? Pour quoi faire ? A quel prix ? La parole recherche ce qui peut garantir sa véracité et assurer sa transparence. Les ornements, les virtuosités, les roueries de la dialectique cèdent le pas aux formes les plus nues du langage humain, celles qui épuisent l'être tout entier dans l'instant même de leur dépossession : le cri - de joie, de douleur - et la prière.

Les corps les mieux emboîtés ne résolvent pas l'énigme d'un si rudimentaire déchirement : savoir toute la plénitude sans jamais l'atteindre. Pourquoi l'amour ne s'éprouve-t-il que dans la violence de la perte ? Comment ne pas écrire quand seule l'écriture peut recevoir ce qu'aucun cœur ne peut accueillir ?

L'œuvre est sifflée. Le jeune Alfred, maladroit, insoumis, se retire dans son fauteuil, boit, va au bordel. Naïveté, solitude. Le public de théâtre est une " ménagerie ", plus de soumission aux exigences de la représentation, plus de souci de plaire ou de suivre la mode. Il écrit. " Salut jeunes champions d'une cause un peu vieille / Classiques bien rasés, à la face vermeille / Romantiques barbus aux visages blêmis !... " De celui qui l'a fait devenir son compagnon de débauche, Sainte-Beuve écrit : " Une connaissance prématurée de la passion humaine, une joute furieuse avec elle, comme d'un nerveux écuyer cramponné à force de jarret et d'ongles, au dos d'une cavalcade fumante ".

La rencontre finale d'Octave et de Marianne a pour cadre un cimetière. Devant l'urne d'albâtre de Coelio, Octave fait ses adieux à la vie ; il meurt à l'amitié, à l'amour et à " la vie libre et joueuse au bord du Vésuve ". Marianne, elle, découvre le deuil de l'amour en même temps que sa naissance. La comédie amère s'élève au rang d'une violente méditation métaphysique. Les masques tombent, derrière eux se sont dressées les sinistres silhouettes des justiciers ou des bourreaux. Mais dans le même temps, l'identité personnelle peut advenir, le sujet peut se structurer. Le caprice, comme voie royale vers la vérité ? Le carnaval comme principe de transgression et de régénaration d'une société en proie à l'usure ?

Philip Boulay

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Spectacle terminé depuis le dimanche 20 mai 2001

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