Simon Falguières propose une œuvre intime et singulière autour du deuil, du temps et du langage. La mise en scène est ingénieuse, les comédiens formidables, l'écriture d'une justesse poétique rare. Entre songe et réalité, ce spectacle mélange les genres avec subtilité et brio.
Ezra est un jeune poète, il vit avec ses parents et son oncle Jean dans une maisonnette de crépi, dans un petit village où toutes les maisons sont les mêmes. L’oncle Jean, c’est aussi l’idiot du village, il peint des figures de bois qu’il nomme « Madame le soleil » ou « Monsieur la mer » ou « Madame la guerre » ou « Madame la poésie ».
Un jour, la mère d’Ezra meurt. Toute la famille prépare les funérailles, l’oncle Jean construit le cercueil, le père jardinier arrange les fleurs, mais il revient à Ezra d’écrire l’éloge funèbre. Le jour venu, le jeune poète perd ses mots et l’oraison funèbre devient un grand silence. Dévasté par le chagrin, Ezra s’enferme dans sa chambre. Sarah, une voisine qui aime Ezra, lui offre un oiseau noir. L’oiseau ne chante pas le jour, ne chante pas quand la nuit est noire. L’oiseau ne chante que sous le ciel étoilé. Ezra décide qu’il est temps de quitter ses proches et part dans la nuit du monde.
Et c’est là que tout commence. La nuit venue, il s’élance sous le ciel étoilé à la recherche des mots perdus. Vingt-cinq années vont alors s’écouler. Un voyage onirique et poétique à bord d’un lit-radeau, une odyssée immobile et métaphysique dans laquelle 6 acteurs jouent 13 personnages. Une pièce baroque, une véritable chambre d’échos. Tout résonne dans une ronde effrénée. Les boucles temporelles s’entrechoquent entre le monde matériel de la chambre et celui du monde imaginaire du jeune poète. Sur son chemin, Ezra croisera de mystérieuses figures comme Kowagountata Papo ou le roi et la reine des contes, mais peut-être aussi au bout le sens de sa vie.
« Le jeune metteur en scène offre au spectateur un moment d'évasion où les mytes et les contes viennent enjoliver le quotidien, un espace de réflexion où tout est possible. » L'oeil d'Olivier
« Soutenus par une mise en scène qui ne manque pas d'ampleur et d'invention, les acteurs forment une troupe qui déploie autant d'énergie folle que d'émotions tendres pour restituer un univers particulièrement riche et aventureux. » Sceneweb
« Cette pièce scintillante, accessible et exaltée, même les genres avec subtilité. C'est du théâtre, c'est un conte bien sûr et c'est aussi un peu du cinéma à travers un clin d'oeil à Bergman. » Transfuge
« La pièce, superbement mise en scène, est un véritable moment d'évasion portée par des comédiens formidables dans leurs multiples rôles. » Toute la culture
« Un spectacle intime et merveilleux, où l’enfance d’un héros croise la mort de sa mère et la rencontre avec des fantômes mythiques qui vont l’aider à retrouver le langage. John Arnold et Agnès Sourdillon sont quelques-uns des formidables comédiens de ce spectacle puissant et beau. » Artistikrezo
Les Étoiles est une pièce sur la diffraction du temps. Face à la mort de Zocha, les temporalités se démultiplient, se choquent, se rencontrent. L’enfant Ezra croise l’adulte Ezra qui croise Zocha, sa mère, quand elle était une enfant. Le père vieillard croise la femme qu’il a aimée quand elle était jeune et belle. L’amante d’Ezra, Sarah, prend le visage de Zocha etc. Ce magma, ce mélange du temps, des situations intimes et des situations rêvées, permet à Ezra de retrouver le fil originel, de retrouver le sens de sa vie.
Nous ressentons aussi parfois cette sensation intime, proche du songe : marcher au bord de la nuit, accompagné par notre double enfant – partir en voyage vers le masque de notre vieillesse – reconnaître dans une jeune femme, la femme aimée et disparue. La pièce est peuplée d’hommes, de femmes et de figures. D’une scène à l’autre, nous passons d’un univers tchekhovien, épuré et simple, à la maison de l’oncle juif dans Fanny et Alexandre de Bergman. Un monde fourmillant et merveilleux. Un grenier, endroit d’une théâtralité archaïque faite d’objets magiques.
Dans cet univers, l’oncle Jean qui peint des figures de bois dans une forme d’art brut en est le premier magicien. Ce sont ses figures de gouache et de charbon qui accompagneront notre héros dans son voyage jusqu’aux étoiles. L’enfant Ezra lui aussi fait des marionnettes, confectionnées en bave et en papier. Des dieux mythologiques inventés qui prennent corps pour accompagner leur créateur dans ce voyage à la recherche des mots.
Ce monde de prosopopées graphiques a été notre première ligne de travail pour penser l’espace. Un plateau nu, fourmillant d’accessoires, d’objets où les acteurs viennent créer avec peu de choses le miracle de l’illusion. Les six acteurs, manipulateurs, danseurs, artisans interprètent une quinzaine de personnages, font apparaître les lieux dans une ronde effrénée où chaque détail nous rappelle au tout de la fable.
Les Étoiles est aussi une pièce sur l’acte de création. Face à la douleur du deuil, Ezra s’enferme pour vivre une vie poétique et passe à côté de la vie pratique. Sans qu’il le sache, de l’autre côté du mur de sa chambre, le temps avance, son enfant naît, son père vieillit, son oncle découvre l’amour. Tous ses proches toucheront aux bonheurs simples de la vie matérielle tandis que lui traversera les épreuves des affres poétiques. Quand il sort de sa chambre à la fin de la pièce, vingt-cinq ans sont passés. Il a 52 ans. Il a vécu une aventure de l’esprit mais sans goûter au véritable bonheur. Sa vie aura été étrangère au reste de la société des hommes.
Simon Falguières
Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.