Nomination Molière 2011 dans la catégorie meilleure compagnie.
Philaminte, Armande et Bélise, trois femmes dupées par un faux penseur, sèment une belle pagaille dans la maisonnée. L’ordre bourgeois est bousculé, les amours contrariées, le réel dénigré. Assoiffées de connaissances, elles en viennent à perdre la raison. La grammaire est élevée au rang de principe vital, en dépit du bon sens, envers et contre tout, au risque de détruire unité familiale et relation amoureuse. La comédie ressemble à un conte, mais comme toujours dans les comédies de Molière, la satire est puissante et le rire est le moteur de la fable...
Après le succès des Affaires sont les affaires d’Octave Mirbeau, la saison dernière à la Comédie-Française, Marc Paquien poursuit son exploration du répertoire français avec l’une des plus grandes pièces de Molière.
Au-delà du mensonge que ces femmes professent et de la pédanterie qu’elles affichent, elles nous montrent que le désir de savoir peut mener à la bêtise. Au XVIIe siècle apparaît la question de l’émancipation de la femme et la figure de l’intellectuelle. La femme philosophe, la femme astronome, la femme chimiste provoquent l’incompréhension, le soupçon, la moquerie. Si les hommes savants sont ennuyeux, les femmes savantes sont risibles. Et ce sont elles que Molière choisit de mettre en scène. Pièce féministe ? Pièce réactionnaire ? La comédie acerbe de Molière suscite à la fois méfiance et engouement et elle n’a aujourd’hui rien perdu de sa virulence. Marc Paquien dirige une palette d’acteurs qui jouent avec truculence ces dialogues savoureux, hilarants et intemporels.
Le spectacle s’amuse de ces femmes à la fois touchantes, insupportables et attachantes. Il dessine en filigrane la lutte contre l’obscurantisme, la défense de la pensée et de la femme émancipée, libérée des jougs et des domaines dans lesquels on souhaite toujours la restreindre.
Une maison qui devient folle. L’ordre bourgeois mis sans dessus dessous. L’amour de deux jeunes gens contrarié. La grammaire élevée au rang de principe vital par Philaminte, Armande et Bélise, trois femmes dupées par un faux penseur, comme d’autres l’ont été par un faux dévot.
Assoiffées de connaissances, elles prennent un pouvoir absolu sur leur maison et perdent, par là même, la raison. Cette pièce de Molière est une comédie virulente, acerbe, contemporaine. Elle fustige bien sûr le mensonge et la pédanterie, mais nous parle aussi du désir absolu de savoir, qui peut mener jusqu’à la folie.
Le XVIIe siècle fait apparaître la question de l’émancipation de la femme et la figure de l’intellectuelle. Leurs lointaines descendantes, au XXIe siècle, ont souvent encore bien du mal à faire valoir toutes leurs qualités. Qui donc a le droit d’exercer le pouvoir ? Et pour quelles raisons un pouvoir – s’il ne s’inscrit pas dans l’ordre établi – devient-il autoritaire, risible, en un mot illégitime ? Jamais ces questions ne furent plus brûlantes qu’aujourd’hui.
Marc Paquien
16, place Stalingrad 92150 Suresnes
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