Les Pavés de l’Ours
Lucien veut rompre avec Dora, sa « bonne amie », pour épouser la riche fille de Madame de Prévallon, sa marraine. En outre, écoeuré par la filouterie des domestiques parisiens, il fait venir de la campagne un valet, Bretel, « âme simple » et pure originaire de Belgique. Mais ce « diamant brut » sera plus dur à styler que prévu.
Feu la mère de Madame
Lucien rentre au domicile conjugal tard dans la nuit, passablement éméché après sa soirée au Bal des Quat’zarts, déguisé en Louis XIV. Yvonne, son épouse, l’accable de reproches. Alors que la dispute semble arrivée à son terme et conduire ses protagonistes au sommeil, la sonnerie retentit. « À cette heure-ci, ce ne peut être une visite ». Arrive alors Joseph, le nouveau valet de chambre de la mère de Madame, porteur d’une nouvelle terrifiante...
Très attachée au registre comique, la troupe s’inscrit dans une démarche d’appropriation du texte. Cela nous amène à nourrir la matière de toutes nos références et inspirations autour des thématiques.
En pédagogie, l’expression « trouver son clown » est souvent employée pour définir le travail nécessaire à découvrir puis affirmer ses réactions propres et son regard sur le monde. Nous avons donc décidé de « trouver notre Feydeau », c’est-à-dire référencer les oeuvres de notre génération (peu importe le support) qui servent de clefs pour pénétrer un imaginaire. C’est donc un chemin de nous vers Feydeau : en 2014, comment rêve-t-on la période 1900 ?
Pour exemple, dans Les Pavés de l’Ours, le domestique Bretel engagé par Lucien pour « son âme simple », n’est pas sans rappeler les François Pignon de Francis Veber et notamment celui du film du Dîner de cons.
Au plateau, il est bien plus moteur pour nous d’évoquer ce film afin d’établir un rapport authentique que de plaquer sur la scène un principe de servitude que nous n’avons jamais connu.
Un autre sillon que la troupe aime creuser : la dramaturgie. À travers un texte, quelle histoire souhaitons-nous raconter ? En effet, il est bien plus stimulant pour les comédiens d’ajouter leurs idées aux éléments qui, dans une histoire, lient les événements entre eux que de laisser cela au seul privilège de leurs auteurs.
Autre exemple, les protagonistes dans Les Pavés de l’Ours et Feu la mère de madame s’appellent tous deux Lucien. Les deux pièces ont été écrites à douze ans d’intervalle et Feydeau avouait lui-même avoir truffé ces pièces d’expériences personnelles. Nous y avons vu tout de suite une belle opportunité : faire de ces deux Lucien un seul et même personnage qui serait l’image de Feydeau, et dont les déboires dans la première histoire résonneraient dans la deuxième. Une façon pour nous de donner à voir l’évolution (ou la stagnation)
d’un homme à travers deux épisodes de sa vie.
C’est donc cela que nous entendons en parlant d’appropriation du texte : trouver nos propres bases aux conflits exposés. Dans une époque où le servage a disparu, où le divorce est une institution plus qu’établie : comment trouver l’analogie du rapport entre un maître et son valet ? Comment rendre crédible un couple que tout oppose mais qui ne peut se séparer ? Et enfin, comment rester authentiques en racontant une histoire dont nous ne sommes pas les inventeurs ?
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