Les Précieuses Ridicules : au travers du refus de deux précieuses à donner suite à leur mariage, deux prétendants éconduits transforment leurs valets en marquis à la mode afin de se venger de leurs promises. Une charge satyrique très actuelle sur le paraître et les clivages de classes.
Monsieur de Pourceaugnac, provincial limousin, débarque à Paris dans le cadre d’un mariage arrangé que l’entourage de la promise, par des jeux multiples de faux-semblants, va s’employer à défaire.
Les deux précieuses, dans une admiration naïve devant des valets costumés en seigneurs philosophes, permettent à Molière de dénoncer de façon comique la fatuité, le snobisme, l’affectation des salons de l'époque pour le paraître, le beau langage, le savoir mondain.
La mise en scène met en perspective la dimension satirique de la pièce, au travers de la relation dominant-dominé des personnages, de leurs modifications d’identité, de leur quête à changer de milieu social ; et à brouiller, à montrer la fragilité de la ligne de partage entre le vrai et le faux, le rêve et la réalité.
Monsieur de Pourceaugnac traite des faux-semblants, des miroirs déformants, des machinations qui, dans un lent travail de déconstruction mené par des experts, les « illustres », peuvent amener au déni progressif de soi, à la torpeur puis au silence devant un monde devenu fou.
Ici, la fable est perverse. Les règles habituelles de la comédie ne sont pas respectées. Bons et méchants sont mélangés. Pourceaugnac doit répondre de tous les chefs d’accusation : polygamie, travestissement, concupiscence, banqueroute.
La pièce est traitée, ici, davantage en tragi-comédie. Pourceaugnac, au centre d’une mise à mort outrancière, passe progressivement du statut du naïf et lourdeau provincial à celui de l’honnête homme. Le seul personnage s’avérant posséder une véritable humanité.
Jacques Drivet
8, rue de Nesle 75006 Paris