Lucile et Damis sont promis l’un à l’autre et tous deux manifestent une ferme réticence à l’engagement du mariage. Jusqu’au jour où ils se rencontrent et où le charme opère… Et les voici pris au piège de leurs engagements mutuels d'empêcher un mariage qu’ils redoutaient mais qu’ils désirent ardemment depuis la première fois qu’ils se sont vus.
Chacun sent le bouleversement intime que l’autre a provoqué, mais aucun des deux ne veut l’avouer en premier. Ils ne peuvent le cacher. Ils ne veulent pas le dire. La parole ne peut être reprise, elle enferme dans son cercle magique les cœurs prisonniers. Il leur faudra bien cinq actes pour passer du « non, je ne veux pas aimer » au « oui, je vous aime ». Un tel aveu n’est possible qu’assuré de l’amour de l’autre.
Les Serments indiscrets font partie de cette série de pièces qu’on appelle les surprises de l’amour. Pour Marivaux, l’amour arrive d’un coup, par hasard, en un instant. Il arrache l’être à lui-même, le plonge dans une épreuve qui l’amènera, par delà la découverte de l’autre, à une connaissance de soi.
On le sait, tout chez Marivaux se passe dans le cœur. Le cœur, organe et instrument de connaissance… Cette comédie l’illustre bien qui décrit une intrigue où la seule réalité est celle du sentiment. Variation sur les affinités électives, elle s’interprète comme une chorégraphie dont la musique serait l’écriture de Marivaux. Cérébrale, certes, elle exprime la beauté d’un combat spirituel mais surtout elle fait émerger de la conscience le trouble, le plaisir et la peur de l’amour.
Et le rire fuse car, derrière la virtuosité de cette langue, il y a l’ironie tendre d’un regard.
Anne-Marie Lazarini
Distribution en alternance.
Marivaux confia ses Serments indiscrets aux Comédiens-Français en mars 1731, après avoir consacré presque un an à leur écriture. Parmi les pièces que l’auteur a dédiées au thème de la surprise de l’amour, elle est sans doute celle où son exploration est la plus accomplie, où les figures sont les plus complexes. Elle est par ailleurs la seule comédie en cinq actes qu’il ait fait jouer. Si ces particularités en ont fait l’une de ses œuvres préférées, elles ont aussi donné des arguments aux organisateurs de la cabale dont Marivaux a été la victime.
Une pièce presque intemporelle tant elle semble s’affranchir du contexte où elle est née : un siècle où souffle certes un vent de liberté qui permettra aux personnages de prétendre à cette indépendance, mais où paradoxalement ce théâtre, presque visionnaire, ne trouvera pas sa juste place, qualifié à cette époque de métaphysique par ses détracteurs…
Aujourd’hui elle offre d’étranges résonances et se joue dans un espace où la mémoire est invisible et où les cœurs et les esprits présents peuvent s’incarner.
« La langue de Marivaux est aussi belle que précise et vibrante, les jeux amoureux qu’il y décline, toujours un ravissement. » Dimitri Denorme, Pariscope
« Finement ciselée, la pièce explore avec délicatesse et acuité la naissance des élans du coeur, comme les nuances subtiles des joutes amoureuses et la complexité des sentiments. Un régal pour l’esprit. Avec rigueur et intelligence, Anne-Marie Lazarini a éliminé les artifices pour livrer, dans une tonalité légèrement ironique, les enjeux de ces Serments en les portant vers une résonance intemporelle. » Jean Chollet, Webthea
« Une merveille d’intelligence et de sensibilité. » Agnès Santi, La Terrasse
« Ces Serments indiscrets sont un texte sublime de finesse et d’intelligence. L’auteur y dissèque avec une tendresse lucide tout ce qui tient de l’aveuglement volontaire de l’amour. Une lecture et une mise en scène subtile de la pièce entre légèreté et obscurité. » Annick Drogou, Spectacles Sélection
« Le seul fait d’exposer l’intrigue est facteur de plaisir. Il en est également à prendre au vu d’une réalisation axée sur l’acuité d’esprit, exposée en toute finesse dans le décor de François Cabanat. » Jean-Pierre Léonardini, L’humanité
« Ces Serments indiscrets sont fluides et étourdissants. La langue scintille, le rythme est vif, les retournements incessants. Les costumes romantiques sont harmonieux (Dominique Bourde), le décor est abstrait (François Cabanat), les comédiens très bien dirigés par Anne-Marie Lazarini. C’est intelligent et sensible. Une soirée délicieuse qui divertit et enchante profondément. » Armelle Héliot, Le Figaroscope
« Anne-Marie Lazarini a rendu cette aventure du langage amoureux passionnante. Un spectacle fin et délicat, plein d’intelligence. Julie Pouillon et Arnaud Simon, en costumes romantiques, sont superbes de fragilité inquiète et d’angoisses intimes. Un beau travail sur le pouvoir du coeur et son indicible langage. » Fabienne Pascaud, Télérama
« Une savoureuse plongée à travers les sinuosités et les virevoltements des sentiments amoureux. Anne-Marie Lazarini investit le texte avec élégance et délicatesse et signe une représentation impressionniste qui, par petites touches, privilégie la rondeur de la courbe. » Manuel Piolat Soleymat, La Terrasse
« Les comédiens jouent une inattendue et troublante partie de cache-cache avec soi-même : “les promis”, mélange délicat de maturité et de juvénilité fragile et Isabelle Mentré étonnante de modernité. » Didier Méreuze, La Croix
« La mise en scène est élégante et rassemble des comédiens inspirés et habités. Isabelle Mentré compose un personnage de soeur émouvant et subtil. Les domestiques Frédérique Lazarini et Cédric Colas occupent une place éminente dans l’échiquier du jeu. Dimitri Radochévitch et Jacques Bondoux, pères de comédie justes et aveugles comme il se doit. Un spectacle de belle tenue qui tient ses promesses. » Christian-Luc Morel, Froggys Delight
« Cette pièce de Marivaux ne manque pas de sel. Le spectacle est une jolie surprise interprétée par une bonne troupe bien costumée. » Laurence Liban, L’Express
« Une pièce qui fond lentement comme un bonbon dans la bouche. » Jack Dion, Marianne
« Entre idéalisme individualiste et préciosité rhétorique, nous retrouvons, le temps d’une soirée et grâce à la discrétion des choix scéniques, les mots de Marivaux dans toute leur intemporelle légèreté. » Un Fauteuil pour l’orchestre
45 rue Richard Lenoir 75011 Paris