Les trois soeurs

du 3 au 7 novembre 2004

Les trois soeurs

  • De : Anton Tchekhov
  • Mise en scène : Piotr Fomenko
  • Avec : Ludmila Arinina, Karen Badalov, Madeleine Djabraïlova, Andrei Kazeakov, Ksénia Koutépova, Polina Koutépova, Oleg Lubimov, Igor Ovtchinnikov, Kirill Pirogov, Taguir Rahimov, Youri Stépanov, Galina Tunina, Sergueï Yakoubenko, Roustem Youskaev
Spectacle en russe surtitré en français, monté par une légende de la scène internationale, Piotr Fomenko. Macha, Olga et Irina rêvent d’un grand départ pour Moscou. Elles tentent d’organiser le mortel ennui, maître absolu du village de garnison où elles demeurent. À l’aube du XXe siècle, Tchekhov dépeint trois âges, trois tempéraments féminins, et avec eux la nécessité des bouleversements à venir. Il observe le désenchantement du siècle, parcourt l’étendue des désillusions qui lui sont contemporaines.

Spectacle en russe surtitré en français.

Fin d’un monde sous le regard du maître Fomenko
C’était notre meilleur spectacle

A propos de Tchekhov et des Trois Sœurs
Résumé

Figure tutélaire du théâtre russe, légende de la scène internationale, Piotr Fomenko fouille depuis près d’un demi-siècle tous les renfoncements de « l’endroit de la folie sacrée » : le plateau. Il a dirigé plus d’une soixantaine de spectacles dans les grandes salles de Moscou, de Saint-Pétersbourg et de beaucoup d’autres villes de l’ex-URSS. En 1993, il fondait l’Atelier qui porte son nom avec ses anciens élèves du GITIS, première école moscovite. Il dirige à présent ses acteurs, nommés les Fomenki.

Exigeant, sceptique de conviction, il vit et travaille sous les lumières des classiques russes. Quêtant partout « la vérité des passions intérieures, qui est la vérité du théâtre », Piotr Fomenko a fait des mises en scène en Pologne, en Autriche, en France, au Conservatoire d’Art Dramatique (La Dame de pique et Le Convive de pierre de Pouchkine) et à la Comédie Française (La Forêt d’Ostrovski). Les meilleurs spectacles du théâtre-atelier Piotr Fomenko - comme Loups et Brebis d’Ostrovski, La Noce de Tchekhov, Guerre et Paix d’après Tolstoi, Les Nuits égyptiennes d’après Pouchkine et Brussov - ont été présentés en France et dans le monde entier.

Pédagogue et cinéaste, Piotr Fomenko et une quinzaine de ses acteurs empoignent la langueur des trois sœurs Prozorov. Macha, Olga et Irina rêvent d’un grand départ pour Moscou. Elles tentent d’organiser le mortel ennui, maître absolu du village de garnison où elles demeurent.

À l’aube du XXe siècle, pour le fameux Théâtre d’Art de Moscou, Tchekhov dépeint trois âges, trois tempéraments féminins, et avec eux la nécessité des bouleversements à venir. En 1901, au faîte de sa gloire, croyant composer une comédie de mœurs légère, il observe le désenchantement du siècle, parcourt l’étendue des désillusions qui lui sont contemporaines. L’énergie misée dans l’avenir d’un monde à réinventer est la seule rédemption.

Pierre Notte

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… se souvient V. I. Némirovitch-Dantchenko, près de 40 ans après la première représentation des Trois sœurs. Les Trois sœurs est la première pièce de Tchekhov écrite spécialement pour le Théâtre Khoudozgestvenni (MKhT) suite aux succès des mises en scène de La Mouette et d’Oncle Vania sur le plateau du MKhT.

Tchekhov confie pour la première fois son intention à Némirovitch-Dantchenko au mois de février 1898. Deux ans plus tard, en octobre 1900, la pièce était déjà prête. Cependant, Tchekhov doute de son intérêt et la qualifie d’« ennuyeuse sottise de Crimée ». Redoutant que tout se passe de manière « vague et fade », Tchekhov continue à ajouter des modifications à la première version du manuscrit en adaptant la pièce aux capacités artistiques de chacun des comédiens. Durant le mois de janvier 1901, le dramaturge envoie presque chaque jour des éclaircissements, des conseils et des instructions aux acteurs et au directeur, répond à leurs questions. Le 31 janvier 1901 la première des Trois sœurs a eu lieu sur scène du MKhT.

« Les Trois sœurs passent miraculeusement bien. C’est une musique, et non un jeu » s’émerveille après le spectacle Maxime Gorki, l’écrivain et auteur dramatique.

« Le jour de l’ange, Mardi gras, un incendie, le départ, le four, une lampe, un piano, du thé, un gâteau, ivrognerie, crépuscule, nuit, le salon, la salle à manger, la chambre des filles, hiver, automne, printemps… », un très simple moment de vie qui provoque le sentiment de quelque chose de très familier, de connu, une sorte d’affinité entre les personnages et les spectateurs. Même aujourd’hui, 100 ans plus tard, cette pièce demeure contemporaine comme le prouvent les mises en scènes nombreuses des Trois sœurs qui ont été faites en Russie et dans le monde entier.

Les acteurs du théâtre-atelier Fomenko ont travaillé sur l’œuvre de Tchekhov uniquement au cours de leurs années universitaires. Ainsi, en 1996 avec les étudiants de RATI (L’Institut académique de théâtre de la Russie), Fomenko met en scène le Mariage de Tchekhov. En 1998 ce spectacle est programmé au Festival d’Automne de Paris, mais n’est pas entré dans le répertoire du Théâtre-Atelier.

Les premières répétitions des Trois sœurs ont commencé en mai 2003, mais l’idée de ce spectacle existe depuis longtemps. Peut être, est-elle née lors d’un examen universitaire où un extrait du deuxième acte des Trois sœurs fut présenté. Il n’a alors pas le destin des légendaires Loups et brebis. Cet essai n’a en effet pas abouti à la création d’un spectacle, mais c’est bien l’origine du travail présent.

En mars 2004, les répétitions publiques du spectacle Les Trois sœurs ont eu lieu au Havre. Malgré l’accueil très chaleureux auprès des spectateurs et des avis favorables de la critique française, Piotr Fomenko, dès son arrivée à Moscou, s’est remis à travailler sur le spectacle dont la première a eu lieu le 13 septembre 2004.

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« Dans l’œuvre de Tchekhov passe un cortège d’esclaves, esclaves de leurs amours, de leur bêtise, de leur paresse ou avidité de bien-être, esclaves d’une peur obscure de la vie, vaguement troublés, remplissant leur existence de discours décousus sur l’avenir, parce qu’ils sentent qu’il n’y a pas de place pour eux dans le présent. Parfois, au cœur de cette masse grise retentit un coup de feu : c’est Ivanov ou Treplev qui a compris ce qu’il avait à faire, mourir.

Certains forment de jolis rêves sur la beauté de la vie dans deux cents ans, mais personne ne se pose cette simple question : qui donc la rendra belle, si nous nous bornons à rêver ? A côté de cette foule grise et ennuyée d’êtres impuissants, est passé un homme grand, intelligent, attentif. Il a jeté un regard sur ces mornes habitants de sa patrie et, déchiré de désespoir, sur un ton de doux mais profond reproche, il a dit avec un triste sourire, d’une belle voix sincère : « Que vous vivez mal, messieurs ! ». »

Maxime Gorki

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Trois demoiselles, trois sœurs, qui d’ailleurs sont charmantes, végètent dans un trou de province. L’aînée, Olga, qui est entrée dans l’enseignement, s’y déplaît et rêve d’en sortir, sans toutefois faire grand-chose pour réaliser ce rêve. La seconde, Macha, déçue par un mariage d’amour, se trouve avoir pris le monde en grippe et s’est réfugiée dans un songe maussade. La cadette enfin, Irina, qui est gaie comme un pinson, brûle de se rendre utile mais laisse son courage s’émousser, car elle ne récolte que déceptions.

Si différentes qu’elles soient entre elles, ces sœurs ont néanmoins une aspiration commune : partir pour Moscou sans esprit de retour. Car ici « l’ennui les étouffe comme l’ivraie étouffe le blé ». Il se trouve que le hasard vient les tirer de leur torpeur : un régiment vient, en effet, s’installer dans la petite ville en question. Du coup, tout change pour les trois sœurs. La fréquentation de quelques officiers leur fait reprendre goût à la vie.

En tout bien tout honneur, d’ailleurs, Olga jure de tout mettre en œuvre pour sortir de son école. Macha s’éprend du commandant de la batterie, et Irina accueille la demande en mariage que lui fait un autre officier. Hélas, cette résurrection sera de courte durée, car le régiment est bientôt contraint de quitter la ville.

Ce retour à la solitude les rendra toutes trois à leur destin : trop faible pour persévérer dans son dessein, Olga reste donc en fonction dans son école. Macha, dont la passion n’était qu’une chimère, se rencogne dans sa maussaderie. Irina elle-même est réduite au silence par la mort de son fiancé. Il n’est même plus question de partir pour Moscou. Elles se résigneront puisqu’il faut se résigner : « La résignation est la vertu du malheur. » Telle est la donnée de ce drame.

Laffont Bompiani, Dictionnaire des œuvres.

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Spectacle terminé depuis le dimanche 7 novembre 2004

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