Lilian Steiner / Annamaria Ajmone / Jule Flierl

Bagnolet (93)
du 29 au 31 mai 2018
2 heures environ

Lilian Steiner / Annamaria Ajmone / Jule Flierl

Lilian Steiner livre une invitation à trouver son propre rythme dans le flux agité de l’existence, à se défaire des forces contradictoires qui nous traversent et s’imposent à nous, jusqu’à parfois nous égarer. Créé dans le cadre d’un projet autour des pratiques d’habitat temporaire, Trigger d'Annamaria Ajmone questionne ainsi la manière qu’on a d’investir un endroit : comment transformer un espace en un lieu, une abstraction en un territoire, vecteur de mouvements et de sensations. Jule Flierl mobilise la danse sonore comme une forme capable d’explorer des zones habitées par des indéterminations émotionnelles, et à rendre audible les limites de certains discours.
  • Lilian Steiner - Noise Quartet Meditation

Deux corps de femme debout et immobiles, silencieuses, droites, bras pendants, yeux fermés. Face à elles, deux hommes dans la même posture, yeux ouverts. Les premières tendent leurs mains vers les seconds qui y déposent deux galets lisses, comme une offrande, un hommage à la nature, aux éléments qui la composent, à leur solidité et leur présence. Les deux danseuses se mettent à tournoyer sur elles-mêmes, dans un mouvement régulier tandis que la musique démarre, interprétée par les deux percussionnistes. Les présences s’installent, denses.

La plupart du temps, les corps des deux danseuses sont en parfaites synchronicité, dans une forme de lenteur sensuelle qui parfois se brise pour laisser chacune épouser son propre rythme lorsque la musique s’intensifie ; lorsque que les corps, guidés par les coups de gong, sont pris de tremblements. Noise Quartet Meditation se présente comme un cérémonial d’une grande simplicité et d’une grande élégance qui, tout en conviant au retour sur soi, n’exclut pas le dialogue avec l’autre.

Lilian Steiner livre ainsi une invitation à trouver son propre rythme dans le flux agité de l’existence, à se défaire des forces contradictoires qui nous traversent et s’imposent à nous, jusqu’à parfois nous égarer. Suivant la leçon d’un samouraï japonais, Suzuki Shōsan qui disait qu’il était bon de pratiquer le zazen lorsque l’on était soumis à de fortes pressions, elle remet le corps et ses sensations au centre pour accéder à un état intensifié de conscience, dans une chorégraphie qui privilégie la douceur et l’écoute, en quête d’un espace habitable.

Chorégraphie, interprétation : Lilian Steiner
Interprètes : Briarna Longville, Atticus Bastow, Jonnine Nokes, Lilian Steiner
Création sonore : Atticus Bastow, Jonnine Nokes
2 danseuses et 2 musiciens, 40 minutes

  • Annamaria Ajmone - Trigger

Un corps de femme au centre du plateau et des spectateurs, debout, habillé de noir, tête baissée. Les bras se dressent à l’horizontal, le visage se relève, le regard est droit et immobile. Au son, des pulsations qui affluent et refluent. Soudain on entend comme une machine, ponctuée des bruits que produit l’effort. Annamaria Ajmone s’élance alors. Sa danse est fluide, rapide ; son corps se déhanche, les articulations se cassent.

Elle ressemble successivement à ces corps du cinéma muet, lancé à une vitesse étrange qui les rendent burlesques et modulables, à une marionnette très bien articulée et enfin à un animal félin et instinctif, arpentant la scène à quatre pattes, fesses en l’air.

Tout au long de son solo, la danseuse chorégraphe passera ainsi d’un état à un autre en épousant la bande sonore, qui travaille de manière très cinématographique les ambiances - la sirène d’un bateau qui part, le rugissement d’un lion, des voix étranges, des oiseaux qui se répondent, des chants tribaux, des insectes, un orage, un poème psalmodié.

Cette matière sonore creuse l’espace et donne à la pièce les dimensions d’un ailleurs, d’une présence autre. Elle induit des sensations spatiales et déclenche des modifications de mouvements. Annamaria Ajmone s’adapte et se transforme, prend possession de l’espace, saute et bondit avec la souplesse d’une liane, jouant avec les spectateurs, confrontés à cette danse qui s’approche d’eux, leur tourne le dos, passe derrière ou se déploie au centre.

Créé dans le cadre d’un projet autour des pratiques d’habitat temporaire, Trigger questionne ainsi la manière qu’on a d’investir un endroit : comment transformer un espace en un lieu, une abstraction en un territoire, vecteur de mouvements et de sensations.

Conception, interprétation : Annamaria Ajmone
Musique : Palm Wine
Solo, 20 minutes

  • Jule Flierl - Störlaut

Avec Störlaut – mot qui littéralement désigne « un son qui dérange » - Jule Flierl a choisi de se confronter à l’œuvre de Valeska Gert qui déclare être la première danseuse, à Berlin, à la fin des années 1920 à utiliser la voix sur les scènes occidentales, au moment où les femmes allemandes obtenaient le droit de vote dans la République de Weimar et où les films devenaient parlants, livrant une autre approche du corps.

Jule Flierl mobilise en effet la danse sonore comme une forme capable d’explorer des zones habitées par des indéterminations émotionnelles, et à rendre audible les limites de certains discours – discours pré-nazis d’hier, fake news et post-vérité d’aujourd’hui.

En se déployant sur plusieurs plateaux, comme autant d’estrades incarnant différents types de représentations – le socle de musée, la scène de concert, le comptoir de bistrot, le podium de discours... - alors que les spectateurs sont invités à circuler, elle offre un espace qui traverse les époques et fait dialoguer le passé et le présent, le mouvement et la voix.

Comme Valeska Gert en son temps, Jule Flierl prend en compte les technologies contemporaines et les changements qu’elles apportent : « Au cœur de mon intérêt pour les danses sonores, il y a la critique d’une fixation contemporaine aux images. Ma voix est une danse du larynx invisible et mon travail est un appel à écouter le monde au lieu de se focaliser sur les images ».

Avec cette pièce aux allures de solo de cabaret dans lequel elle joue différents rôles, la chorégraphe déploie ainsi une réflexion sur la résistance aux flux dominants.

Conception, chorégraphie, interprétation : Jule Flierl
Dramaturgie : Luise Meier
solo, 60 minutes, création

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Spectacle terminé depuis le jeudi 31 mai 2018

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