Véritable collectif de créateurs installé à Gand en Belgique, les ballets C de la B, dont Alain Platel est d’une certaine façon le chef de file, ont révélé depuis deux décennies des talents singuliers à l’instar de Sidi Larbi Cherkaoui, Koen Augustijnen, ou aujourd’hui Lisi Estaras qui depuis une quinzaine d’années collabore avec les ballets C de la B. Danseuse argentine saluée par les observateurs (on a pu la voir dans Wolf ou pitié !), Lisi Estaras surprenait il y a peu le public avec Patchagonia dont elle signait mise en scène et chorégraphie. On la retrouve cette saison avec Primero, chorégraphie sur l’enfance et l’horizon forcément lointain des souvenirs partagés.
Lisi Estaras et cinq interprètes autour d’elle entendent revivre toutes « ces premières fois », ces moments fugaces de nos vies qui laissent leur empreinte. Premiers pas, premières chutes, premières joies et premières peines. Premiers émois aussi ? Et ce spectacle de renvoyer à nos propres souvenirs. Lisi Estaras a convié pour ce primero le compositeur et clarinettiste Yom qui établira un lien entre la tradition musicale klezmer et le souvenir d’une enfance ici exposée.
On connaît le goût des créateurs des ballets C de la B pour le vécu, les petits riens du quotidien souvent magnifiés par la force du théâtre et de la danse. Primero ne devrait pas déroger à cette règle d’or : un art délicat qui parle de nous et des autres. Lisi Estaras peut à son tour faire sienne la philosophie-maison selon laquelle « cette danse s’inscrit dans le monde, et le monde appartient à tous ».
Philippe Noisette
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